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corps du roi (féminin) |
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(masculin) crâne du roi |
corps de la verge (masculin) |
(féminin) prépuce |
Cette signification dissipe lobjection de la non équivalence quant au genre des objets séparés par la césure en cause : cest le prépuce (féminin) qui est retranché, cest le crâne (masculin) qui est décollé... Cest au contraire cette dissymétrie dans lhomologie ce chiasme exprimant lidentité de nature et lopposition de destin des candidats à linitiation et du roi , qui supporte laction rituelle et qui permet de comprendre comment la révolution des générations peut procéder de la révolution des règnes. Cette césure qui met fin à la vie du roi est une pédagogie de la naissance initiatique. Le régicide a la distinction sexuelle et lexistence sociale pour conséquence.
Mais cest évidemment leur position contextuelle qui donne sens aux termes. Lethnographie des Daka, récemment enrichie des travaux de Richard Fardon sur les Chamba (1988, 1990) auxquels les Daka sont apparentés permet de préciser les équivalences en jeu. Le genre n'est pas une essence, mais un état (transitoire). Après avoir été desséché (comme chez les Chamba, voir infra), quand il cesse de signifier lhumidité (et la féminité), le prépuce peut prendre une valeur masculine en vertu de léquivalence, signalée plus haut, entre le grain, la verge et le crâne, la dessiccation étant opératrice de masculinité. Le corps étique, le dessèchement dune vieille femme est ainsi vu comme une masculinisation et la féminité un état auquel le tarissement des flux met fin (Fardon, 1990 : 183) : les vieilles femmes deviennent comme des hommes (Ibid. 96). L'opposition de l'humide et du sec qui caractérise à la fois le cycle agricole, les climatères de la vie terrestre et ceux de la vie après la mort supporte aussi la construction des genres. C'est cette opposition qui est ici directrice.
Surdétermination dune coutume de lâge de la pierre (la Bible fait mention de couteaux de silex dans Jos., V, 2 sq. ; Ex., IV, 24-26 ; certains Juifs contemporains opèrent sur les enfants morts âgés de moins de huit jours, avec un tel instrument, selon Tylor - E.-B. Tylor, Researches into the early history of Mankind, 217-219, 2º éd., 1870 ) : le tégument prépucial pouvant servir aussi aujourdhui, en Israël, à produire de linterféron.
Couteau de circoncision et d'éviscération orné de la figure du dieu Anubis,
Anepou celui qui a la tête d'un chacal, maître de l'embaument et génie sarcophage.
Paris, musée du Louvre. © Lessing E
Serrure Dogon, plateau de Bandiagara, village de Keti (H = 62,5 cm)
Le lézard symbolise le prépuce d'un jeune circoncis, les Dogon le considérant comme l'élément féminin de l'homme.
Retranché par la circoncision, le prépuce devient lézard solaire, associé à Mars.
Louis Frank, qui séjourna cinq années au Caire en tant que médecin de l'armée de Bonaparte
écrit ceci de l'excision :
"Comme la religion mahométane ne prescrit pas, sur le sexe, cette opération qui se pratiquait déjà chez les anciens Egyptiens, et qu'elle se fait encore aujourd'hui fréquemment chez les Cophtes, il est naturel de croire que de fortes raisons l'ont perpétuée. C'est un fait connu, que les grandes lèvres s'alongent très-souvent outre mesure, sur-tout dans les climats chauds, que quelquefois le clitoris est d'une grandeur difforme ; or, quoique ni l'un ni l'autre n'apportent aucun obstacle à la génération, il paraît cependant que la difformité du clitoris est regardée, par les Nègres mêmes, comme un vice révoltant en ce qu'il donne à la femme l'apparence de l'homme."
(Louis Frank, Mémoire sur le commerce des Nègres au Kaire et sur les maladies auxquelles ils sont sujets en y arrivant, 1802, Paris : Amand Knig, p. 27-28)
*
Pour caractériser les origines rituelles de la geste de Thésée, Jeanmaire sappuie notamment sur les informations recueillies par Frobenius à propos des Moundang et des Daka (Ibid. et 1913 : 255-260 pour les Daka). Il observe une identique corrélation entre le cycle de la souveraineté et lorganisation des classes dâge. Cette identité formelle conforte linterprétation initiatique des festivités décrites par Plutarque (selon Jeanmaire) et permet den préciser les enjeux. Labondante documentation sur le calendrier agricole et sur le calendrier rituel des sociétés africaines quand les faits grecs sont forclos autoriserait aujourdhui une lecture dautant plus assurée de la relation que Frobenius consacre aux Daka, par exemple, la plus circonstanciée sous ce titre, qui met en évidence, en effet, la dépendance explicite du cycle agraire et du cycle de la souveraineté et dont nous résumerons les principaux traits pour faire écho à la première partie de ce commentaire.
Dakka, Masque buffle (dit : nangbiningi, Frobenius, 1925, V : 59).
(Museum für Volkerkunde und Vorgeschichte, Hambourg).
Gravure extraite de Und Afrika Sprach, vol. III
(dessin de Karl Arriens)
Les activités rituelles sont sous le contrôle du Kameni, prêtre qui a la responsabilité de toutes les choses sacrées, dont la fonction la plus importante a trait aux rituels des récoltes et qui a aussi pour office la mort du roi et la désignation du successeur. La fête des prémices (septembre) engage le Kameni, enveloppé dun vêtement de feuilles qui le recouvre entièrement, quatre vieillards et un grand nombre de garçons qui suivent le groupe en criant dune voix perçante. Dans chaque champ, le Kameni déterre un morceau digname, le place dans une feuille et enfouit le tout dans le sol en une offrande à la terre et aux ancêtres. Nul autre nest autorisé à consommer les prémices et les relations sexuelles sont désormais interdites jusquà ce que les grains arrivent à maturité : car si une femme concevait pendant cette période, la croissance du mil sarrêterait. En décembre, le temps de la moisson venu, le même cortège se forme et le Kameni prélève un épi dans chaque champ. La procession rentre au village avec une botte imposante. Le rituel achevé, il est possible de consommer les nouveaux épis et les relations sexuelles sont à nouveau autorisées. Un mois plus tard ce temps est aussi, le cas échéant, le temps de la circoncision lenclos royal est le théâtre dun rituel au cours duquel le roi, en présence du Kameni et du forgeron, interroge un couple de statuettes divinatoires (vraisemblablement représentées en hors-texte du volume III d'Und Afrika Sprach : Dakkaheiligtum).
Cest là une ordalie qui a pour objet la compétence du roi. La corrélation de la circoncision et de la mort du roi, plusieurs fois formulée, est dite notamment dans lexplication suivante, destinée à compléter linformation selon laquelle la circoncision na lieu que tous les sept ans, après la célébration de lordalie dont il vient dêtre question. Aux temps anciens, la circoncision avait lieu tous les trois ans. La durée du règne était abrégée dautant car le sang de la circoncision emportait la vie des rois (p. 255). Les Daka expliquent encore que le sang de la circoncision va retrouver le roi défunt. Le successeur ne peut être consacré avant cette célébration : si le nouveau roi était intronisé nonobstant, il mourrait à coup sûr pendant lopération de la circoncision.
Und Afrika Sprach, III : 255
La traduction qui inspire le titre de ce chapitre :
... La durée du règne était abrégée dautant car le sang de la circoncision emportait la vie des rois
n'est pas littérale.
Photographie de Leo Frobenius (faisant face à : Und Afrika Sprach, III : 128)
Le rapprochement du domaine grec et du domaine africain permettrait de mettre en évidence les données anthropologiques générales suivantes :
- Le rituel annuel a pour objet de conjurer la mort de lannée et dassurer la pérennité des germinations par lexpulsion des flétrissures de lannée.
- Le rituel initiatique a pour objet et pour périodicité la génération humaine. Cette dramatisation de la différenciation sexuelle est supposée conjurer lexténuation de toutes les différences et assurer la remise à neuf des classifications. À linverse, labsence ou le défaut de ce protocole éducatif annonce un dépérissement des reproductions et une subversion généralisée des ordres.
- Il arrive un moment prévisible, et dont il peut être dit quil revient avec une régularité astronomique où la repousse naturelle de la génération humaine doit être taillée, circoncise, où le sauvageon doit être domestiqué. La progression naturelle du temps accuse la dégénérescence des agencements sociaux. Un tribut doit être périodiquement payé à lentropie ou souverain du temps, renaissance du chaos originel. Ce tribut se prélève sur la jeunesse. Cest dire que la communauté, frappée dans sa reproduction, est condamnée à lextinction. Comment transformer cette malédiction en promesse de renouvellement ?
- Un personnage, généralement un fils de roi, prend la tête de la classe dâge qui fait problème et va livrer combat au monstre qui fait problème (dont les exigences anéantissent les germes fructifères). Sa victoire libère la collectivité du tribut et transforme la stérilité en abondance. Elle lhabilite à la succession.
- Cette restauration des formes est elle-même soumise à lusure du temps. La structure de gouvernement se défait quand, la dernière année du règne, il ny a plus de différence entre le souverain et le pharmakós. Quand la vertu agnatique du roi est épuisée, quand il se révèle incapable de soutenir la distinction - étouffé par la matière de son travail, il devient lui-même terre - la révolution annuelle entraîne une révolution de palais en réalité rituellement programmée. En sorte que le but de lexpédition initiatique, ce peut être le souverain lui-même, modèle du rite : sa victime. Limpureté du roi, qui peut faire de lui lobjet de la division initiatique, ne procède pas seulement de la division de son prédécesseur en vertu de laquelle il règne ni de son usure propre. Elle est constitutive de sa charge lorsque celle-ci requiert une androgynie de gouvernement. Dans les sociétés ou limpureté royale est fortement marquée de ce fait, lexpédition initiatique na nul besoin de se développer aux marches du royaume, le roi est le monstre quil faut diviser. Dans la geste de Thésée, la précipitation est consécutive et non préalable à linitiation : Égée meurt de la victoire dun fils qui, ayant pris la tête de la nouvelle classe dâge, règne à son tour. Ici, en revanche, le vieux roi meurt avant linitiation et le jeune roi, intronisé quand est achevée linitiation qui a mis fin au règne de son père, proclame une initiation à laquelle il ne survivra pas. Modèle du rite, exclu du rite, il lui donne et son nom et sa personne. Sa nature propre ne lui permet pas de souffrir cette division du masculin et du féminin en quoi consiste linitiation et que sa décollation induit. La circoncision mettrait ainsi fin à un mandat plus rituel que politique. La fonction proprement pédagogique et cosmologique de ce souverain, sil constitue lunité de compte entre le temps de la végétation, le temps humain et le temps des astres se développerait dans lisochronie du régicide et de linitiation.
Lhypothèse selon laquelle le roi moundang serait le modèle passif de linitiation (quil y a une homothétie entre la circoncision et le régicide ; que circoncire le roi, cest le mettre à mort ; quon ne peut circoncire les candidats à linitiation sans mettre à mort le roi...) est fondée sur des équivalences symboliques et notamment sur la pétition que le traitement dont le cadavre du roi fait lobjet, savoir la séparation de la tête et du corps et le conditionnement différencié de ces deux éléments, équivaut à une circoncision. Une objection se présente immédiatement contre une telle hypothèse : le roi moundang, bien quincomplètement initié, est déjà circoncis. On ne voit pas a priori, dune part ce que pourrait signifier une seconde circoncision et, dautre part, comment, déjà circoncis, le roi ne pourrait supporter la circoncision à laquelle les jeunes gens sont soumis... Nous avons pourtant fait crédit aux analogies, principalement en raison de lidentité de nature des néophytes et du roi : sexuellement doubles, promis à la mort initiatique en raison de cette dualité et délivrés par la circoncision. Il se trouve, dailleurs, que des faits que nous ne connaissions pas alors, rapportés des Dowayo du Cameroun (Barley, 1983 ; Dumas-Champion, 1989) montrent que la décapitation du cadavre peut être explicitement conçue et théâtralisée comme une répétition de la circoncision.
Ces pratiques, qui peuvent prendre des formes apparemment contradictoires quant au rôle du roi, nous paraissent sunifier sous le motif constitutionnel de la royauté sacrée : le face à face de clans autochtones et dun clan dynastique (voir infra chapitre 3 : Dessin du dessein) qui fait du souverain médium, un moyen du pouvoir. Le rôle du roi dans cette ingénierie qui engage ici la capacité de la société à se reproduire dans ses ordres, dans cette distinction fondamentale quest la séparation des genres, est donc fonction du statut qui lui est assigné. Il est nécessaire de surcroît, nous lavons rappelé en commençant, de prendre en compte les différentes valeurs diacritiques que les sociétés en cause peuvent utiliser pour signifier la différenciation sexuelle. Ce sont, dévidence, les opérations dont les organes sexuels peuvent faire lobjet. Mais ce sont aussi des oppositions cosmologiques, naturelles, chromatiques ou thermodynamiques (le sec et lhumide ; los et la chair ; le rouge et le noir ; le chaud et le froid
). Le rituel Dowayo, qui expose comment ces oppositions peuvent se superposer, manifeste leur identité conceptuelle (Barley, 1994 : 106-211). La circoncision formalise et théâtralise ainsi lopposition du sec et de lhumide, du masculin et du féminin, du cadavre et de lancêtre, du grain en formation (femelle) et du grain arrivé à maturité (mâle). Les garçons naissent donc avec des têtes molles. Cest la circoncision (lapogée de leur humidité est atteint quand le garçon sagenouille dans la rivière et saigne dans leau), coïncidant avec la venue des premières pluies, toujours violentes, la retraite des jeunes circoncis sachevant le premier jour de la moisson, qui les fait passer de lhumide au sec. Les nouveaux circoncis, rapporte Leiris des Namchi (1934 : 64), qui ne peuvent porter aucun vêtement jusquà complète cicatrisation, vivent hors des villages pendant plusieurs mois (quatre mois environ, des semailles à la récolte du mil rouge). On considère que leurs têtes ont été durcies au feu et que la tête (le gland) de leur verge est désormais sèche : leur sexe est maintenant véritablement masculin (Barley : Ibid.). La poudre de prépuce séché (Fardon, 1990 : 98, 105), le prépuce étant rapproché de la peau du crâne (Ibid. 100), est symboliquement équivalente au crâne. Un tablier porté sur la tête (à rapprocher vraisemblablement du bonnet de circoncision utilisé en Afrique de l'Ouest) est mentionné par Leiris (Ibid. : 65). Au moment du prélèvement du crâne, quand on ouvre la tombe (Quand un circoncis meurt durant son séjour en brousse [
] il est enterré vêtu [de son] costume de feuillage [porté normalement par les femmes] et on ne prélèvera pas son crâne Leiris, Ibid. : 75), le mort est menacé avec un couteau de circoncision (dit "couteau de crâne" chez les Chamba : (Fardon, 1990 : 100), la dessication de son crâne (et la circoncision de son arc) assurant sa réincarnation. On entonne, de même, des chants de circoncision quand on bat le nouveau mil
Circoncision au Sénégal (coll. Fortier)
"Jeunes garçons costumés pour la circoncision"
(Carte postale expédiée de Boffa en 1909)
Dans cette cosmologie où la maturation des récoltes, le croît des humains et la vie après la mort (la céréale, le sexe, le cadavre) sont pensés sous un même concept, le rôle du roi quand royauté il y a : on se souvient de la corrélation notée par Frobenius : Ce sont ces mêmes dignitaires qui, au cours de la terrible période mystique de la moisson, lorsquon coupe les épis et quon bénit les jeunes, pendant ce temps doffrandes et de propitiations, mettent à mort le roi (vide supra) est fonction de sa position par rapport à la césure de la différence des sexes. Cette position décide de sa place dans linitiation et de son destin parmi les vivants et les morts. Lethnographie des Chamba (Fardon, 1990) donne à voir un chef dont le rôle à la différence du roi moundang dont lambiguïté sexuelle est constitutionnelle est féminin. Il fait dailleurs couple avec les prêtres (masculins) de la terre. La cosmologie chamba associe, elle aussi, croissance du grain et croissance de lhomme (Le chef et ses prêtres se comportent comme des géniteurs comme sils étaient respectivement mère et père du grain. Comme un enfant, comme un garçon plus précisément, le grain passe dune tutelle féminine à une tutelle masculine au cours du processus de maturation 1990 : 185), circoncision, cueillette des épis et prélèvement du crâne. Elle sorganise sur une dichotomie fonctionnelle entre matriclans et patriclans. Le matriclan, représenté par le chef (ou le roi), est substance, il est associé à la féminité et à la vie (à Segu, la fonction cheffale était assumée par une femme - Ibid. : 184-185) ; le patriclan, représenté par le prêtre, est identité, il est lordre où se réincarnent les ancêtres. La matriclan est chair, le patriclan est os (Ibid. : 96). Le patriclan commande linitiation, les rituels funéraires et la garde des crânes. La circoncision est donc absolument contraire au chef (circoncision et chefferie sont antithétiques dans la pensée [chamba] - Ibid. : 123) et, à la différence du roi moundang qui est divisé en cette circonstance et qui en meurt certes mais dont le crâne, pierre de touche de la succession, sera conservé, cest lentièreté du cadavre du chef chamba qui nest pas décollé qui représente la part féminine de la division en cause. Ses funérailles, quand il décède de mort naturelle, comme celles dune femme, durent quatre jours. Sa mort est normalement tenue secrète jusquà lintronisation de son successeur. Il est enterré dans une tombe qui est définitivement scellée, la moindre fissure annonçant un malheur qui doit être prévenu par le sacrifice dun bélier noir (Ibid. : 81). À lopposé, la succession dun prêtre chamba les prêtres sont les maîtres de la coupe (Ibid. : 128) des épis, des prépuces et des crânes (Ibid. : 129) requiert le prélèvement du crâne de son prédécesseur, avant même que la décomposition du cadavre en autorise la décollation par exception à lusage qui prévaut (Ibid. : 81). Le chef chamba est comme les habitants du monde souterrain explique Fardon, il est associé à la fraîcheur et à lobscurité. Le sang que les prêtres font couler est rouge et chaud et le sang des garçons quon vient de circoncire, en tombant sur le sol, menace la fraîcheur de cet être ténébreux (Ibid. : 185). Le chef serait donc mis à mort avant linitiation, conformément aux informations recueillies par Frobenius, apparaissant ainsi comme un modèle négatif de la circoncision. Alors que le roi moundang, modèle passif, ferait, lui, fonction si lon peut dire de mannequin : de son vivant et dans son exercice à la fois masculin et féminin, en même temps initié et mis à mort. À Poli, en revanche, selon Leiris (1933-34 : 70, note), le fils du chef coucherait en brousse avec les circoncis jusquà réintégration de ceux-ci limplication cheffale dans linitiation pourrait avoir été celle dun specimen, modèle positif : tout masculin quand le chef chamba est, lui, tout féminin
Un tel cas de figure (où le chef serait un prêtre, pour parler chamba), qui demanderait à être plus précisément instruit, tend naturellement à mettre en cause léquilibre constitutionnel évoqué plus haut [dont lapproche fera lobjet du prochain chapitre]. La question étant de savoir si lhypothèse constitutionnelle dun face à face et dune complémentarité entre clans territoriaux et clan dynastique (entre prêtres et roi) est fondée qui sont les maîtres de la coupe (qui tient le couteau de circoncision, qui est maître de linitiation). Il y a lieu de penser que le dernier chef en cause, dont la personne ne paraît pas antithétique à la circoncision, est, lui aussi, "instrumentalisé" et "mis en uvre" par les clans autochtones, faisant, de son vivant, fonction de crâne (d'ancêtre). Dans tous ces cas de figure, le roi est un médium qui permet d'auspicier les ancêtres maîtres de la prospérité.
Le schéma suivant pourrait illustrer ces trois configurations :
Le roi est n'est que partiellement initié corps du roi (féminin) (masculin) crâne du roi
Moundang
il proclame l'initiation, mais n'y survit pas
Initiation = Mort du roi
Initiation = Vie des initiés
corps de la verge (masculin) (féminin) prépuce
Le roi est féminin corps du roi (féminin) corps de la verge (masculin) (féminin) prépuce
Daka
"circoncision et chefferie sont antithétiques"
Initiation = Mort du roi
Initiation = Vie des initiés
L'initiation ne paraît pas antithétique à la chefferie (le fils du chef accompagne les initiés) corps de la verge (masculin) (féminin) peau de la verge
Namchi (?)
Initiation = Vie du roi
Initiation = Vie des initiés
humide
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sec
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"maîtres de la coupe"
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grain
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en formation
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mûr
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récolte
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homme
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prépuce
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circoncis
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session initiatique
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femme
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menstruée
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ménopausée
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temps
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cadavre
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en décomposition
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décollé
|
temps
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roi Chamba
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féminin
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régicide
avant la circoncision |
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roi Moundang
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féminin
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masculin
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la circoncision
annonce la mort du roi |
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chef Namchi ?
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masculin
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maison des crânes
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Ces équivalences permettent de comprendre comment la récolte, la circoncision, la décollation des cadavres et le régicide peuvent être homologues et quelle nécessité les met en synchronie.
FIN du chapitre 2
Plan du chapitre 2 :
I - 2.01 Introduction
I - 2.02 Des rois agricoles
I - 2.03 La paille et le grain
I - 2.04 Apollon, dieu Septime
I - 2.05 Le scandale de la mort programmée du roi
I - 2.06 Thésée, chef dinitiation ?
I - 2.07 De la stérilité à la panspermie
I - 2.08 Lénigme du monstre
I - 2.09 Souveraineté de la distinction
I - 2.10 Climatérique de la souveraineté
I - 2.11 La roue du temps et la mise hors course du vieux roi
I - 2.12 Pourquoi le sang de la circoncision emporte la vie des rois
I - 2.13 Quand régicide et initiation sont un
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