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présentation générale du site

4 Éléments d'Ethnographie Indienne (en cours)



Mots clés : Inde védique Sacrifice Ethnomathématiques

Champs : Anthropologie religieuse Ethnographie villageoise Route des Indes



1- Note sur l'acte sacrificiel dans l'Inde ancienne

2- L'aigle et le serpent

3- Rues de Pondichéry

4 - Nobili et la "querelle des rites Malabares"

5 - L'expansion européenne et les Cies des Indes


anthropologieenligne.com : unité de l’homme et diversité des cultures



Rues de Pondichéry
(page en construction)

(documents bruts pour) Fragments d'histoire...


Manufacture, port, entrepôt (des marchandises de la côte, du produit du commerce d'"Inde en Inde" et de la production locale), la structure de la ville exprime son office.
Conçue dans un même esprit par les Hollandais et les Français, elle matérialise une sorte d'interface fonctionnelle entre l'utilitarisme marchand des Européens et l'hindouisme des castes. Cette association révèle la performance productive d'une société stratifiée à l'extrême. De fait, l'Inde connaît une civilisation avancée et son organisation sociale si particulière place ses productions bien au-dessus des productions européennes. La demande des marchands occidentaux constitue un débouché recherché et le gouverneur de la province de Goudelour, Sher Khan Lodi, entre en contact avec les Français pour leur demander de "s'établir dans son gouvernement où il y a de bonnes manufactures de toile" (Labernadie : 8). Une loge hollandaise, puis danoise avait été ouverte à Pondichéry au début du siècle ("loge n'étant autre chose qu'une maison de commerce dans une ville ou tout autre terrain dont on n'a pas la propriété", précise Marguerite Labernadie, citant un mémoire sur l'Inde de 1753, "comptoir signifiant un endroit dont on a la propriété", p. 59). Les Danois ayant développé une production de toiles répondant à la demande européenne et construit une demeure fortifiée. Mais l'occupation est ancienne (supra) et l'on sait par une inscription découverte par G. Jouveau-Dubreuil (à qui l'on doit la plupart des informations archéologiques et historiques sur la ville) que l'un des temples du site (celui qui sera détruit par les jésuites - voir infra) existe au moins depuis le Xe siècle.

François Martin ; les débuts de l’installation française (1673-1693)
Alors que les Français cherchent un établissement à Surate, ils donnent suite à une offre de Sher Khan Lodi. En février 1673, Bellanger de L'Espinais débarque à Pondichéry, ayant obtenu la cession d'une loge au bénéfice de la Compagnie française, "un petit village où la maison qui me fut donnée estoit assez agréable. Il y avoit deux grandes cours et un logis tout en terrasse, accompagné d'une grosse tour couverte en voulte de pierre et de brique", datant de l'établissement des Danois (Mémoires de L. A. de Lespinay, vendômois, sur son voyage aux Indes Orientales, 1670-1675, p. 204). François Martin va faire de Pondichéry le principal comptoir français en Inde. Ses mémoires donnent une relation détaillée de cette histoire.

Martin fait d'abord reconstruire "des lieux dans la loge pour y faire travailler à couvert les employés d'une manufacture de peinture" (Labernadie, p. 21). Un bastion est édifié dans le fort en 1676. En 1680, Boureau-Deslandes donne cette description des constructions de Pondichéry : "... un grand enclos à portée de mousquet de la mer dans lequel on n'a pas fait jusqu'à présent grand bâtiment à cause du peu de négoce qu'on y fait. Il y a deux bastions, qu'on y a fait bâtir seulement pour se défendre d'un coup de main, sur lesquels il y a huit pièces de canon." "Le trafic, écrit Robert Challe dans son Journal, consiste en toiles, poivre, coton, soieries, salpètre et autres marchandises, qui viennent du Bengale où nous allons." (II, p. 13). Les peintres, attirés par François Martin, travaillaient "dans un endroit fort grand à faire des chiites." À un quart de lieues de la loge se trouvait toujours le village des tisserands, espoir de la Compagnie. (M. Lab. p 27)

Dans son Journal, au jeudi 24 août 1690, Robert Challe donne la description suivante des fortifications développées par Martin :
"Le fort est bâti à deux cents pas de la mer. Ce n'est qu'un carré barlong, très irrégulier, n'y ayant que trois mauvaises tours rondes ; et qui, par conséquent, n'est point flanqué que du côté du jardin, où il y aun bastion régulier, ou qu'on a voulu rendre tel, la gorge en étant très mal prise et trop étroite. [...] Ce fort paraît neuf et l'est aussi : il est bâti de brique couvert d'une espèce de chaux, infiniment plus belle que celle que nous avons en France, et qui en vieillissant contracte une couleur et un éclat uniforme qui la ferait prendre pour du marbre blanc [...] Ce fort n'a en dehors ni fossé, ni par conséquent aucun glacis. Ce n'est qu'une muraille tombante sans talus ni cordon ; en un mot un fort très indigne d'en porter le nom [...] "
(II, p. 9)

En août 1693, avant le siège des Hollandais, François Martin décrit ainsi dans son journal le dispositif de défense de Pondichéry et la configuration "des dehors" :
"Le fort de Pondichéry est éloigné d'environ 400 pas du bord de la mer, où nous avions élevé une batterie de quatre pièces de canon [...]; elle était défendue par une petite redoute que nous y avions fait construire. [...] Le côté sud était défendu par une espèce de redoute élevée sur les restes de la maison qui avait été aux Danois, à cinquante pas du fort. Le côté de l'ouest était le plus faible, c'était une longue courtine de soixante et tant de toises qui n'était flanquée que par les deux tours qui la terminaient. [...] Le côté ,nord était le plus fort et c'était pourtant par cet endroit que nous avons été attaqués ; il était défendu par les deux tours et par un petit bastion qui avait été élevé en l'année 1676 et encore par une demi-lune où il y avait huit pièces de canon dessus, ce qui était le plus régulier et le plus fort de nos ouvrages. Il y avait une grande peuplade de côté-là dont nous n'avions pu ruiner toutes les maisons à 25 ou 30 pas du milieu de la courtine.
Du côté de l'ouest commence une espèce de vallon qui s'étend plus d'une demi-lieue au nord en droite ligne, le fond sont des terres à riz toujours cultivées par l'abondance des eaux que l'on tire de plusieurs sources qui sont des deux côtés [...] 
On avait pris la précaution, en faisant élever la demi-lune et le redoute du côté sud, d'y faire aussi des mines ; on en fit encore une à un grand magasin que nous avions au bord de la mer. Nous fîmes abattre une grande maison bâtie en forme de halle du côté de l'ouest, matérielle par ses murs qui servaient à battre les toiles et d'où nos ennemis nous auraient incommodés s'ils s'en étaient emparés. [...]
(III, pp. 336-8).

Le fort protégeait les bâtiments de la loge, des casernes, une chapelle, des magasins et la maison du directeur. Les Français habitaient des maisons en brique à l’est du fort.
"Le directeur et autres officiers logent dans ce fort dont tous les tous les bâtiments ne sont pas achevés [...] Il y a quelques maisons de Français en dehors du fort, assez proprement et commodément bâties, d'un seul étage, toutes enduites de la chaux dont j'ai parlé ; ce qui forme une vue assez agréable.
Les maison ou cabanes des Noirs sont éparses çà et là sans ordre ni alignement, et ne sont faites que de terres détrempée, et soutenue en elle-même par des morceaux de branches d'arbres qui y sont mêlés.
Les Français y sont environ deux cents personnes, compris les officiers et les soldats.
(Challe, II, p. 9-10)

La présence hollandaise
(Source : Jean Deloche, Le vieux Pondichéry, 1673-1824, revisité d'après les plans anciens, IFP-EFEO, 2005.)
Durant leur occupation de Pondichéry, de 1693 à 1699, les Hollandais forment le projet de créer une ville nouvelle, projet qui sera repris et complété par les Français. C'est, écrit Deloche, "un projet d'aménagement et un projet de société", "une création systématique et volontaire pour intégrer la population indienne et ses activités économiques dans une agglomération stable et définitive, dans laquelle les différentes fonctions urbaines (religion, marché, travail, production, commerce) se hiérarchiseraient et se combineraient de façon rationnelle." (p. 32) "Cette structure simple correspondait à une répartition spatiale et fonctionnelle des différentes communautés indiennes (brahmanes, tisserands, marchands, cultivateurs, artisans)" que les Hollandais souhaitaient établir sur cet espace (p. 30). Cet ensemble étant lui-même articulé avec la ville coloniale. Le comptoir est ainsi une enclave du mercantilisme européen dans l'Inde des castes.

Le premier quartier à l'européenne, le quartier Saint-Laurent, se développe à partir du fort Saint-Louis, autour d'une rue parallèle au littoral (actuelle rue Dumas). Les entrepôts, construits à proximité de la rade, peu propice à l'embarquement puisqu'une barre oblige les navires à mouiller au large, les voyageurs et les marchandises étant embarqués sur des bateaux plats (voir la description de Challe.) Deux autres rues parallèles sont créées (actuelles rue Romain Rolland et rue de Suffren). Après l'occupation hollandaise, Martin relève les anciennes défenses et fait construire un nouveau fort (1702-1706), réplique du fort de Tournai conçu par Vauban. "Rivée au sol indien par le boulon étoilé de son fort, écrit Labernadie, une ville française était née." (p. 67)

Vers 1721 l'abbé Guyon constate :
"Les changements que Messieurs de la Compagnie y ont apportés depuis qu'ils en sont paisibles possesseurs est presque incroiable. [...] On a rebâti la plus grande partie de la ville qui s'augmente et s'embellit de jour en jour. Les murs y sont tirés au cordeau ; les maisons des Européens y sont de brique, bâties à la romaine, à un seul étage parce qu'on y manque de bois et qu'on y craint les vents. Quoique celle des Indiens n'y soient que de terrre mèlée avec une espèce de chaux qu'ils font avec des coquilles d'huitres calcinées, elles ont leur agrément parce qu'elles forment des rues droites. On voit de belles allées d'arbres à l'ombre desquels les tisserands travaillent ces toiles de coton si estimées en Europe."
(Abbé Guyon, Histoire des Indes orientales, t. II, p. 104)

Pierre Lenoir
Après avoir servi aux Mascareignes (il est l'auteur d'un rapport à la Compagnie sur le café à Bourbon) et en Inde, Pierre Lenoir revient à Pondichéry en 1726 avec des pouvoirs étendus "en particulier le droit de présider les conseils de tous les territoires baignés par la mer des Indes y compris les Mascareignes". Il fait enclore la ville d'une muraille de briques. A l'intérieur de l'enceinte, la cité s'organise autour de deux artères principales, l'une du nord au sud, la rue de Madras, l'autre d'est en ouest, la rue de Valdaour. Les rues sont bordées d'arbres des deux côtés. D'après La Farelle, Lenoir imposa aux gens du pays qui construisaient leurs maisons en bois et en terre de ne bâtir qu'en briques et de ne couvrir qu'en tuiles. Sous son gouvenement, constate-t-il, "on construisit des maisons magnifiques et en quantité". Lenoir autorisa les particuliers a donner deux étages à leurs maisons "savoir le rez de chaussée et l'étage au-dessus car le peu de hauteur rend les chaleurs difficiles à supporter", regagnant "ainsi en hauteur le terrain qu'on ne pourra plus leur donner en largeur et en longueur" à l'intérieur de l'enceinte. (cité par Labernadie, p.130-131)

Dans son Journal, à la rubrique "Particularités des Gouverneurs de Pondichéry", sorte d'évaluation comparée des gouverneurs, Ananda Ranga Pillai juge Lenoir en termes particulièrement élogieux :
"Homme très capable et très habile, il fit briller son nom à l'égal du soleil, apportant en toutes les matières un esprit de justice. Pondichéry, qui n'était qu'une jungle, devint une cité ; les huttes cédèrent la place aux maisons à étages, et une enceinte fut dressée autour de la ville..., de sorte que, durant les dix années de son gouvernement, le peuple proclamait que, de toutes les places, Pondichéry était l'asile de la justice et de la vérité, que ses marchands et ses habitants étaient les plus fortunés, qu'elle était à même de fournir tous les biens possibles aux autres places du pays et en tirer de toutes les autres places ; que les habitants de la ville et des villages, les directeurs de la Compagnie et autres puissants en Europe faisaient des vœux pour que jamais il ne quittât le Gouvernement..." ( X. 326 )
puis :
"Autrefois, avec M. Lenoir comme Gouverneur et M. Dulaurens comme Second, la ville était prospère, les jungles se peuplaient, la pauvreté se retirait, la richesse entrait, et la vérité était dans tout son éclat ; mais à présent c'est le mensonge qui règne avec son cortège de maux." (XI. 24 )
Dans une lettre au successeur de Dupleix, Godeheu, Ranga Pillai résume ainsi l'histoire de la ville :
"Comme un jardinier, M. Lenoir a amendé le sol, labouré, fumé et préparé pour la culture. Il l'a planté d'arbres qui fleurirent et portèrent des fruits dont il a joui en son temps. M. Dumas dévora le produit. Au temps de M. Dupleix une tempête a dévasté le jardin."


Plan par N. de Fer, 1702 (agrandir l'image)

Deloche, p. 42 (agrandir l'image)


(agrandir l'image)


L'arrivée à Pondichéry : représentation, datée de 1750, avant la destruction de 1761
(comparer avec la description de Challe, sous François Martin)


Vue imaginée (Pondichéry tel qu'on pouvait se la représenter idéalement en Europe)
des magasins de la Compagnie à Pondichéry, XVIIIe siècle
(Musée de la Compagnie des Indes, Lorient)

Un plan anonyme de 1755 (Deloche, p. 80) montre la division fonctionnelle de la ville en quatre quartiers. La toponymie des rues du quartier Saint-Joseph montre une répartition selon les métiers, les castes et les appartenances : tisserands, tuiliers, mendiants, chaudronniers, orfèvres, forgerons, blanchisseurs, mesureurs, corailleurs, cultivateurs, marchands de Calou, matelassiers, brammes, marchands (Cométis), négociants (Chettis), musulmans dans la rue des Choulias.

« En considérant les noms de rues, on constate qu'en 1755 :
- dans la ville blanche, les rues devaient leur nom soit à leur position par rapport à l'enceinte, à un bastion ou une porte, soit à la proximité d'un bâtiment public ou religieux ou d'un ouvrage d'art, soit à un saint du calendrier ou à une province française ;
- dans la ville noire, au nord-ouest, les rues étaient appelés d'après les noms des communautés et castes, artisans et marchands, tandis qu'au sud-ouest, elles portaient les noms de notables indiens, grands négociants ou employés de la Compagnie.
Pendant toute cette période, grâce à la prospérité de la ville, il y eut, de la part de la Compagnie et des ordres religieux, une intense activité dans le domaine de la construction, à l'intérieur des remparts. » (Deloche, Pondichéry hier et aujourd'hui, IFP, CD)

Dupleix
Le palais du gouvernement (palais Dupleix), l'hôpital et l'hôtel de la monnaie sont les principaux bâtiments civils édifiés avec la destruction de 1761. Commencé en 1738 et achevé en 1752, le palais Dupleix comprenait une façade longue de quatre-vingt mètres, ornée d'une galerie avancée ouverte à colonnades sur deux niveaux. Il était couronné de trois frontons et d'une terrasse à balustrade.

Le palais du gouvernement (1738-1752)

La structure de la ville exprime une intention planificatrice à l'européenne et un art de vivre qui s'exprime par exemple dans les plantations d'arbres pour neutraliser les fortes chaleurs et qui donne à la ville le caractère qu'elle a gardé aujourd'hui. Le Chevalier La Farelle, qui fut major de la garnison de 1725 à 1735, écrit : "Toutes les rues sont tirées au cordeau et plantées d'arbres des deux côtés ; ce qui est d'un aspect charmant ; par endroits aussi des allées d'arbres avec des bosquet de distance en distance." "Les gouverneurs, note l'abbé Guyon, faisaient grande attention à marquer le terrain à chaque particulier qui demandait la permission de bâtir et de bien le diriger." Ce qui "forma insensiblement une ville aussi régulièrement disposée que si on l'avait tracée tout d'un coup au cordeau" (cités par Labernadie, p. 126). Selon La Farelle, le séjour de Pondichéry vaut "celui d'une bonne ville d'Europe, aux chaleurs près" (id. p. 135).

Mais cette ville interface n'existe qu'en fonction de l'industrie des Indiens où le "mercantilisme" européen trouve matière à négoce. L'articulation de ces deux sociétés qui s'ignorent l'une l'autre est fonctionnelle. La consommation de bœuf fait des Européens des parias aux yeux des Indiens ; l'adoration de divinités thériomorphes et les cultes de fécondité ravalent les Indiens au niveau des peuples barbares. Pierre Poivre, formé par les frères missionnaires de Saint-Joseph – et missionnaire inutile en Chine – voit dans la "réligion des Malabars" "peut-être la plus extravagante, la plus honteuse pour la raison humaine et la plus infâme qu'on puisse imaginer" (Mémoires d'un voyageur, 1968, p. 86). Ce qui est en mesure de gêner les Européens (exception faite des missionnaires dont le prosélytisme et la capacité de destruction seront évoqués plus bas : Organisation sociale, Religions), c'est essentiellement les usages susceptibles d'entraver la productivité du système. Et c'est bien le système des castes qui se révèle en mesure de produire ce que les Européens recherchent et que leurs propres artisans ne sont pas en capacité de réaliser. Mais quand sa rigueur entrave la liberté de mouvement essentielle à la bonne gestion de cette manufacture à l'intégration verticale qu'est la ville tamoule, spécifiquement tournée vers la demande européenne, le gouverneur suspend les interdits qui peuvent gêner la circulation publique. Ainsi, après la création de nouvelles rues, certaines castes refusant le passage à d'autres, fait-il lire la proclamation suivante : "Le Roi ne veut faire aucune distinction entre ses sujets quelles que soient leurs croyances, leur race, leur richesse et leur pauvreté, par conséquent chacun peut, à cheval ou à palanquin, emprunter pour rentrer chez lui les nouvelles voies percées" (cité par Labernadie, p. 128-129).

La nomenclature des contributeurs pour la construction des fortifications, sous le gouverneur Dumas (1735-1741), illustre à la fois la diversité des métiers et l'origine géographique des Indiens installés à Pondichéry. En voici la liste avec le commentaire de Labernadie (p. 121) :
Vellala (cultivateurs propriétaires), Caravei (Marchands ambulants, caste venue du Nord), Agambady (Probablement subdivision des Vellala, ce que nous appellerions aujourd'hui modéliar), Tisserands, Tisserands de bétilles (Mousselines rayées), Cometty (Marchands venus du Nord, race télégou), Chetty (Marchands venus du Sud), Tisserands de guingan, Huiliers, Jageir (Peut-être des cordonniers), Pally (à l'origine des soldats se disant descendants de pallavas-culitvateurs), Batteurs et nettoyeurs de cotton (Musulmans), Maures, Potiers, Pêcheurs, Blanchisseurs, Orfèvres, Charpentiers, Serruriers, Cuivriers.

La reconstruction

Law de Lauriston reprend possession de Pondichéry en avril 1765. Pondichéry est "cendres, pierres, poussières"... Mais, comme le note Le Gentil, les Anglais avaient laissé les fondations des maisons.
"La ville était en partie sur pied, constate l'ingénieur Bourcet, les murs des maisons de la ville noire n'ayant pas été détruits, n'en ayant eu que la charpente d'enlevée et ceux de la ville blanche existant jusqu'à trois pieds au-dessus du sol [...]" (cité par L. p. 338)

"En très peu de temps, les rues parurent, les maisons se relevèrent.” (L. p.325) "Le 29 août 1765, on comptait déjà 126 maisons de pierre, dont 65 couvertes de tuiles et 61 de paille ; 53 'petites maisons de blancs' couvertes en tuiles, 120 en paille et 1959 malabares. 'C'est inconcevable qu'on ait pu en faire autant en cinq mois" écrivait l'ingénieur Bourcet." (Labernadie, p. 325.) Law fait établir un papier terrier, premier recensement des propriétés de la ville blanche.

Le Gentil, qui se touve à Pondichéry en juin 1769 pour l'observation du passage de Vénus, écrit :

"Cette ville est renfermée dans la même enceinte qu'elle avait avant la guerre, on a relevé l'ancien mur, les bastions et cavaliers ; les rues sont tirées au cordeau, ce qui produit un effet d'optique charmant dans beaucoup de ces rues, parce que si on en excepte le quartier des Européens, qui fait, pour l'étendue, le sixième de la ville, le reste des rues est planté d'arbres des deux côtés, d'une espèce qui vient très vite ; les rues où logent les tisserands en ont deux rangs de chaque côté, par là ils sont à l'abri du soleil dans quelque temps et à quelque heure que ce soit dans la journée et peuvent travailler dehors en plein midi."

Le quartier des Européens est très bien et très proprement bâti ; les rues sont larges mais les maisons sont basses [...] On compte mille à douze cents européens dans ce quartier, la garnison comprise [pour "guère moins de soixante mille habitants”] ; le reste de la ville est occupé par les gens du pays qui viennent de leur bon gré s'enfermer entre ses murs, se soumettre à notre police et à notre justice."

"Le maisons européennes sont en terrasses, où l'on va le soir prendre le frais ; les rues sont si pleines de monde pendant le jour, que j fus très surpris en arrivant d'en voir une si grande quantité ; dans les rues marchandes principalement, ou rue du bazar, il y a journellement une si prodigieuse quantité de monde qu'à voir une de ces rues par un de ses bouts, tout ce monde dans la longueur de plus d'un quart de lieue offre, avec les arbres qui sont des deux côtés, un point d'optique singulier."

"Les Églises n'ont point été réparées, les ruines en subsistent toujours [...]"

De fait, reconstruite et ayant perdu une bonne part de son patrimoine, la ville témoigne de l'intention planificatrice et utilitariste originelle, étant notamment "indispensable, note Bourcet, ingénieur reconstructeur, d'avoir une enceinte assez vaste pour y rassembler et mettre en sûreté les ouvriers nécessaires pour la fabrication des marchandises de l'Inde" (cité par Labernadie, p. 339) Ville interface tournée vers la mer, Pondichéry devient, non seulement un lieu de production mais un entrepôt, un point de convergence des produits ramenés par le commerce d'Inde en Inde et des marchandises venues par voie maritime de toute l'Asie, des soiries et porcelaines de Chine
aux cauris des Maldives, dont la Compagnie importe plusieurs tonnes par an et qui servent à la traite sur la côte de Guinée.