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1 Éléments d'Anthropologie du Droit
Avant-propos : Philippe LABURTHE-TOLRA Doyen honoraire à la Sorbonne
Préface :
Norbert ROULAND Membre de l'Institut Universitaire de France

présentation avant-propos préface introduction plan
index analytique références table illustrations
1- Le souverain juge
2- “Pourquoi le sang de la circoncision...”
3- Dessin du dessein
4- “Authentique ! sans papier !”
5- L“Âme du Mil”
6- “Il faut se battre pour la constitution...”
7- Rire et démocratie
8- Sur l’innovation
9- La “culture des analgésiques” et l’individualisme
10- Du “mariage arrangé” à l’“amour-passion”
11- Du mythe au roman, de la Patrie à la Filisterie
12- La chimie du rire
13- Quelques données sur la prohibition de l’inceste
14- Morale et handicap
15- Le juge, de quel droit ?
16- Droit au sol et mythes d'autochtonie
17- Habiter, cohabiter : sur l’exemplarité
18- Le territoire de la langue : les deux natures
19- Enquête sur la forme humaine : 1
20- Enquête sur la forme humaine : 2
21- Enquête sur la forme humaine : 3-21.1
22- Quelques exercices de Travaux Pratiques


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SOMMAIRE

anthropologieenligne.com : unité de l’homme et diversité des cultures



Chapitre 21


La reconnaissance de la forme humaine :
figures de l'altérité, de la morale et du droit
(les "trente glorieuses" et les trente pleureuses)


Plan du dossier :

19.1 Exorde
19.11 "Et ta sœur !" Différence des sexes et territorialité : relevé des grafitti de la Sorbonne, mars 1982
19.2 Variations sur le prochain
19.3 Quand la théorie de la société est la théorie du marché
19.4 Les "30 glorieuses" et les 30 pleureuses
19.5 De Tati à Tati
19.6 Gradations dans l'expression de l'allophobie et dans son aveu
19.7 Territoire, proxémie, proximité : le proche et le lointain
19.8 Appartenance commune
19.9 Guetteurs au créneau
20.1 Othello, ou la tragédie de l'apparence
20.2 Phénotypes et stratification sociale : la naturalisation du droit
21.1
L'empire de la liberté : la techno-structure par l'exemple, neutralisation des fonctions et des genres
21.2 Loi du renouvellement technique et conséquences...
21.3 Hormones et territorialité : la dominance à l'épreuve de la valeur morale de la différence
21.4 L'individu, sentinelle avancée de l'espèce (1) : liaisons
21.5
L'individu, sentinelle avancée de l'espèce (2) : déliaisons
21.6 Logique du vivant, morale du vivant
21.7 Médialangue et culture-jeunesse, distance réfractaire et période réfractaire


IV - 21.1 La techno-structure par l'exemple : neutralisation des fonctions et des genres
("archéologie" et "science-fiction" : morceaux choisis)


L'écriture alimentaire ou comment "papper le lard"
(art de "s'adjuger les bons morceaux par derrière", Emile Littré dans sa Pathologie verbale)

Cette profusion de nouveaux modèles dévolus à la culture du sujet libéral consacre une sorte d’apothéose de la société technicienne. Les « trente pleureuses » signent sans doute un arrêt de ce qui semblait n’avoir pas de fin : le progrès et la consommation. Le rêve des « choses » (Les choses : Une histoire des années soixante, Georges Pérec, Paris : Julliard, 1965), la « grande mer d’abondance », y sont devenus réalité, alors même que les conséquences critiques de la mondialisation et de la désindustrialisation vont commencer à se manifester. La société libérale se donne ainsi à voir, sous la lumière noire de la création littéraire, dans une manière de sombre consécration où, comme dans la vraie vie, le licite cohabite avec l’illicite et l’affiche avec le masque. Sans interdits, mais avec quelque résilience égologique.

Dans Paris-Match du 3 septembre 1982, le biographe d'Henry de Montherlant (1895-1972), auteur présenté comme « l’un des maîtres à penser de la jeunesse française » « entre les deux guerres », « déchire un voile pudique ». L’article (fait d’extraits de Montherlant sans masque, Paris : Robert Laffont, 1982) est introduit par un chapeau qui annonce que l’ouvrage confirme les « aspects les plus scabreux » révélés par les Propos secrets de Roger Peyrefitte et cite « la réflexion cruelle d’Emmanuel Berl : “Il a tout de même beaucoup menti” ». L'image de la femme de ce chantre de l’honneur viril n'a rien à voir avec cette misogynie rituelle qui entretient la différence des sexes. Sa réjection de la forme féminine est rien moins que symbolique. Dans une lettre de 1918 à sa grand-mère, il conclut ainsi (devançant Yvonne de Gombrowicz, 1938) un portrait de l'éternel féminin : « Car tout ce qu'elles touchent, elles le marquent de leur médiocrité, de leur mièvrerie, de leur veulerie, de leur rage de n'attacher d'importance qu'aux choses qui n'en ont aucune, dans le tour d'esprit prétentieux et niais qu'elles ont toutes : on les suit à leur trace comme les vers de terre à leur sillage gluant ». (Dans sa réponse, la grand-mère demande à son petit-fils de lui accorder que « c'est un peu exagéré », mais, recopiant l'exagération, elle en rajoute en mettant au pluriel la trace du gluant sillage féminin). La misogynie honorable – sous prétexte d'honneur – qui a fait le succès de l'écriture de Montherlant, le masque romain de la grandeur couvrent, en réalité, d'autres valeurs. Mais il faut bien vivre. Misogyne officiel et pédéraste papelard – né avant le siècle – Montherlant doit composer avec son public... de femmes (?) : « Mon Cher, vous ne le savez peut-être pas, on est lu surtout par des femmes. Si elles savaient que je suis pédéraste, elles ne me liraient plus, et j'en serais réduit à balayer les rues » (rapporté par Roger Peyrefitte dans un outing de ses Propos secrets, Paris : Albin Michel, 1977, p. 60). Quoi de plus daté que cette dissimulation ? « Pire, écrit Pierre Sipriot, auteur de l’ouvrage cité, dans plusieurs de ses textes, il s’est défendu comme d’une calomnie de ce qui était sa vie même. »

"C'est un roman, rien qu'une histoire fictive. Littré le dit, qui ne se trompe jamais." (L. F. Céline)

Le moderne ne trouvera rien à redire aux préférences (ou aux paralipses) d'un auteur puisque celles-ci sont au principe de son art. Convaincu que chacun vit sa vie en vertu d'une nécessité qui ne doit rien à ce qui se passe hors de lui ; que la littérature traduit un état de fait qu'elle ne saurait ni produire ni induire. La vérité d'un roman tient dans la capacité de l'auteur à faire partager sa fiction. Et cette "histoire feinte" où l'on cherche à "exciter l'intérêt par la peinture des mœurs" (Littré) ne prend qu'à la condition qu'on veuille bien s'y prêter. L'absence de censure sur la diffusion des fictions ne suffit pas, d'évidence, à expliquer les mœurs nouvelles (contrairement à ce qu'il est convenu d'appeler un "vain peuple" pense). Elle en fait partie. Les figures romanesques n'ont de valeur que si elles attachent, explicitent l'expérience ou lui donnent un nom. Il ne saurait y avoir d'œuvre moralement douteuse, dès lors qu'elle a un public. La littérature, à cet égard, n'est d'ailleurs qu'un élément mineur dans la communication moderne qui compte bien d'autres canaux.

Le modèle et l'aplomb

Lors d'une émission de télévision (T.F. 1, le 4 septembre 1984), un écrivain homosexuel déclare : "II y a trente ans, il n'y avait pas de modèle homosexuel, pas de journaux. On ne montrait pas de couples". Au cours de la même émission, un autre constate : "II n'y a pas de problème homosexuel. Il y a un problème hétérosexuel. C'est un problème de racisme, comme le problème juif". La publicité met les exceptions d'hier en communication et les met en mesure de faire la morale ou d'en remontrer aux exceptions d'aujourd'hui. Etonnement de Coluche : "C'est marrant! Ces mecs-là, ils ne se reproduisent pas et on en voit de plus en plus. Comment vous expliquez-ça, vous ?" Notable évolution par rapport à l'époque où la différence cherchait plutôt à se faire admettre en épousant les bonnes mœurs. "Le fondateur d'Arcadie commente en ces termes la dissolution de son mouvement : "Je ne me sentais plus du tout d'accord avec le comportement des homosexuels actuels. Ils ne pensent qu'au sexe, ils sont vautrés dans la lâcheté, ils sombrent dans la pornographie [...] Dans nos bals, nous n'acceptions pas qu'il y ait des gestes provoquants [...] Je reconnais que désormais les homosexuels peuvent vivre sans être rejetés. Il n'y a plus que les malades pour être mal dans leur peau et je n'ai plus la même utilité qu'il y a vingt ans.""Ces boîtes infâmes", "Pour moi, ce n'était pas ça, c'était vivre avec les autres, à côté des autres, c'était toute une morale."(Le Monde du 2 juillet 1982)



Une anticipation de Dolly, brebis clonée...

La loi de l'individualisme et la maîtrise technique du processus reproductif libèrent idéalement l'éducation du souci de la reproduction. Sans la prothèse de la culture (comme le montre a contrario Victor, l'« enfant sauvage ») la fonction sexuelle serait inopérante. C’est cette fonction « naturelle » que la modernité déclasse en désespérant ses obédients. Un boucher en gros, interrogé devant son étalage de carcasses sur une expérience du professeur Soupart – qui a réussi (?) à produire un embryon de souris avec deux ovules, d'où il est conclu que les mâles ne servent plus à rien – s'abîme soudain dans une méditation consternée : "Si on supprime ça dans la vie, qu'est-ce qui reste ?" (A 2, le 2 octobre 1985) Ce qui reste, si l'on force le trait : un reliquat de conduites inadaptées aux techniques et aux modes d'aujourd'hui qui fait apparaître la culture comme une théorie des formes anatomiques et, spécifiquement, comme le moyen d'assurer la rencontre d'un spermatozoïde et d'un ovule. La "dérive" des comportements n'a aucune espèce d'importance dès lors que les modes reproductifs ne sont plus assignés aux formes anatomiques. A l'inverse, elle magnifie, avec cet affranchissement de l'homme de sa nature, la liberté qui en permet l'exercice.
Mais, en effet, à quoi servait le mâle qui, du point de vue de l'évolution, représente un évident gaspillage puisque ce "sexe stérile" (Lucien,
Amours, 30) ne contribue pas à la croissance démographique – donnée que les éleveurs prennent évidemment en compte (l'élevage industriel justifie ainsi le broyage des poussins mâles, "stériles" et fournissant moins de viande, ils ne sont pas rentables). Une hypothèse veut que l'origine de la sexualité tienne dans un mécanisme de protection de l'information génétique et que le mâle, apportant une information extérieure redondante, aurait d'abord eu pour fonction de réparer les erreurs de copie. D'où, peut-être, cette vigilance des religions à marquer le sexe faible et pourquoi, par exemple, l'on s'assure canoniquement, avant de l'installer sur le trône de Saint Pierre, que le pape est conforme et qu'il n'est pas quelque hypospade ou monorchide engagé pour d'obscures raisons dans la guerre des sexes. Dans son homélie mariale pour la fête de l'Assomption (1986) Jean-Paul II, insistant sur le fait que l'"énorme dragon de l'Apocalypse" se plaçait continuellement "devant la femme" – proximité trop systématique pour être déplacée – invitait les catholiques à lutter contre Satan. Exhortation sans objet : la tératologie est devenue une science expérimentale et les enjeux de la reproduction n'ont plus nécessairement la matrice pour siège : les femmes sont (idéalement) libres.


Dans un environnement de consommation généralisée – alors que la pénurie et la maladie sont (presque) conjurés – le grand malheur, aujourd'hui, pour les bienheureux appelés à ce banquet, ce serait de ne pas jouir. Privé de la jouissance de son unicité, inexistant, l'individu régnerait alors sur un monde vide de sens. Il semble pourtant, à feuilleter les magazines et les revues spécialisées de la période concernée, que dans cette débauche de biens, malgré une incitation éducative et publicitaire à la consommation et alors qu'on ne peut plus accuser "la société" de brider les épanchements, la jouissance ne suive pas nécessairement la libération. Comme si réserve et régulation n'étaient pas moins à même d'en assurer l'exercice. Délivrée des mécanismes de fixation du couple et de ses conséquences, la gratification sexuelle, art d'agrément du soi, devient donc le principal critère d'adaptation sociale. La psychologie, religion de la liberté individuelle, est la prise en charge compréhensive des sinistrés de la jouissance et il n'y a pas de différence radicale entre médecin et patient – qui échangent leur malheur : "Cela me permet à moi-même de ne pas cesser de me guérir", déclare un psychanalyste. (A 2, le 8 septembre 1985 )

Venue présenter son dernier livre, Les Parachutes d'Icare, à l'émission "Apostrophes" (A 2, le 9 novembre 1984), Erica Jong, présentée comme "l'Arthur Miller féminin" (sic pour : l'Henry Miller féminin, probablement) s'entend demander par l'écrivain Geneviève Dormann : "II y a une question que je voudrais poser à Erica Jong. A lire son livre, on a l'impression que la femme américaine est très entourée. Il y a au moins cinq ou six hommes qui se proposent chaque soir à l'héroïne. Je ne sais pas, mais, en France, on est beaucoup moins fournies. J'attends souvent que le téléphone sonne. Evidemment, je suis moins appétissante... Mais il faudra que j'aille faire un tour aux Etats-Unis", "– En fait, répond l'intéressée, quand on discute avec les femmes américaines, elles se plaignent toutes de la pénurie d'hommes". "II n'y a plus d'hommes", titre un numéro du magazine Elle, constatant que l'"homme a rétréci" (sic) et regrettant un "vieil instinct de mâle presque oublié". La débandade – c'est le titre d'un essai consacré a ce constat – serait une propriété de la culture moderne et le "wimp", synthèse masculine de féminité (woman) et de mollesse (limp ; flaccidité : limpness) serait cet homme, idéal mais assez peu expédient, produit par les ligues féministes. Il existerait aux Etats-Unis des cliniques pour la rééducation de ces sinistrés de la culture, "pour les aider à retrouver sous les décombres de l'acquis leur inné masculin" (Le Monde du 16 avril 1985). En réalité, comme l'explique l'actrice Elizabeth Taylor, la viragine, nécessairement déçue du féminisme, recherche l'antagonisme sexuel : "Une femme essaiera toujours de dominer un homme. Mais, dans le fond, c'est le contraire qu'elle souhaite... que l'homme la protège, qu'elle puisse s'appuyer sur lui. Sinon tout va de travers et elle le harcèle pour qu'il se reprenne. S'il ne réagit pas comme elle l'attend, elle s'exaspère et lui, il devient plus insensible et sourd. Finalement, il n'y a plus entre eux de dialogue possible, de communication". (Kelley, 1982 dans Paris-Match, avril 1982)


"Do it yourself"
Günter Canzler

Sex-tours et réserves de naturel(s)

Au chapitre complémentaire de la pénurie d'un certain féminin : les "sex-tours" vers l'Asie du Sud-Est. De l'Allemagne vers Bangkok, par exemple, où l'on estime à trois cents mille le nombre de femmes vivant de la prostitution (Pasuk, 1982, From Peasant Girls to Bangkok Masseuses, Geneva : ILO). Cette exploitation sexuelle, fondée sur la disproportion des ressources, peut prendre d'autres formes. L'Allemagne n'est pas seulement, avec le Japon – qui a aussi, à cet égard, des relations privilégiées avec la Corée du Sud – le principal client des "porno-trips" de Bangkok, organisés dans des zones de divertissement créées, au début des années soixante-dix, pour les "G. I." en permission. Un reportage, diffusé par T.F. 1 le 31 janvier 1985, montre que la Thaïlandaise répond à un besoin qui n'est pas comblé par la femme allemande. Il existe en Allemagne des agences matrimoniales spécialisées dans l'importation d'épouses thaïlandaises. Leur publicité vante une femme asiatique "sensuelle et soumise". Ce sont les "deux piliers indispensables à une bonne union" explique un conseiller matrimonial. A Dusseldorf, une agence assure – et garantit par contrat – que 90 % des candidates sont vierges. Il n'en coûte que 8.380 marks. Des avocats thaïlandais proposent, eux, un service rapide : le client arrive le vendredi soir et peut repartir le dimanche avec son épouse. Un éducateur thaïlandais explique que ces femmes, qui viennent de la campagne, sont subjuguées par les sommes proposées. "Elles ont généralement faim... On leur offre la vie facile des femmes allemandes". L'une d'elles déclare : "Je me marie pour aider ma mère". Un client d'une agence de Francfort : "J'ai fait une mauvaise expérience avec une Allemande. Je suis divorcé. Je suis déjà allé en Thaïlande. La femme thaïlandaise est très sympathique". Un autre, qui est venu, avec sa sœur, accueillir sa future femme à l'aéroport : "J'ai été plusieurs fois déçu par une femme allemande. Je pense que les femmes asiatiques sont plus modestes. Oui, plus modestes. C'est ça !" Beaucoup de ces femmes finissent dans les "Eros Centers" où il y a parfois des étages spécialisés dans la femme asiatique. La nationalité allemande est requise pour s'y produire et le mariage fait ici fonction de carte de travail.



"Caressante comme un chaton, sincère, fidèle pour la vie, Kamala est la partenaire idéale", vante, sous le numéro 110.988.451 le Menger international matrimonial de Dieburg (Hesse). "Pour faire plaisir aux Asiatiques, développe la publicité du catalogue, un rien suffit. Elles sont ravies si vous leur donnez un peu de raisin alors que les femmes de chez nous ne sont même pas contentes si on leur offre un manteau de fourrure. Votre épouse ne vous coûtera pas cher. A part des gants, un manteau et des bottes pour affronter l'hiver, elle n'aura besoin de rien : les Orientales ne boivent pas, ne fument pas et s'adaptent très facilement à toutes les situations."


Une différence embarrassante

Que faire de la différence des sexes, cette "différence ridicule dont on fait tout un plat", selon l'expression d'un homme interrogé à la sortie d'un spectacle pour parents et enfants (il ne s'agit pas du Decameron) destiné à montrer le caractère arbitraire des rôles sexuels ? N'habitant pas encore des anatomies asexuées ou bisexuées, n'ayant pas nécessairement un destin de héros transsexuel, n'endossant plus sans complexe la cuirasse "macho", l'homme des années quatre-vingt se sait le prisonnier d'une physiologie incongrue. Le dogme de l'égalité sexuelle ne suspend pas une inégalité notoire entre les sexes : c'est la femme qui assume la gestation. Du fait d'un retard du droit sur l'idéologie, le juge des divorces, considérant, contre toute évidence sociétale, qu'il est du destin de la mère d'élever les enfants, lui en confie la garde, sauf exception motivée par une incapacité juridique ou morale. Des hommes divorcés protestent contre le sexisme d'une loi qui les sépare de leurs enfants, comme si, par nature, ils y étaient moins attachés que leur mère et comme si ils étaient moins capables de les élever. (La revendication paternelle et la demande de garde sont moins vives quand la garde concerne une famille nombreuse...) Une émission de télévision, intitulée "Des hommes rackettés" (A 2, le 2 octobre 1983), présente quelques-uns de ces hommes abusés par la loi naturelle. "Nous sommes des bailleurs de fonds, dit l'un d'eux. Nous sommes uniquement bons pour payer". Un autre explique qu'il était prêt à prendre une année de congé parental pour s'occuper de l'enfant, qu'il avait "participé à la grossesse, qu'il voulait couper le cordon, qu'il avait accouché... (il se reprend) : assisté à l'accouchement. Mais, en fait, constate-t-il, les femmes n'aiment pas qu'on s'occupe trop de leur enfant... qu'elles considèrent comme leur propriété". Cette supériorité de nature et cette égalité de droit autoriseraient un "double jeu" des femmes : courtisées pour leur sexe, puissantes par leur pouvoir de génération et libres : économiquement indépendantes. "Aux débuts du féminisme, remarque l'un de ces hommes, les femmes insistaient pour payer au restaurant. Maintenant, c'est fini. Elles gagnent autant que nous, mais pour elles, c'est tout argent de poche. Elles sont attachées à leur indépendance, et c'est juste, parce qu'il y avait des situations d'oppression, mais elles jouent sur les deux tableaux", déplore-t-il, lui qui s'est entendu dire, à la fin d'un repas entre amis au restaurant : "C'est la braguette qui paie !"


Un entretien avec Jacques Testart, biologiste de la reproduction

Le Nouvel Observateur. – Jacques Testard, vous êtes biologiste de la reproduction, spécialiste des techniques artificielles de procréation. Avec le professeur René Frydman, vous êtes le «père » scientifique du premier bébé éprouvette et des premiers enfants issus d'embryons congelés en France. Pensez-vous qu'un jour la science permettra aux hommes d'être enceints ?
Jacques Testard – Si on le voulait vraiment, on pourrait réaliser cet « exploit » aujourd'hui même. Et ce ne serait même pas un véritable exploit scientifique. Faire porter un enfant par un homme, c'est très dangereux, mais techniquement tout à fait possible. Parce que, désormais, ni l'utérus, ni la trompe, ni l'ovaire ne sont indispensables à la grossesse. Pour trois raisons : premièrement, l'embryon humain peut se développer jusqu'à terme hors de la matrice. La preuve : les grossesses abdominales. Des enfants ont grandi dans la cavité abdominale de leur mère et sont nés après césarienne.
Deuxièmement, on sait maintenant provoquer la rencontre de l'ovule et du spermatozoïde à l'extérieur du corps humain, dans une éprouvette, et obtenir un embryon à transplanter.
Troisièmement, on peut assurer artificiellement les régulations hormonales au cours de la grossesse par des injections appropriées.
Quand tout se passe normalement, trois jours après la conception, l'ovule fécondé quitte la trompe pour se fixer dans l'utérus maternel. Quelquefois – c'est très rare – il va plutôt se fixer dans l'abdomen. Dans l'immense majorité des cas, la grossesse n'évolue pas. Mais elle peut aussi arriver à terme. Pour le moment, on ne sait pas trop expliquer le phénomène. Mais on constate que des enfants parfaitement normaux sont nés de grossesses abdominales. Dont un à l'hôpital Antoine-Béclère, à Clamart, où je travaille.
En autopsiant des femmes africaines, donc des femmes qui ne bénéficient pas d'un suivi médical, on a trouvé des fœtus de plusieurs mois momifiés depuis plusieurs années dans leur cavité abdominale.
De plus, on a recensé 24 cas de femmes enceintes après ablation de l'utérus. En 1979, en Nouvelle-Zélande, Margaret Marten a mis au monde une petite fille malgré une hystérectomie.
Cela dit, la grossesse abdominale est dangereuse, à cause du placenta. C'est un organe qui se développe comme un cancer, en débordant partout où il peut ; comme une pieuvre, en se connectant à tous les vaisseaux sanguins qui l'entourent. L'utérus est une boîte qui limite l'extension inconsidérée du conceptus, c'est-à-dire le fœtus plus le placenta. Sans utérus, il y a risque d'hémorragie et d'occlusion intestinale. Autre difficulté : comment décoller le placenta après la naissance du bébé sans provoquer une hémorragie mortelle ? Chez les femmes enceintes de l'abdomen, on le laisse dans le ventre et on attend qu'il se nécrose et s'avacue tout seul, petit à petit.
Une grossesse abdominale réussie, c'est une rareté chez la femme. Mais cela existe et démontre que l'utérus n'est pas indispensable pour porter un enfant. On peut donc imaginer qu'il est possible, après incision du ventre, de placer volontairement un œuf dans la couche cellulo-graisseuse du péritoine, à l'endroit ou elle recouvre les intestins et les protège [...]


Le Nouvel Observateur du 2 mai 1986
"Ces hommes qui veulent enfanter" : "On peut le faire, donc on le fera."

• Dans la rubrique "New products" de Neewsweek du 13 novembre 1989 : A Pregnancy Simulator. Légende de la photographie : "Teens can see what it means to be pregnant". L'appareil dénommé "Empathy Belly", s'attache sur le ventre et simule le poids et les mouvements du fœtus.

Toujours d'actualité :
"Le simulateur de grossesse pour hommes" :
Le Figaro du 22/09/2011
Des chercheurs de l'Institut technologique de Kanagawa au Japon ont mis au point un simulateur de grossesse qui permet aux hommes ressentir la même chose qu'une future maman quand son enfant bouge en elle.
Cliquez pour suivre le lien
http://www.youtube.com/watch?v=uqYaOmeXy98&feature=player_embedded

• En 1953, un chercheur canadien (Olds & Milner,
Journal of Comparative and Physiological Psychology, 47, 1954 : 419-427) met en évidence, grâce à un système permettant la stimulation volontaire chez le rat (stimulation par micro-électrode de différents points du système limbique commandée par une pédale), le "centre du plaisir" dans le cerveau. Certains sujets meurent d'épuisement, (ces points d'autostimulation ont en propre un neurotransmetteur particulier, la dopamine, "copiée" par certaines drogues comme la cocaïne ou les amphétamines).


Ajustant enfin la forme humaine à la réalité socio-économique, on peut imaginer – extrapolant du possible au pensable – que la technique moderne sera bientôt en mesure de mettre les plaideurs d'accord, non point "en croquant l'un et l'autre", comme le greffier de la fable, mais par la pure et simple disqualification du corps du différend. Dans la logique de cette maîtrise de la génération qui en permet l'exercice, la cosmologie objective, qui a les moyens de la fécondation in vitro, périmera probablement, de fait, l'intérêt naturel de la différence des sexes – comme sont déjà (idéalement) périmés les scénarios éducatifs traditionnels qui avaient pour but de permettre le face à face des sexes. Certes, c'est en des circonstances désespérées qu'on a recours à cette technique, mais ses progrès feront probablements apparaître les moyens naturels de fécondation de l'ovocyte comme de curieuses vieilleries. La réalité socio-économique imposera peut-être un autre usage – banal et profane quand l'acharnement procréatique est justifié par le drame de la stérilité et le souci de la performance. Les femmes qui veulent faire carrière et qui se découvrent des envies de maternité la quarantaine passée doivent faire avec une loi de la nature : le vieillissement de leur stock ovocytaire. Un procédé simple consisterait, selon une idée qui court, à geler dans une banque le fruit de leur verdeur ovarienne, sur le mode des systèmes de retraite par capitalisation.On peut considérer que la généralisation d'une telle pratique, qui permettrait de ménager à la fois l'ambition personnelle et l'ambition maternelle, ferait rapidement voir le caractère anachronique des synchronies sexuelles que la culture travaillait à mettre en phase et le risque, voire le ridicule, de ces "moments où la raison s'abandonne", pour parler comme les publicités de préservatifs.



Reiser. Charlie-Hebdo du 16 avril 1973.
Dans la société techno-libérale, rien n'est plus démodé que le tabou universel de la ségrégation menstruelle.
(voir "l'effet McClintock et effets apparentés")

La gestation in vitro, avec les possibilités de contrôle et de sélection qu'elle ouvre, remplacerait l'inesthétique et hasardeuse grossesse. Ce meilleur des mondes d'après 1984 confirmerait assez bien la prophétie d'Orwell, à ceci près que celui-ci apparaîtrait non comme le produit du totalitarisme honni, mais comme un effet de la liberté. (Ceci manifeste que la liberté n'a de sens que dans la forme spécifique.) Regrettera-t-on la prime au rapprochement des sexes que constituait l'éblouissement nerveux de l'orgasme ? Mais, on l'a vu, il n'est déjà plus honteux de "se jouir" tout seul, comme disait le Scythe d'Aristophane (vide supra : chapitre : 7.4 Altération et altérité de la norme anthropologique : le recours de la dérision) et l'individualisme contemporain a les moyens pharmacologiques de se passer de l'encombrant secours de l'importun prochain (vide supra : chapitre 9 : La culture des analgésiques et l'individualisme). Enfin et surtout, il ne sera plus nécessaire d'avoir recours à des imaginations libidineuses, fatalement sexistes ou sexuées : les centres cérébraux du plaisir étant maintenant accessibles indépendamment des engrammes ou des protocoles qui en commandent la stimulation naturelle. Certes, le premier rat qui a fait cette découverte (vide supra) en est mort. Mais tout s'apprend, même l'intempérance. Alors, la forme humaine, déconnectée des stimuli hormonaux associés aux conduites reproductives, flotterait dans l'univers comme une entité véritablement libre...



Arend Van Dam, Niewe Revu, 1976.

Pour conclure cet état des lieux daté (la fin des années quatre-vingt, avec prospective-fiction, elle aussi datée) et marquer, sous des apparences qui peuvent sembler légères ou futiles, le sérieux des enjeux en cause il suffira de rappeler ceci. Alors que la compétition mondiale, en ce début de XXIe siècle, met les économies chinoise et indienne en vedette, c'est probablement ce par quoi l'intégrisme musulman se signale dans ce débat qui fait sens a contrario : une situation de dépendance et de minorité faite à la femme, qui signe l'arriération économique des pays où l'intégrisme prospère. Le chinois le plus riche de Chine est une femme. "Les femmes chinoises commencent à percer dans le monde des affaires, analyse l’auteur de la "China Rich List" (publiée dans le magazine Forbes jusqu'en 2003), traditionnellement, les postes importants étaient plutôt réservés aux hommes, mais avec les réformes économiques, les choses changent". Le matériel double le rituel. Madame Yin (c'est son nom, Zhang Yin, 49 ans), qui fait fortune dans le papier recyclé, met Monsieur Yang, avec sa monnaie funéraire et son culte des ancêtres, dans le vent...


Ali Farzat (Syrie)

Le "progrès social" et l'investissement féminin dans la société ont pour condition la neutralisation des fonctions et des genres – aboutissement d'une évolution juridique amorcée en Europe à la fin du XVIIe siècle, notamment avec le concept de "propriété de sa personne" et le droit de propriété fondé sur le travail (par exemple : Deuxième traité du gouvernement civil, chapitre V, de John Locke), et annoncée par la réforme luthérienne qui sanctuarise la conscience en mettant fin à l'opposition entre "spirituels" et "temporels". Le salut par les œuvres change le sens du travail et de l'acquisition. La déritualisation (ou la déprofessionnalisation) de la religion – tous les croyants ont même dignité et une autorité égale en matière spirituelle – porte en puissance l'assomption de la liberté individuelle et la sanctification du travail. Dans cette idée, la principale "révolution" du XXe siècle a été celle, silencieuse, de la formation et de l'emploi des femmes. (Prenant acte de cette réalité, la loi du 13 juillet 1965 autorise les femmes mariées à ouvrir un compte en banque sans l’autorisation de leur mari et à travailler librement.) Ce que la sociométrie de la scolarisation met immédiatement en évidence. Constater que Le niveau monte (C. Baudelot et R. Establet, 1989), c'est aussi constater la prévalence des filles dans l'acquisition des compétences. L'impertinence et la liberté, Françoise Sagan et Brigitte Bardot, Our bodies, ourselves, sont des bannières de la prospérité économique : Allez les filles ! (1992). Un sondage CSA publié dans le Figaro du 13 octobre 2006 montre que 72 % des françaises pensent que l'accès des femmes aux postes clés est un processus en marche, que 46 % estiment que ce processus est "naturel" ("une évolution qui se fera naturellement") et 53 % que "l'éducation et l'institution scolaire" sont les clés de cet accès ("l'action des mouvements féministes" étant créditée de 10 %). Cette révolution silencieuse a pour condition, ainsi qu'il a été ici rappelé, l'effacement de la femme de ses positions symboliques. La technostructure et l'économie inventent une femme semblable à l'homme, aux rythmes biologiques euphémisés, neutralisés ou différés.


Vingt ans après

"L'égalité des sexes à bonne école", titre Le Monde du 14 novembre 2008, commentant les mesures que les démocraties libérales consacrent à la parité. Ainsi le gouvernement suédois a-t-il consacré près de 500 000 euros en 2005 à des projets scolaires sur l'égalité des sexes. "Aujourd'hui, nous tentons de faire bouger les frontières : un garçon qui veut jouer à des jeux "de fille" ne doit pas se sentir faible ou ridicule, une fille qui s'affirme et prend la parole ne doit pas sentir de réprobation. C'est un jeu "gagnant-gagnant" qui ouvre de nouveaux espaces aux filles comme aux garçons : s'ils le souhaitent, ils peuvent sortir des schémas traditionnels." L'économie libérale engendre des ministres de la parité ... contre les stéréotypes qui restent "très présents, même si les parents ou les enseignants n'en sont pas conscients". La philosophie qui informe ces actions suppose que les attitudes différentielles entre filles et garçons sont culturelles et qu'elles sont dénuées de fondement biologique – ou qu'elles sont un empêchement.

Les expériences du biologiste Alfred Jost sur la différenciation des voies génitales ont mis en lumière le rôle du testicule dans la régression des canaux de Müller, grâce à la secrétion d'une hormone qu'il propose d'appeler anti-Müllerienne (AMH). ("Recherches sur la différenciation sexuelle de l'embryon de lapin, III, - Rôle des gonades fœtales dans la différenciation sexuelle somatique", Archives d'Anatomie Microscopique et de Morphologie expérimentale, vol. 36-4, pp. 271-315, 1947 ; "La biologie des androgènes chez l'embryon", Réunion des endocrinologistes de langue française, pp. 160-180, Masson, 1955.) Ces travaux ont servi d'appui à l'idée que le sexe "premier" était féminin et que la masculinité était une lutte contre cette nature première. C'est la théorie de la féminisation "par défaut", selon laquelle l'ovaire ne jouerait aucun rôle dans la différenciation des voies génitales femelles. Le processus de la différenciation sexuelle paraît en réalité commandé par (au moins) deux gènes spécifiques : le SRY sur le chromosome Y, principal gène de la masculinisation, et son correspondant, le DSS sur le chromosome X qui induit la genèse ovarienne.

Cette radiographie (qui alimente les pages annoncées sous le titre « La différence des sexes, état des lieux ») est évidemment à mettre en rapport avec l’évolution civilisationnelle (politique et économique) qui sera présentée dans les chapitres suivants, évolution caractérisée par la crise des économies libérales et de leur idéal d’expansion. Cette histoire permet d’observer un renversement ou un infléchissement, au moins dans les représentations, des positions de dominance : nord/sud (l’image de l’inversion des pôles magnétiques s’invite ici), « blanc »/« non blanc », homme/femme… Le modèle de la maîtrise, la bonne conscience de l’expansion et du « progrès » vont se trouver investis par le ressentiment des victimes : le « colonialiste », le « blanc », le « père », le « mâle »… se trouvent de la sorte en procès. On a donc rappelé la fonction de l’écrivain dans l’apologie de la transgression qui opère cette évolution des valeurs et des mœurs (libération du « carcan » de la famille, mise en cause du « patriarcat », etc.). Ce qui distingue évidemment la modernité de la tradition, dont l’écrivain, les éditeurs et les journaux engagés sont les paladins, cette la libération des « entraves » qui ouvre virtuellement tous les possibles au sujet (quand « Jouir sans entraves » était le mot d’ordre de « mai 68 »), c’est la révolution scientifique qui donne à l’aventure du sujet les moyens de sa transgression. La connaissance et la maîtrise du processus de reproduction ouvrent ainsi, entre la nature et l’homme, un espace de liberté sans précédent. A la pointe de la révolution sexuelle, les mouvements homosexuels, victimes de la dominance visée, sont les acteurs les plus visibles et les plus emblématiques de cette libération des mœurs. L’homosexualité incarne à la fois, en effet, la transgression de la loi et la transgression de la nature, dissociant et détournant idéalement le processus sexuel du processus reproductif. Tout peut se faire, aujourd’hui, ex vivo et par procuration. La sexualité est ainsi, on l’a répété, un art d’agrément détaché de sa fonction première qui s’adapte à tous les profils et qui autorise tous les avatars (et toutes les dérives). La reproduction, elle, est une affaire de mécanique. Le médecin écossais John Hunter fut probablement le premier à réaliser, à la fin du XVIIIe siècle, une insémination au bénéfice d’un patient atteint d’hypospadias, une malformation génitale qui rend impossible tout rapport sexuel. Ce secours a pu être apporté à des patients frappés de la maladie de La Peyronie. La pipette à Doliprane® qu’utilisent les homosexuelles ou les femmes célibataires qui ont recours à une insémination « sauvage » est de cette veine artisanale (que réalise aussi, à sa manière, l’ICSI : Intra-Cytoplasmic Sperm Injection). Au fond, quand Martin du Gard caractérise la paternité de Gide (qui a épousé sa cousine et n’a pas consommé son mariage, voir supra) par la formule : « C’est une expérience de laboratoire », il résume cette capacité de l’espèce à se reproduire dans le déni du sexe opposé. Cette transgression artisanalement ou médicalement assistée met en scène une « dé-sexualisation » des rapports humains et, à l’occasion, une dérision de la sexualité : Paris Humiliated By Gigantic Inflatable Butt Plug, titre le site féministe américain Jezebel, à propos de l’installation, place Vendôme, en octobre 2014, d’un plug anal géant de 24,4 mètres de hauteur, intitulé Tree, vendu à la ville de Paris pour un arbre de Noël – un « arbre de mai » en quelque sorte, bras d’honneur à la nature de la femme.


Plan du dossier :

19.1 Exorde
19.11 "Et ta sœur !" Différence des sexes et territorialité : relevé des grafitti de la Sorbonne, mars 1982
19.2 Variations sur le prochain
19.3 Quand la théorie de la société est la théorie du marché
19.4 Les "30 glorieuses" et les 30 pleureuses
19.5 De Tati à Tati
19.6 Gradations dans l'expression de l'allophobie et dans son aveu
19.7 Territoire, proxémie, proximité : le proche et le lointain
19.8 Appartenance commune
19.9 Guetteurs au créneau
20.1 Othello, ou la tragédie de l'apparence
20.2 Phénotypes et stratification sociale : la naturalisation du droit
21.1
L'empire de la liberté : la techno-structure par l'exemple, neutralisation des fonctions et des genres
21.2 Loi du renouvellement technique et conséquences...
21.3 Hormones et territorialité : la dominance à l'épreuve de la valeur morale de la différence
21.4 L'individu, sentinelle avancée de l'espèce (1) : liaisons
21.5
L'individu, sentinelle avancée de l'espèce (2) : déliaisons
21.6 Logique du vivant, morale du vivant
21.7 Médialangue et culture-jeunesse, distance réfractaire et période réfractaire




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