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Chapitre 21
La reconnaissance de la forme humaine :
figures de l'altérité, de la morale et du droit
(des "trente glorieuses" aux trente pleureuses)
Plan du dossier :
19.1 Exorde
19.11 "Et ta sur !" Différence des sexes et territorialité : relevé des grafitti de la Sorbonne, mars 1982
19.2 Variations sur le prochain
19.3 Quand la théorie de la société est la théorie du marché
19.4 Les "30 glorieuses" et les 30 pleureuses
19.5 De Tati à Tati
19.6 Gradations dans l'expression de l'allophobie et dans son aveu
19.7 Territoire, proxémie, proximité : le proche et le lointain
19.8 Appartenance commune
19.9 Guetteurs au créneau
20.1 Othello, ou la tragédie de l'apparence
20.2 Phénotypes et stratification sociale : la naturalisation du droit
21.1 L'empire de la liberté : la techno-structure par l'exemple, neutralisation des fonctions et des genres
21.2 Loi du renouvellement technique et conséquences...
21.3 Hormones et territorialité : la dominance à l'épreuve de la valeur morale de la différence
21.4 L'individu, sentinelle avancée de l'espèce (1) : liaisons
21.5 L'individu, sentinelle avancée de l'espèce (2) : déliaisons
21.6 Logique du vivant, morale du vivant
21.7 Médialangue et culture-jeunesse, distance réfractaire et période réfractaire
IV - 21.2 Loi du renouvellement technique et conséquences Politique de la jeunesse...
"Organo-logie" : L'opposition universelle de la trompe et du tambour, de l'aigle et du serpent
Sous le titre "Flûte de jazz", ce commentaire : "La flûte tend à guinder le jazz [...] Peut-être est-elle décidément trop droite, trop straight; on ne sait sur quel pied la faire danser (...) alors que le saxophone ou la trompette ont d'emblée trouvé dans le jazz leur voix singulière, celle qui paraît aujourd'hui la plus naturelle". (Le Monde du 15-16 mars 1987). Benny Goodman, précisément, dont il a été question plus haut, était clarinettiste, instrument dont Michel Portal (clarinettiste) dit : "La clarinette n'est pas un instrument malléable, comme un ténor. C'est un instrument droit. C'est pourquoi personne n'en joue. C'est de plus un instrument qui se perd". (Le Monde du 17 juin 1986). On demandait à Charlie Parker pourquoi il jouait du saxophone plutôt que de la clarinette, il répondit prenant une voix nasillarde : "Parce que j'aurais l'impression de parler comme ça !" Les différents instruments qui composent la formation de jazz pourraient être décrits comme autant de voix qu'il y a de registres dans le corps. Chaque instrument pourrait être défini par un caractère, une physionomie, une tessiture organique, la rythmique étant consonante avec le milieu intérieur (anaérobie) et la partie mélodique, souvent tenue par des cuivres (des instruments à vent) avec les fonctions de la respiration et de la phonation. L'orchestre compose ainsi une sorte de polyphonie organique construite sur une opposition fondamentale : alors que la section rythmique et la basse continue (mélodiquement peu significative, les sons graves correspondant aux vibrations les plus lentes) assurent une continuité pulsionnelle, les instruments virtuoses racontent, dans l'improvisation du temps vécu, avec une mobilité mélodique qui en sert la profondeur, l'émotion du drame, le caractère éphémère, aléatoire, inconstant ou dérisoire de l'existence. Le contraste (et l'unité) de ce foisonnement mélodique "Il n'y en a pas deux qui jouent le même air", selon la remarque d'un musicien de musette qui veut rire du style Nouvelle-Orléans propre à représenter la multiplicité vécue avec cette pulsation enveloppante s'articule sur une dualité organique propre à représenter la tension vitale : un principe aérien, rythmé par le soufflet pulmonaire et un principe anaérien, intestin, le moyen terme de cette opposition étant constitué par un principe liquide, alimenté par la pompe cardiaque, en relation avec l'élément aérien et avec l'élément anaérien, dont la pulsation porte la vie.
Tomi Ungerer : projet d'affiche pour un film sur le festival de musique pop de Monterey (1968). (Détail).
Tomi Ungerer : projet d'affiche pour une marque de vitamines (1960)
"La musique donne une âme à l'univers, des ailes à la pensée, un essor à l'imagination,
un charme à la tristesse, la gaieté et la vie à toute chose." (Platon)
Le morceau de jazz aurait la séduction d'un drame dans lequel on entre avec d'autant plus de plaisir qu'il procure à la fois l'émotion et la sécurité, le malheur et sa consolation : soutenu, entraîné, l'auditeur s'adonne en confiance au transport émotionnel d'une fiction sans risque, dans laquelle la ressource vitale déborde l'émotion dramatique. La fonction recréative et récréative de la musique de jazz, sa valeur d'euphorie et de contagion, apparaissent pleinement dans ce tempérament rythmique qui enlève le malheur en donnant du coeur au ventre, lorsqu'on n'a plus "assez de musique en soi pour faire danser la vie" (Céline). Le jazz rappelle l'art moderne et l'homme technique à l'humilité : au fait premier que l'homme est humus. Mais il lui enseigne aussi qu'il y a un salut dans cette participation, magnifiée par le souffle, aux forces telluriques.
Mose
La tête et le coffre, le buffet et la cave (le fausset, le nasillard et le caverneux)
Ce dessin de Mose (supra) pourrait s'intituler : "La revanche des chevaliers du vert-de-gris", expression qualifiant la désaffection des cuivres dans la musique occidentale. L'orchestre de jazz, lui, glorifie tous ces instruments à la couleur éclatante dont la palette et la variété expressive peuvent s'observer à la hauteur et à la direction dans lesquelles leur pavillon délivre son message. Sur l'opposition fondamentale de la trompe et du tambour, de l'aigle pulmonaire et du serpent intestin (vide infra : L'aigle et le serpent), la formation de jazz alimente une pulsation accordée à la cénesthésie de la machine humaine : la trompette lance au ciel, dont elle tire sa pneumatique, son retentissement aérien : hommage au souffle, à l'inspiration, à l'aérobie ; la batterie et la basse, fidélité à la terre, à l'univers fermé de la peau intestine, au "milieu intérieur", à l'anaérobie, relient et tiennent au sol, à la matière sans laquelle il n'est ni fécondité ni histoire, cet envol inspiré ; à l'entresol de cette circulation, le piano développe les syllabes mouillées de sa mélodie liquide. Le saxophone offre cette particularité, pourrait-on dire en poursuivant cette réduction, de participer à la fois au registre expressif de l'étage aérien c'est un instrunent à vent et qui sert la ligne mélodique et au registre expressif de l'étage intestin par sa forme et par la situation de son pavillon. "Hylique" et "pneumatique" à la fois, cet instrument, jugé "pervers" dès sa création (on trouve une appréciation de cette sorte dans une adaptation des Scènes de la vie de bohème de Henri Murger, parues en 1848, par exemple), et que l'on a dit "existentialiste" dans ces caves où l'existentialisme était un humanisme, trouve peut-être sa vraie place dans la musique de jazz en raison de ce caractère "amphibie".
Que la musique soit plus qu'un signe de ralliement : un mode d'être de la jeunesse industrielle, voilà une constatation banale dont il convient ici de décrire un corollaire. Considérons, par exemple, à travers quelques compte-rendus de presse, la "Fête de S.O.S. Racisme" qui s'est tenue le 15 juin 1985, place de la Concorde, à Paris : manifestation musicale ou manifestation politique ?
1985. Dessin de Franck Margerin
Le slogan d'invitation à la fête proclamait: "Viens prendre ton pied avec mon pote" (Le Monde du 14 juin 1985). "Le "melting-potes" est symbolisé par une musique sans frontières, devenue arme politique par excellence" (Le Monde du 18 juin 1985). "1985 vient donc de s'offrir sa "nuit de la fraternité"... "Touche pas à mon pote", proclamait dimanche une France de moins de quarante ans, gaie et grave à la fois". "Impossible de dissocier la musique de l'antiracisme" (id. ibid.) Dans le programme-manifeste distribué avant la fête, le chanteur de rock Bashung déclare : "La musique actuelle est rudement en avance sur le racisme. C'est une véritable bâtardise. Prince, Bowie, on ne sait plus si c'est du rock, du blues, de la variété, on ne peut plus dire d'où ça vient..." Pour lui, la réussite de S.O.S. Racisme, "c'est d'avoir présenté son action d'une manière positive en revendiquant le plaisir à vivre ensemble, toutes origines confondues, et pas en gémissantcontre les petits racistes qui nous gâchent la vie."C'est la première fois qu'un mouvement est intelligent dans ce sens-là. Au lieu du bourrage de crâne habituel, ils essaient de réveiller la sensiblité humaine".(Les italiques sont nôtres)
Manifestation musicale ou manifestation politique ? Manifestation morale où la morale est absente. La morale, c'est ici l'affirmation "positive" de la vie. Etre moral (à l'opposé de la "morale curé" ou du "bourrage de crâne"), c'est être ensemble. "Il vous suffit d'entrer dans cette, musique, pour devenir aussitôt des être moraux". Le 14 juin 1986, S.O.S. Racisme organisait, place de la Bastille à Paris, un carnaval-concert gratuit. Sous le titre : "Mon pote, c'est le pied !!!", un tract expliquait : "Plus on fait la fête, plus se renforce le camp de la solidarité et plus nombreux sont ceux qui ont envie de faire la fête pour le dire." La morale, c'est ici la contagion d'une exubérance mimétique. Une propriété de la fête est la communion des participants. Et rien de moins rassis que cette musique qui se chante, se danse et sans laquelle la fête ne serait pas fête. Sa trépidation provoque une réquisition de l'émotion d'autant plus valorisante qu'elle plonge l'individu dans un bain d'identité collective. Faite par des jeunes, pour des jeunes, elle répond évidemment à la nature du jeune; le tirant hors de lui, elle lui découvre et lui fait faire l'expérience d'une communication première où il trouve ou retrouve une identité. Le premier concert, la première "boom" (ou la "première surprise- partie", selon le titre d'une rengaine des années soixante) ont banalement valeur de révélation. Si la musique est un moyen privilégié de communication des émotions, elle est aussi une démonstration : entrer dans une musique "Fais-moi une place dans ta musique" était un slogan de la fête c'est en partager les valeurs.
Caricature de J. M. Le Pen. Dessin de Brito.
Temps fort et temps formateur de la jeunesse, l'expérience de la musique est aussi l'expérience d'une communauté qui déborde les frontières des nations et des races : d'une nouvelle fraternité, la "sensibilité humaine" étant "réveillée" par la musique. "Jeunes : la love politique", titrait le Nouvel Observateur du 15 février 1985, à propos d'un sondage de la SOFRES commenté dans le Figaro-Magazine du 5 mai 1985. "Demande-t-on aux jeunes s'ils se sentent plus proches d'un Arabe de leur âge ou d'un Français de l'âge de leurs parents, ils sont 41 % à répondre : d'un jeune Arabe et 30 % d'un quadragénaire ou d'un quinquagénaire". Le parent, le proche dont on dépend le plus, est considéré comme la forme la plus lointaine de l'humanité. Les "jeunes" un mot qu'ils n'aiment pas, et pas seulement parce qu'il les relativise voient dans J.M. Le Pen la caricature de l'adulte, l'anti-jeune par excellence, un super-parent. "Si je devais réagir et m'engager, explique Bruno, vingt ans, fou de moto et de tir à l'arc, la seule chose qui me motiverait, ce serait un mouvement anti-Le Pen". "Dans un océan d'indifférence et de dépolitisation", Le Pen, par ses formules grossières et brutales est le seul homme politique à faire réagir contre lui les jeunes. Tous sont unanimes : Mitterrand, Giscard, Barre, Chirac, ce n'est pas leur affaire. Même Marchais ne fait plus rire. Le Pen, par contre... Ces jeunes manifestent d'un même cur pour défendre leur radio et pour défendre leurs potes. En musique. N.R.J., "la plus belle des radios" (dont la puissance d'émission dépassera parfois quatre-vingt fois celle prévue par la loi et qui entrera sur le marché boursier en décembre 1989), ou TV 6, "la plus jeune des télés", sur les Champs-Elysées, le 28 février 1987, "le racisme, c'est dégueulasse !" La meilleure riposte au racisme, c'est la solidarité en acte qu'est la musique. Qu'on la prive de sa musique ou qu'on touche à ses potes, c'est la même chair de la jeunesse qu'on meurtrit.
Afiche de Tomi Ungerer
Une nature éducatrice
Dans les systèmes sociaux où la reconnaissance n'est pas bridée, la morale est spéculaire : elle absorbe ce qui est semblable à soi, en vertu d'une similitude ou d'une solidarité émotionnelle. L'identité ne résulte pas d'un barrage posé par la culture de l'aîné, mais de l'extension d'une forme saisie dans une expérience commune. Fait partie de la fraternité du jeune celui qui réagit comme lui. "Quand tu rencontres un porteur de badge ("Touche pas à mon pote"), tu as envie de lui de lui parler",' explique une employée de la Sécurité Sociale venue de Lyon par un TGV spécial à la fête de S.O.S. Racisme. Les adultes les adultes moraux qui, hier, déploraient l'égoïsme et l'irresponsabilité des jeunes s'émerveillent aujourd'hui de leur moralité et la donnent en exemple aux adultes qui ne pensent pas comme eux. Il s'étonnent de l'aisance avec laquelle les jeunes acceptent une différence qui n'existe qu'à leurs yeux. Alors qu'elle fait partie de l'identité du jeune, intégrée dans le spectre des variations individuelles de la forme humaine. Pour des adolescents non prévenus, ayant grandi ensemble, le fait d'être blanc, noir, blond ou crépu, n'est nullement un signe d'appartenance à une humanité différente qui empêcherait la reconnaissance de l'identité et la fraternisation, comme le voudraient d'archaïques aînés. C'est, au contraire, un enrichissement de l'identité qui justifie la fraternisation. "Si t'as trois potes, explique un adolescent d'une banlieue ouvrière, t'en as un au moins qui est immigré". "S'ils voulaient expulser les étrangers, il fallait le dire avant, maintenant, on a tous des copains arabes, noirs, juifs, jaunes..." (Coluche) Trop tard, Le Pen ! Des circonstances contingentes l' appel à la main-d'uvre immigrée ont généré un nécessaire et irréversible fait de nature. Résultant du libre développement de la perception de l'identité, la culture-jeunesse a fixé une nouvelle concrescence de la forme humaine. C'est là un fait aussi massif et aussi matériel que la modernité qui lui a servi de cadre et qui ne fait l'objet d'aucun débat moral. Valeur de la jeunesse : investie d'un travail de liaison qui n'avait auparavant aucun sens ce sont les premières générations à qui le problème de la coexistence se pose en ces termes elle est initiatrice, par sa jeunesse, par son appétit de la forme qui est le propre de la jeunesse, les vieux étant autrement fixés, d'une culture où la reconnaissance spécifique ne rencontre plus d'obstacle fonctionnel. Ce libre-jeu de la reconnaissance, (en état de suspension classificatoire), qui remplit le programme de la morale est, en réalité, à la fois le degré zéro de la morale et son achèvement.
"II y a quelque chose de 'catho' dans cette manière d'aborder la politique. Quelque chose d'évangélique, assurément", peut-on lire dans le numéro du Nouvel Observateur cité plus haut. "Les jeunes deviennent les grands éducateurs dans un monde où éclatent les carcans traditionnels", écrit un ministre dans Le Monde du 20 septembre 1985, en présentation d'une "Fête du dialogue et de l'amitié" ("Nord-Sud. Salut les jeunes") organisée à son initiative et dont le programme est d'abord musical. Il est doublement vrai que la jeunesse, par sa jeunesse et par ses choix, anticipe le monde de demain et qu'elle est seule à même de répondre au défi du renouvellement technique et moral du monde moderne, mais cette idéalisation du pouvoir d'idéalisation qui la caractérise qui répond au principe de surdétermination de l'évaluation morale est en fait une idéalisation de la nature. La résurgence spontanée de la morale, dans un monde voué à l'utilité, a bien quelque chose de miraculeux. Mais en traduisant en humanité, en toute innocence morale, un arrangement social où il n'y avait aucun dessein proprement moral, en tirant les conséquences naturelles de la proximité et de la vie commune, c'est une jeunesse nature qui vient miraculeusement au secours du moraliste. Ce qui indique, peut-être, que le patron de la moralité n'est pas ce que l'on pense.
Un mutant
Dans France-Soir Magazine du 21 avril 1984, on pouvait lire ce portrait du chanteur Michael Jackson sous le titre: "II préfigure la société métissée et bi-sexuelle de l'an 3000, c'est le secret de son succès". Michael Jackson a réussi le mariage de la "tendance noire américaine 'funky' de James Brown ou Marvin Gay, fondée sur la qualité du rythme et de la tendance blanche anglaise 'new wave', dont l'inspiration est plus mélodique. Ensuite, il a su exprimer dans son comportement sur scène à la fois une sensualité animale et une sensibilité plus cérébrale héritée des Beatles. Il a donc intégré deux cultures opposées et les deux traditions musicales les plus populaires de notre époque. En parvenant à modifier son apparence grâce à la chirurgie esthétique (un nez neuf !) et aux crèmes "éclaircissantes", il a rendu cette ambivalence carrément physique, affichant une double appartenance raciale". Dans "Billie Jean", le court métrage qui a contribué à le rendre célèbre en France, "il porte un vêtement de cuir sensuel, mais de coupe presque classique. Et à la sirupeuse mélodie anglo-saxonne de sa chanson, il ajoute le coup de hanche funky des Noirs américains [...] Mais, Michael Jackson donne en plus une leçon, et c'est qu'un Noir peut imiter un Blanc et non l'inverse. Car la culture occidentale s'apprend alors que l'animalité africaine est innée. Cette supériorité est spécialement manifeste dans 'Say, say, say', la chanson qu'il interprète au côté de Paul McCartney. Non seulement il chante aussi bien que son partenaire, mais il possède en plus une certaine sauvagerie dont Paul MacCartney, lui, est démuni". "Les enfants sont incapables de dire pourquoi ils l'aiment, et pourtant ils collectionnent ses disques, les coupures de presse le concernant, et regardent sans exception tous ses vidéo-clips". Ce personnage de mutant, "d'autres avaient tenté [de l'incarner] avant lui, David Bowie, en particulier, à travers son élégance outrancière et son androgynéité [sic]. Il lui a seulement manqué d'être "un peu noir" !"
Pour préciser quelques valeurs attachées à ce héros moderne (160 millions de disques vendus dans le monde compte arrêté en juin 1984) qui se sent "plus proche des animaux que des hommes" :
France-Soir du 20 avril 1984, sous le titre : "Le sexe de Michael Jackson est aussi mystérieux que celui des anges" et une photographie du chanteur avec cette légende : "La preuve qu'il est aussi pur qu'au jour de sa naissance : on ne l'a jamais photographié que chaudement habillé". "Durant notre conversation [c'est l'auteur de sa biographie qui parle] il ne m'avait pas caché son intention de mettre un embargo sur toutes les photographies qui avaient été prises de lui avant que la chirurgie esthétique le dote de son nouveau nez. J'ai passé outre. Et j'ai enregistré son pathétique refus de vieillir et même de devenir adulte. Rien que la pensée que l'état-civil lui donne maintenant vingt-cinq ans le rend malade. Pour prolonger son enfance, il a fait construire chez lui un mini Disneyland." "Michael Jackson, qui a longuement expliqué à Mark Bego qu'il reprochait à son père d'être raciste à l'égard des Blancs et de s'intéresser davantage à son argent qu'à lui-même, a ensuite consenti à aborder avec infiniment de précautions une vie personnelle dont ce n'est pas un euphémisme que d'affirmer qu'elle est privée : "Je crois que Jackson n'a jamais eu de relations sexuelles avec une femme ou avec un homme. Il n'a que des amis et s'il s'entend bien avec Brooke Shields c'est parce qu'ils ont été tous deux des enfants stars auxquels on a refusé une adolescence normale."
France-Soir du 25 juillet 1984 : "Lors d'une campagne de prosélytisme dans Central Park, des témoins de Jéhovah dont il fait partie font ouvertement référence à leur illustre membre. Dans un bar de Christopher Street où réside une importante communauté homosexuelle, le poster de Michael Jackson en jean moulant est en bonne place au-dessus du bar : une rumeur, pourtant infondée, a attribué au chanteur une liaison homosexuelle avec l'auteur-compositeur Clifton Davis..."
Plan du dossier :
19.1 Exorde
19.11 "Et ta sur !" Différence des sexes et territorialité : relevé des grafitti de la Sorbonne, mars 1982
19.2 Variations sur le prochain
19.3 Quand la théorie de la société est la théorie du marché
19.4 Les "30 glorieuses" et les 30 pleureuses
19.5 De Tati à Tati
19.6 Gradations dans l'expression de l'allophobie et dans son aveu
19.7 Territoire, proxémie, proximité : le proche et le lointain
19.8 Appartenance commune
19.9 Guetteurs au créneau
20.1 Othello, ou la tragédie de l'apparence
20.2 Phénotypes et stratification sociale : la naturalisation du droit
21.1 L'empire de la liberté : la techno-structure par l'exemple, neutralisation des fonctions et des genres
21.2 Loi du renouvellement technique et conséquences...
21.3 Hormones et territorialité : la dominance à l'épreuve de la valeur morale de la différence
21.4 L'individu, sentinelle avancée de l'espèce (1) : liaisons
21.5 L'individu, sentinelle avancée de l'espèce (2) : déliaisons
21.6 Logique du vivant, morale du vivant
21.7 Médialangue et culture-jeunesse, distance réfractaire et période réfractaire
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