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Copyleft : Bernard CHAMPION

présentation générale du site

3 Éléments d'Ethnographie Réunionnaise
Mots clés : Créolité Ancestralité Citoyenneté Départementalisation Patrimoine
Champs : Anthropologie du développement Anthropologie de l'image Patrimoine
Sociétés créoles Histoire postcoloniale Sociologie des institutions


1- Vingt ans après
2- Barreaux (en construction)
architecture créole
3- "Types de la Réunion" (en construction)
(don à la Société de Géographie du 6 novembre 1885)
4- Ancestralité, communauté, citoyenneté :
les sociétés créoles
dans la mondialisation (dossier pédagogique)
5- Madagascar-Réunion :
l'ancestralité (dossier pédagogique)
6- Ethnographie d'une institution postcoloniale :
Contribution à l'histoire de l'université de la Réunion (1991-2003)
7- Le grand Pan est-il mort ? :
hindouisme réunionnais, panthéisme, polythéisme et christianisme
8 - "La 'foi du souvenir' :
un modèle de la recherche identitaire en milieu créole ?
9 - Les Compagnies des Indes et l'île de La Réunion




Une présentation raisonnée des pages WEB qui composent ce site
sous forme d’un ouvrage électronique téléchargeable
sur la page d'accueil
(2 Go, 1900 pages au format A4)
voir
SOMMAIRE


anthropologieenligne.com : unité de l’homme et diversité des cultures


"Le grand Pan est-il mort ?"

note sur le sacrifice animal dans l'hindouisme réunionnais :
panthéisme, polythéisme et christianisme...

(page en cours)
(Éléments à développer ; notes et documents)

(suite...)


Code rural (partie réglementaire)
Paragraphe 2 : Abattage rituel

Article R214-73
Il est interdit à toute personne de procéder ou de faire procéder à un abattage rituel en dehors d'un abattoir. La mise à disposition de locaux, terrains, installations, matériel ou équipement en vue de procéder à un abattage rituel en dehors d'un abattoir est interdite.
Article R214-74
Avant l'abattage rituel, l'immobilisation par un procédé mécanique des animaux des espèces bovine, ovine et caprine est obligatoire. L'immobilisation doit être maintenue pendant la saignée.
Article R214-75
Sous réserve des dispositions du troisième alinéa du présent article, l'abattage rituel ne peut être effectué que par des sacrificateurs habilités par les organismes religieux agréés, sur proposition du ministre de l'intérieur, par le ministre chargé de l'agriculture. Les organismes agréés mentionnés à l'alinéa précédent doivent faire connaître au ministre chargé de l'agriculture le nom des personnes habilitées et de celles auxquelles l'habilitation a été retirée. Si aucun organisme religieux n'a été agréé, le préfet du département dans lequel est situé l'abattoir utilisé pour l'abattage rituel peut accorder des autorisations individuelles sur demande motivée des intéressés.
Les sacrificateurs doivent être en mesure de justifier de cette habilitation aux agents mentionnés aux articles L. 214-19 et L. 214-20.

Dispositions pénales
Article R215-8
II. - Est puni de l'amende prévue pour les contraventions de la 4e classe :
1º Le fait de ne pas se conformer aux prescriptions des articles R. 214-65 à R. 214-68 ;
2º Le fait d'utiliser des procédés d'immobilisation, d'étourdissement et de mise à mort non autorisés par arrêté, conformément aux articles R. 214-66, R. 214-72 et R. 214-74 ;
3º Le fait de procéder ou de faire procéder à une saignée dans des conditions contraires à l'article R. 214-71 ;
4º Le fait de ne pas immobiliser les animaux préalablement à leur étourdissement et, dans le cas de l'abattage rituel, préalablement et pendant la saignée ;
5º Le fait de suspendre un animal conscient, contrairement aux dispositions de l'article R. 214-69 ;
6º Le fait, en dehors des cas prévus à l'article R. 214-70, de ne pas étourdir les animaux avant leur abattage ou leur mise à mort ;
7º Le fait de mettre à disposition des locaux, terrains, installations, matériels ou équipements en vue d'effectuer ou de faire effectuer un abattage rituel en dehors d'un abattoir ;
8º Le fait d'effectuer un abattage familial sans respecter les conditions prévues à l'article R. 214-77 ;
9º Le fait d'introduire un animal vivant dans un établissement d'équarrissage en dehors de l'exception prévue à l'article R. 214-79 ;
10º le fait de pratiquer un abattage rituel sans y avoir été habilité dans les conditions prévues à l'article R. 214-75.
III. - Est puni de l'amende prévue pour les contraventions de la 3e classe le fait, pour tout sacrificateur, de ne pas être en mesure de justifier de son habilitation.

______

http://agriculture.gouv.fr/sections/publications/bulletin-officiel/2007/bo-n-47-du-23-11-07/note-service/downloadFile/FichierAttache_1_f0/DGALN20078277IZ.pdf?nocache=1134040585.85

Note de service du Ministère de l'agriculture en date du 19 novembre 2007 ayant pour objet le :
Bilan du déroulement de la Fête de Aïd-el-Adha de décembre 2006.

IV.2 – Protection animale :
Pour rappel, une dérogation à l’obligation d’étourdissement est prévue dans le code rural pour l’abattage rituel à la condition que les animaux soient immobilisés par un procédé mécanique avec un maintien de cette contention pendant la saignée.
Au regard des années précédentes, des améliorations ont pu être relevées :
- utilisation de bétaillères pour le transport.
- abattage étalé sur 2 jours, commençant la veille avec un étourdissement des animaux par électronarcose.
- achat de matériel (piège rituel+couloir de contention).
- réalisation de l’électronarcose de façon systématique.
Toutefois les problèmes suivants ont été rencontrés :
- transport d’animaux vivants dans des coffres de voitures.
- animaux entravés par des liens entaillant la chair.
- contention manuelle en l’absence de matériel d’immobilisation.
- difficultés d’adaptation du matériel (pièges) au gabarit des animaux.
- carte d’habilitation périmée.
- non-maîtrise du geste de jugulation du mouton et utilisation de couteaux non aiguisés de la part de sacrificateurs occasionnels, notamment de particuliers.
- temps de saignée insuffisant, entassement ou suspension d’animaux en cours de saignée.


Viande : le mode d'abattage mentionné ?
(AFP le 25/11/2010)

"Une cinquantaine de députés UMP ont déposé une proposition de loi pour que l'étiquetage de la viande -ou d'une préparation à base de viande- mentionne le mode d'abattage de l'animal, au nom "du droit à l'information du consommateur". "Une part importante des viandes issues d'un abattage rituel est commercialisée dans le circuit traditionnel sans qu'il soit fait mention de cette caractéristique", explique Nicolas Dhuicq (UMP), proche de Jean-François Copé et auteur de cette proposition de loi.

Le texte est cosigné par 48 de ses collègues UMP, dont le vice-président de l'Assemblée Marc Le Fur et la filloniste Valérie Rosso-Debord, et les deux élus villiéristes (MPF). Selon ces députés, le consommateur a le droit d'être informé du mode d'abattage pour "des raisons éthiques", ne pas vouloir consommer de la viande issue d'animaux abattus sans étourdissement, mais aussi religieuse.

Le consommateur "peut ne pas partager les croyances religieuses des fidèles qui ont recours à l'abattage rituel et s'offusquer qu'une prière vienne consacrer les aliments dont il se nourrit", relèvent-ils. "De la même manière, le consommateur est en droit d'être informé que l'achat de viande issue d'un abattage rituel implique une participation financière à un culte", poursuivent-ils. "Entre un tiers et deux tiers de la viande consommée est issue de la filière certifiée d'abattage rituel, tandis que le nombre de consommateurs potentiels représente tout au plus 1/10e de la population française", affirment ces députés dans l'exposé des motifs de cette proposition de loi."

Deux questions soulevées : le mode d'abattage, certes (l'animal doit être conscient – et non étourdi – au moment de la mise à mort), mais aussi l'idée, au-delà de l'hypothétique et involontaire financement d'un culte, l'adhésion de fait à la sacralisation d'une viande de boucherie, par définition profane. Pour le chrétien, le champ du religieux s'est émancipé de l'identification animale (voir l'Épitre aux Hébreux sur l'inefficience des sacrifices).
Étonnement de l'astronome Le Gentil dans le sud malgache 
: "Les habitans de Madagascar sont très-carnaciers ; malgré cela, ils ne peuvent pas manger beaucoup de viande ; sur-tout au Fort-Dauphin, parce que personne, hormis le Roi et les Chefs, n'a la permission de tuer ni poule, ni bœufs. Je trouvai très-singulier de me voir dans un pays où les Rois, les Chefs ou Seigneurs des villages, étoient les seuls bouchers de l'État ; ce sont eux en effet qui mettent le couteau dans la gorge de la bête ; le peuple ne mange de la viande au Fort-Dauphin, que quand ceux-là leur en donnent..." (Voyage dans les mers de l'Inde, tome second, 1781, p. 548-549 ; souligné par nous). Un chrétien n'est en effet pas accoutumé à cette interdépendance du religieux, du diététique et... du politique. (voir : Zafimahavita, contribution à l’ethnographie d’un village du sud-est malgache : sur le “choc des cultures”)

http://christinetasin.over-blog.fr/article-resistance-republicaine-operation-non-au-tout-halal-52959506.html :

"Trop c’est trop. Partout se multiplient les ventes de produits halal et uniquement halal, les barbecues halal, organisés par des municipalités, tant qu’à faire, pourtant garantes a priori de la séparation du public et du privé seul domaine où la religion doit avoir droit de cité.
C’est ainsi que, peu à peu, on habitue les habitants de ce pays à trouver normal de consommer de la viande d’animaux tués de façon abominable pour complaire à une tradition barbare et moyennageuse, de financer les mosquées qui sont seules habilitées à estampiller halal les viandes en prélevant leur dîme au passage et de suivre, que cela leur plaise ou pas, quelle que soit leur confession, quelle que soit leur croyance, un rite correspondant à la charia musulmane, qui s’impose ainsi peu à peu à tous."
Selon plusieurs associations de défense des animaux, tous les consommateurs peuvent se retrouver à manger, sans le savoir, de la viande halal et casher. Un député UMP va déposer une proposition de loi pour réglementer l'étiquetage.


Les pro-animaux mettent l'abattage rituel à l'affiche
Le Figaro.fr 20/01/2011

Les associations de défense des droits des animaux ont voulu frapper un grand coup, avec, pour la première fois, ce slogan placardé dans une cinquantaine de villes de France. Objectif: dénoncer les souffrances endurées par les animaux lors de l'abattage religieux, qui diffère de l'abattage traditionnel. En France, ce dernier nécessite, depuis un décret de 1964, l'étourdissement des animaux avant leur mise à mort. En étant inconscient, l'animal souffre moins. La pratique peut se faire de façon mécanique (pistolet), électrique (pinces) ou encore à l'aide de gaz.
Mais ce procédé n'existe pas en cas d'abattage rituel. Dans les religions juive (casher) et musulmane (halal), l'abattage consiste en effet à tuer l'animal alors qu'il est conscient, en le saignant à l'aide d'un couteau planté dans la gorge. La réglementation européenne prévoit une dérogation à l'obligation d'étourdissement préalable des animaux, uniquement dans le cadre strict de la liberté de culte. Une exception qui met en colère les associations. «Je ne supporte plus que pour plaire à un dieu, on égorge les animaux sans étourdissement préalable, comme au Moyen Âge, alors que nous avons des moyens modernes d'éviter la souffrance animale», explique ainsi Brigitte Bardot, à l'origine, avec six autres associations, de cette campagne d'affichage.

Une agonie pouvant aller jusqu'à 14 minutes

Interrogé par lefigaro.fr, le cabinet du grand rabbin de France y voit lui une «campagne de désinformation», mais se refuse à tout autre commentaire. De son côté, si la Grande Mosquée de Paris dit ne pas se sentir très concernée par cette attaque, elle précise que, dans ses pratiques, «l'animal ne souffre pas : la lame est très aiguisée et le coup porté dans la gorge étudié de façon à ce que sa mort soit immédiate, contrairement à ce que les affiches de Brigitte Bardot laissent entendre». Faux, répond la Fédération des vétérinaires d'Europe, qui explique que l'animal ne meurt pas sur le coup et doit avant se vider de son sang. Chez le bovin, l'agonie peut durer jusqu'à quatorze minutes (rapport 2009 de l'INRA sur les douleurs animales).
Depuis quelques mois, l'affaire prend une tournure politique. En septembre dernier, Nicolas About, sénateur du Nouveau Centre, déposait une proposition de loi visant à établir un quota d'abattage rituel par abattoir ainsi qu'un étiquetage spécifique des viandes. Un mois plus tard, une seconde proposition était faite par un député UMP, Nicolas Duihcq, soutenu par d'autres députés tels que Christian Vanneste (voir la proposition ici). «Nous avons atteint un niveau de conscience qui fait qu'aujourd'hui se pose la question du bien-être animal, explique Nicolas Duihcq au figaro.fr. L'animal, sans être étourdi avant d'être égorgé, souffre, c'est un fait. Il y a des gens qui ne souhaitent pas consommer de la viande abattue rituellement car eux sont attachés à la cause animale, à sa souffrance. Cela pose donc quand même un problème majeur de la liberté de conscience». Si depuis, sa proposition a été retirée dans l'attente de nouvelles auditions, Nicolas Duihcq entend déposer une nouvelle proposition de loi pour le mois de février.

«Le consommateur a le droit de savoir ce qu'il mange»

Car, au delà de la question de la question de la souffrance de l'animal, se pose le problème de la possibilité de connaître la provenance de la viande et les conditions dans lesquelles l'animal a été abattu. Selon les associations de défense des animaux, de la viande halal et casher se retrouve sans aucune mention dans les étalages des supermarchés. L'abattage rituel se déroulant dans des abattoirs traditionnels, ces derniers n'hésiteraient pas à ne plus faire de distinction dans leurs méthodes d'abattage. Ils n'hésiteraient pas non plus, en ce qui concerne le casher, à réutiliser dans le circuit traditionnel des morceaux non licites. Dans la religion juive, toute la partie arrière de l'animal, après la huitième côte, est considérée comme non casher, sauf si le nerf sciatique est retiré, ce qui n'est pas le cas dans les abattoirs français. Les parties «non consommables» de la bête se retrouvent donc redirigées vers la consommation traditionnelle.
Selon la Fondation Brigitte Bardot*, plus de 60% des ovins-caprins, 28% des gros bovins et 43% des veaux seraient ainsi abattus sans étourdissement (toutes religions confondues), alors que les pratiquants musulmans et juifs ne représenteraient environ que 7% de la population française. «Actuellement, la France ne semble pas vouloir remédier à cette tromperie qui constitue une grave violation de la liberté de conscience, alors que le parlement européen s'est déclaré favorable à cet étiquetage à une très large majorité», assurent les associations. «Il faut permettre à chacun, en son âme et conscience, de faire le choix de consommer ou non, une viande issue d'une souffrance inacceptable», ajoute Reha Hutin, présidente de la Fondation 30 Millions d'Amis. Le député Nicolas Duihcq songe notamment à apposer l'étiquetage «avec ou sans étourdissement», sous la forme d'une lettre ou d'un code, sur le carton d'emballage de la viande. «Le consommateur a le droit de savoir ce qu'il mange. Il a le droit de ne pas manger de la viande abattue selon un rite auquel lui ne croit pas».
*Enquête menée par l'OABA (Œuvre d'assistance aux bêtes d'abattoir) dans 225 établissements d'abattage.

L'abattage rituel bientôt soumis à une autorisation préfectorale
(AFP le 29/12/2011)

Abattage des moutons pour l'Aïd El-Kébir, à Marseille, le 16 novembre 2010 (AFP/ANNE-CHRISTINE POUJOULAT)

Les défenseurs des animaux se disent relativement satisfaits. Un décret publié mercredi 28 décembre au Journal officiel stipule que les abattoirs pratiquant l'abattage rituel devront obtenir à compter du 1er juillet 2012 une autorisation préalable du préfet.
Selon le décret n° 2011-2006 et l'arrêté du 28 décembre 2011, les abattoirs qui pratiquent l'abattage rituel ne pourront le faire que "si le système d'enregistrement mis en place permet de vérifier que l'usage de la dérogation correspond à des commandes commerciales qui le nécessitent".

La demande d'autorisation devra être adressée au préfet du département du lieu d'implantation de l'abattoir, qui disposera d'un délai de trois mois à compter de la réception complète du dossier pour statuer sur la demande.
"INSENSIBILISER LES BÊTES AVANT DE LES ÉGORGER"
Ce système de traçabilité a été salué, jeudi, dans un communiqué par la Fondation Brigitte-Bardot (FBB), qui "dénonce depuis des années la dérive observée dans les abattoirs avec une généralisation de l'abattage sans étourdissement". "Pouvoir justifier qu'un abattage rituel correspond à une commande spécifique est un point important car, actuellement, la plus grande partie des viandes issues de ce type d'abattage se retrouve dans les circuits classiques sans aucune indication pour les consommateurs", a estimé pour sa part Christophe Marie, porte-parole de la FBB.
"Ces textes vont dans le bon sens mais restent très insuffisants car les conditions même de l'abattage rituel sont inacceptables. Il est impératif d'insensibiliser les bêtes avant de les égorger, c'est un minimum, aujourd'hui les bovins peuvent agoniser quatorze minutes après avoir eu la gorge tranchée, le gouvernement ne remet pas en cause cette pratique", a-t-il poursuivi.

Viande halal : les industriels rejettent la charge de Le Pen

Par Benjamin Ferran
Mis à jour le 19/02/2012 à 13:30 | publié le 19/02/2012 à 10:50
Selon la présidente du Front national, "l'ensemble de la viande" distribuée en Ile-de-France est abattue selon des rites halal. Une affirmation "absolument fausse", rétorquent les industriels.

Accusés samedi par Marine Le Pen d'abattre selon des rites halal «l'ensemble de la viande» distribuée en Ile-de-France, les industriels se défendent. Le président de l'Association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes (Interbev), interrogé par France Info, juge l'accusation de la présidente du Front national "absolument fausse".
"En Ile-de-France, une très grande majorité de la viande n'est pas abattue selon le rite halal ou casher", qui consiste notamment à tuer les animaux sans étourdissement préalable, assure ainsi Dominique Langlois. "Il peut se trouver que des pièces ou des morceaux de viandes soient issues de carcasses abattues selon ces rites, mais cela ne change en rien la qualité de la viande et ça ne modifie pas du tout les qualités du produit", complète-t-il.
Pour les professionnels de la viande, l'accusation de Marine Le Pen "se veut strictement politique et ne correspond pas à la réalité des choses". "C'est un débat qui ne peut que nuire à la fois à l'industrie de la viande française et à la production française qui n'en a pas besoin", prévient le président d'Interbev.
Les associations de défense des animaux mobilisées
Ce débat n'est pas nouveau. Depuis un décret de 1964, l'abattage nécessite en France l'étourdissement des animaux avant leur mise à mort, ce qui atténue leur souffrance. Mais une réglementation européenne prévoit une dérogation, "lorsque l'étourdissement n'est pas compatible avec les prescriptions rituelles relevant du libre exercice du culte".
L'an dernier, six associations avaient dénoncé la part grandissante des animaux abattus selon des rites juifs ou musulmans. D'après la Fondation Brigitte-Bardot, qui avait fait mener une enquête dans les abattoirs, plus de 60% des ovins-caprins, 28% des gros bovins et 43% des veaux étaient alors tués sans étourdissement.
En Ile-de-France, selon une étude réalisée par la Maison de l'élevage et citée cette semaine dans l'émission Envoyé spécial sur France 2, les cinq abattoirs de la région respectent le rite musulman et n'assomment pas leurs animaux. Les raisons seraient économiques, afin de distribuer de la viande dans les boucheries halal et traditionnelles, où les consommateurs ne sont pas forcément avertis du mode d'abattage.
Une autorisation avant de déroger à l'étourdissement
Deux propositions de loi avaient été déposées fin 2010, au Sénat à l'Assemblée, sans aboutir, pour obtenir un étiquetage spécifique des viandes abattues sans étourdissement. "Le consommateur a le droit de savoir ce qu'il mange. Il a le droit de ne pas manger de la viande abattue selon un rite auquel lui ne croit pas", faisait valoir le député UMP Nicolas Dhuicq. Un nouvel amendement, déposé en septembre 2011, a lui aussi été rejeté.
Le 29 décembre dernier, un décret est toutefois paru au Journal officiel, imposant aux 275 abattoirs français d'obtenir, à compter du 1er juillet 2012, une autorisation préfectorale avant de déroger à la règle de l'étourdissement. "Celle-ci ne [pourra] être accordée qu'aux abattoirs qui justifient [...] d'un système d'enregistrement permettant de vérifier qu'il n'est recouru à l'abattage sans étourdissement préalable qu'à raison de commandes commerciales le justifiant", a expliqué le ministère de l'Agriculture.
Marine Le Pen veut déposer plainte
Les associations de défense des animaux se sont déclarées plutôt satisfaites de ce texte. "Pouvoir justifier qu'un abattage rituel correspond à une commande spécifique est un point important car, actuellement, la plus grande partie des viandes issues de ce type d'abattage se retrouve dans les circuits classiques sans aucune indication pour les consommateurs", avait rappelé Christophe Marie, porte-parole de la Fondation Brigitte-Bardot.
Marine Le Pen ne souhaite cependant pas attendre l'entrée en vigueur du décret. En marge de la convention de son parti, qui se tient ce week-end à Lille, elle a annoncé son intention d'attaquer "quelques grandes enseignes de la grande distribution en Ile-de-France pour tromperie sur la marchandise". Elle a précisé vouloir déposer une plainte avec constitution de partie civile pour qu'un juge d'instruction soit saisi, ce qui pourrait déboucher sur une enquête de plusieurs mois.
Du côté du gouvernement, on affirmait dimanche ne pas avoir "d'informations précises" sur le mode d'abattage des abattoirs d'Ile-de-France. Mais un porte-parole du ministère de l'Alimentation a souligné que la viande distribuée dans la région "ne provenait pas exclusivement" de ces abattoirs de "proximité", qui "peuvent avoir à approvisionner telle ou telle communauté, et donc travailler en fonction du rituel d'abattage halal ou casher".

Abattage: Bardot accuse Sarkozy

AFP Mis à jour le 05/03/2012 à 18:05 | publié le 05/03/2012 à 18:02

Brigitte Bardot a accusé aujourd'huiNicolas Sarkozy, dans une lettre ouverte, de n'avoir pas tenu ses engagements et d'être responsable de la généralisation de "l'égorgement à vif" des animaux de boucherie.

Ce courrier fait suite à la proposition du chef de l'Etat, faite samedi à Bordeaux, d'étiqueter la viande en fonction de la méthode d'abattage, chacun ayant "le droit de savoir ce qu'il mange, halal ou non". "C'est par vous et par votre faute que l'égorgement à vif s'est généralisé en France, par votre faute que les consommateurs français sont trompés", écrit l'ancienne actrice au président de la République, dans une lettre rendue publique par sa Fondation.

"Le 22 décembre 2006, vous m'écriviez: 'Je veux, maintenant, que les abattoirs halal s'engagent, concrètement et rapidement, dans la voie d'une généralisation de l'étourdissement préalable'... Encore une promesse non tenue, encore un mensonge insupportable", s'indigne-t-elle. "Comment les Français pourraient-ils encore vous croire et vous faire confiance?". "Vos derniers propos sur l'étiquetage des viandes provenant d'animaux égorgés à vif, dans des conditions ignobles, me donnent la nausée car ils témoignent de toute votre malhonnêteté!", poursuit-elle.

Selon BB, l'abattage rituel des animaux entraîne l'agonie des bovins pendant 14 minutes, après avoir eu la gorge tranchée, "une barbarie immonde qui représente aujourd'hui 51% des abattages en France".

Fillon crée la polémique sur le halal et le casher

Mis à jour le 06/03/2012 à 14:24 | publié le 06/03/2012 à 09:46

François Fillon, à propos de la viande halal et casher: «On est dans un pays moderne, il y a des traditions qui sont ancestrales, qui ne correspondent plus à grand-chose».

En affirmant, à titre personnel, que les abattages selon les rites musulman et juif «ne correspondent plus à grand-chose dans un pays moderne», le premier ministre a suscité la colère d'associations juives et musulmane, ainsi que le malaise de cadres de l'UMP.

François Fillon fait l'unanimité... contre lui. Mardi, une association musulmane et les principaux représentants juifs, mais aussi des cadres de l'UMP et des membres de l'opposition, de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer les propos tenus, la veille sur Europe 1, par le premier ministre sur les rites d'abattage de la viande.
S'exprimant à titre personnel sur le halal et le casher, François Fillon avait lancé: "On est dans un pays moderne, il y a des traditions qui sont des traditions ancestrales, qui ne correspondent plus à grand-chose alors qu'elles correspondaient dans le passé à des problèmes d'hygiène". "On pourrait y réfléchir", avait-il enchaîné, avant de préciser que ce n'était "pas le jour et pas le moment d'engager ce débat".

Face au tollé provoqué par ses déclarations, le premier ministre a annoncé, mardi après-midi, qu'il allait recevoir le grand rabbin de France, Gilles Bernheim, ainsi que le président du Consistoire central (qui regroupe les associations juives du pays), Joël Mergui, mercredi à Matignon. Objectif : "parler directement avec eux", pour mettre fin à une polémique grandissante et générale.

"Déclaration stupéfiante", "parole méprisante"
Se disant "choqué", le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Richard Prasquier, a ainsi affirmé avoir trouvé "la déclaration de François Fillon stupéfiante". "Même s'il dit que c'est à titre personnel qu'il s'exprime, quand on est premier ministre, on a une parole officielle. Nous sommes dans un pays de séparation de l'Église et de l'État", a-t-il réagi. Et d'en appeler à l'Élysée : "Il serait normal que le président de la République rappelle ce qu'il en est de la loi à ce sujet".
L'Union des étudiants juifs de France (UEJF) s'est également dite "outrée". L'association est "choquée par les considérations dénigrantes que le premier ministre porte sur les traditions religieuses relatives à l'alimentation, est-il écrit dans un communiqué. En affirmant que celles-ci 'ne correspondent plus à grand-chose', il porte une parole méprisante à l'égard des Français qui observent ces règles religieuses".
Gilles Bernheim, grand rabbin de France, s'est enfin dit "très gêné" par un "débat qui n'a pas lieu d'être". Nous sommes en période de crise, en quoi le problème de la viande casher et de la viande halal est un problème majeur pour la France ?", s'est interrogé Gilles Bernheim, mardi sur la chaîne LCP-AN.
Le discours n'est pas différent du côté des institutions musulmanes. Le Conseil français du culte musulman (CFCM) "ne comprend pas et n'accepte pas que l'islam et les musulmans servent de boucs émissaires dans cette campagne", a indiqué son président, Mohammed Moussaoui, mardi.

"Ces provocations doivent s'arrêter"
La polémique a également débordé du cadre de la société civile, pour pénétrer le monde politique. Et les critiques à l'endroit du premier ministre sont, d'abord, venues de son propre camp. Salima Saa, secrétaire nationale de l'UMP chargée du développement urbain, s'est déclarée "attristée de voir s'étaler des jugements négatifs et dévalorisants sur les musulmans de France". Et cette figure montante du parti, par ailleurs présidente du conseil d'administration de l'Agence nationale pour la cohésion sociale et l'égalité des chances (Asce), d'attaquer : "Je ne cautionne pas les propos qui assimilent l'abattage de la viande halal à des "pratiques ancestrales". Au nom de quoi parle-t-on de pratiques ancestrales ? Où est le respect de la foi, des pratiques et des individus ? [...] De tels propos n'ont pas de place dans le débat". Affirmant que six millions de Français sont musulmans, Salima Saa conclut : "Ce genre de provocations doit s'arrêter. Il faut mettre fin aux discours de préjugés et de stigmatisation".
Cadre du parti majoritaire, Alain Juppé a montré un certain malaise. "J'ai déjà dit que le 'choc des civilisations' n'était pas ma tasse de thé. Je pense que le problème de la viande halal est un faux problème en réalité, qu'il y a d'autres vraies questions qu'il faut se poser', a déclaré le ministre des Affaires étrangères.

Hollande appelle à la "retenue"
Hors de l'UMP aussi, les critiques ont fusé. Mardi après-midi, François Hollande a demandé de la «retenue». "J'appelle -est-ce pourtant mon rôle ?- le président de la République, pour le temps où il est encore dans cette fonction-là, et le Premier ministre, à avoir de la retenue et à ne pas froisser un certain nombre de consciences", a réagi le candidat socialiste.
Côté PS, François Rebsamen y est aussi allé de sa réplique, plutôt sur le ton de l'ironie. "C'est Gaston Lagaffe là, lui aussi s'y met !", s'est amusé, mardi matin, le sénateur socialiste. Avant de railler la campagne menée par la droite: "Guéant, Fillon, même Juppé qui se met à dire des foutaises : on a l'impression que c'est panique à bord à l'UMP".
Pour Dominique de Villepin, candidat de République solidaire, "François Fillon aurait eu mieux fait de se taire". Et, de son côté, le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, invité de Parole de Français sur TF1 lundi soir, a affirmé que les propos de François Fillon soulignent que "l'extrême-droitisation de la droite a commencé".


L’abattage selon le rite islamique
(éléments extraits d'un site confessionnel francophone ;
n'y figure pas la dérogation au décret de 1964 : art. 2 Décret modifié n° 64334 du 16 avril 1964)

Les règles de l’abattage Halal :

1. L’animal :
L’animal doit faire partie de la catégorie des animaux autorisés à être consommés en Islam et doit être vivant au moment de l’abattage.

2. Le sacrificateur :
Le sacrificateur doit être un homme ou une femme, conscient, musulman de toute tendance ou appartenant aux gens du Livre. Si le sacrificateur perd la raison par ivresse ou par folie ou s’il est athée, l’abattage ne sera pas considéré Halal.

3. L’outil :
L’outil de l’abattage doit être propre, tranchant, métallique et devra couper par son rebord tranchant et non par son poids. Si besoin, il est possible d’utiliser une pierre, du bois, du verre, un bambou, un os, à partir du moment où celui-ci a un côté tranchant. Les dents et les ongles sont exclus.

4. La coupe :
La coupe doit se faire d’un geste rapide et franc, par devant l’animal (Al Zabeh), pour inciser les 4 éléments de la vie, à savoir, les 2 veines jugulaires, la trachée (respiration) et l’œsophage (alimentation).

5. Les prières :
Le sacrificateur doit réciter la prière Bisemallah au moment de l’abattage.

Sourate 6 - Al-An’âm (Les Bestiaux).
Verset 121 : «Et ne mangez pas ce sur quoi le nom d’Allah n’a pas été prononcé, ce serait assurément une perversité ».

6. L’orientation :
L’orientation vers La Mecque au moment de l’abattage est préférable. Si la direction de La Mecque est connue, mais que l’abattage est tout de même fait sciemment dans une direction opposée, l’abattage ne sera pas considéré Halal. Si l’orientation vers La Mecque n’est pas respectée par oubli, par méprise ou par ignorance, l’abattage sera Halal. L’orientation du sacrificateur vers La Mecque au moment d’accomplir le geste est également préférable, mais pas obligatoire.

7. L’abattage par les gens du Livre :
Sourate 5 - Al-Ma’idah (La Table Servie).
Verset 5 : « Vous sont permises, aujourd’hui, les bonnes nourritures. Vous est permise la nourriture des Gens Du Livre et votre propre nourriture leur est permise ».

Conclusion :
L’outil doit être bien aiguisé et l’abattage ne doit pas faire souffrir l’animal. L’abattage Halal est pratiqué dans le souci de préserver la santé de l’homme d’une part et pour respecter les préceptes de l’abattage Halal d’autre part. En Islam, tout être vivant a une âme et il ne faut pas abuser ni faire souffrir l’animal au moment de l’abattage. Il doit être traité dans de bonnes conditions avant l’abattage en lui donnant à boire et à manger. Il ne faut pas abattre un animal devant un autre animal, ni dépecer ou déplumer l’animal avant de s’assurer qu’il soit effectivement mort. Il est important de souligner que la production et la présence de produits d’origine porcine sur un site de production entrave l’aspect Halal des autres produits de ce site qui sont par conséquent considérés Haram.

Ces règles d’abattage ne s’appliquent pas aux produits de la mer.


Abattage rituel: "commission théologique"

AFP Publié le 08/03/2012 à 13:46

Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a annoncé aujourd'hui la prochaine mise en place d'une "commission théologique" chargée "d'observer si la pensée religieuse de l'islam" permettait "un certain nombre d'avancées" sur l'abattage rituel.

"Nous allons mettre en place une commission théologique pour observer si la pensée religieuse de l'islam n'a pas donné un certain nombre de possibilités d'avancées qui tiennent compte et de l'abattage rituel dans son principe - qui reste un principe de l'islam - mais aussi peut-être de la souffrance de l'animal", a déclaré M. Boubakeur, au terme d'un entretien avec François Fillon, après les déclarations de ce dernier sur les "traditions ancestrales" des pratiques religieuses.

Les Réunionnais au régime halal

Clicanoo.re, publié le 9 mars 2012 06h09
Marie Payrard

Un rapport confidentiel du conseil général de l’alimentation montre que la moitié de la viande consommée en métropole est halal. Qu’en est-il à la Réunion ? D’après notre enquête, la quasi-totalité de la viande produite dans notre île serait abattue selon le rite halal, à l’insu du consommateur. Mais la polémique sur la souffrance des animaux n’a pas lieu d’être ici. Explications.

Un pavé de bœuf lancé dans la mare électorale. C’est Marine Le Pen qui a mis la première les pieds dans le plat à la mi-février en affirmant que la totalité de la viande distribuée en Île-de-France était halal. Depuis, le débat s’est invité au menu de la campagne présidentielle, avec parfois quelques relents faisandés (lire par ailleurs). Une polémique que certains musulmans ont aujourd’hui du mal à digérer. “Cela commence à faire beaucoup en matière de stigmatisation des musulmans, déplore Houssen Amode, président du conseil régional du culte musulman de la Réunion (CRCM). Nous refusons ainsi d’être instrumentalisés à des fins électoralistes et nous attendons de ceux qui gouvernent, ou qui aspirent à le faire, qu’ils cessent de jouer à ce jeu dangereux de la division sur le territoire de la République.” Mais la polémique a été relancée mercredi soir par le site du magazine Le Point qui a révélé des extraits du rapport confidentiel du conseil général de l’alimentation. Selon cet audit de 54 pages, le volume d’abattage rituel est estimé à 40 % pour les bovins et 60 % pour les ovins “alors que la demande en viande halal ou casher devrait correspondre à environ 10 % des abattages totaux”. Les 17 experts du ministère de l’Agriculture qui ont rédigé ce rapport écrivent : “Ce qui ne devait être qu’une dérogation s’est généralisé, et il convient donc d’analyser les causes de cette dérive.” Mais ces chiffres ont été vivement contestés par Bruno Le Maire : “C’est 14 % du tonnage des viandes abattues en France qui sont abattues rituellement”, a objecté le ministre de l’Agriculture.

HALAL CHEZ MAC DO, PAS CHEZ QUICK
Qu’en est-il dans notre département ? “Toute la viande est halal à la Réunion”, avait déjà eu l’occasion de souligner discrètement dans nos colonnes, Alçay Idriss Mourouvaye, membre de la commission de surveillance du halal Réunion (CSHR). Le sujet semble tabou, au regard du silence que nous ont opposé nos interlocuteurs tout au long de cette enquête. Sous couvert d’anonymat, les langues se délient. “Tout le bœuf et la volaille abattus à la Réunion sont halal”, assure un fin connaisseur du dossier. Pourtant, seule une infime partie est étiquettée comme tel en rayon des supermarchés. La plupart des consommateurs ignorent ainsi manger de la viande abattue selon le rite halal. “Tous les musulmans le savent et achètent même des produits non certifiés halal car c’est aussi sûr”, affirme un membre de la communauté musulmane qui travaille dans la viande. En réalité, la viande produite à la Réunion n’est pas entièrement halal. Évidemment le porc - puisqu’il est interdit aux musulmans - ne l’est pas, mais aussi le lapin, quelques produits transformés (ex : les saucisses de poulet car elles ont un colorant de carmin fabriqué à partir de cochenille), les volailles vendues avec la tête, et une minorité de canards (48 000 bêtes chaque année). Autrement dit une infime minorité de la viande produite localement. En revanche, on ne connaît pas la proportion de viande halal qui est importée et qui représente la majorité de la viande consommée dans l’île (selon l’association réunionnaise interprofessionnelle du bétail (Aribev), 73 % des bœufs achetés dans l’île sont importés et 47 % des volailles). La politique varie d’une enseigne à l’autre. Ainsi, toute la viande importée chez Quick Réunion n’est pas abattue selon le rite musulman, à l’inverse des Mac Donald’s locaux, qui proposent des hamburgers 100 % halal.

LA RAISON ÉCONOMIQUE
Dans le petit abattoir de canards de La Plaine-des-Palmistes, Sébastien Blard a fait le choix de ne pas tuer ces animaux selon ce rite religieux, mais pour une raison avant tout économique : “Je me suis renseigné pour mettre en place du halal, ça ne changerait pas grand-chose car les procédés pour les tuer sont identiques.?Mais en revanche, ça représente un surcoût car il faudrait rémunérer un certificateur.” Dans le plus important abattoir de volailles de l’île (dinde, canard, poulet, pintade), on reconnaît à demi-mot que la production est entièrement halal. “Je pense que les gens le savent”, soutient Juliette Calvet, responsable communication d’Avicom, l’abattoir de l’Étang-Salé. La question de vendre à la consommation des produits halal qui ne sont pas indiqués comme tel ne l’inquiète pas : “Si les consommateurs en ressentent le besoin, il faudra qu’on trouve des solutions techniques pour les satisfaire comme mettre en place deux chaînes d’abattage.” Les deux principaux abattoirs de l’île (Étang-Salé et Saint-Pierre) ne l’ont pas déjà mis en pratique car cela représenterait pour eux un surcoût.

“UN SUJET HYPER SENSIBLE”
En métropole, la question de la souffrance animale est aujourd’hui au centre du débat, car les animaux ont la gorge tranchée sans avoir été préalablement étourdis. Mais cette problématique n’est pas sur le grill à la Réunion car le rituel est différent (lire par ailleurs). D’aucuns y voient une poussée communautariste, d’autre une tromperie sur la marchandise et des laïcs s’offusquent. “C’est un sujet hyper sensible, avoue Juliette Calvet. Je suis laïque mais ça me choque qu’on puisse avoir un débat là-dessus car pour moi, on a passé ce cap à la Réunion.” Pour Paul Martinel, ancien président de l’Aribev, “on est en train de faire tout un plat avec cette affaire. Si on mange halal, on s’en porte pas plus mal.” Il y a quelques jours, Nicolas Sarkozy a tenté de dépassionner le débat en proposant d’étiqueter les produits en fonction du type d’abattage : “Ça me semble mettre un terme à la polémique” ?

Ici, les animaux souffrent moins

Clicanoo.re publié le 9 mars 2012 06h10

Depuis que le halal est devenu un thème de campagne, les associations de défense des animaux sonnent à l’hallali contre la souffrance qui est infligée aux animaux soumis à ce rituel religieux. Le Coran exige que les bêtes soient vivantes lorsqu’elles sont égorgées. À partir de là, différentes interprétations ont été faites sur la manière dont l’animal doit être abattu. En métropole, la plupart des abattoirs certifiés halal tuent les animaux sans préalablement les étourdir, c’est-à-dire lorsqu’ils sont conscients. Ce qui accroît considérablement leur douleur, détaille le rapport confidentiel du conseil général de l’alimentation. Mais ce n’est pas le procédé qu’ont retenu les autorités religieuses locales. Comme l’affirme Laurent Lasne, chef du service alimentation à la direction de l’alimentation de l’agriculture et de la forêt (DAAF), “à La Réunion, toutes les bêtes sont étourdies avant d’être abattues”. Et ce n’est pas la législation qui les y contraint. Selon l’article R 214-70 du code rural et de la pêche maritime, il est obligatoire d’étourdir les animaux avant la mise à mort, sauf si cela “n’est pas compatible avec la pratique de l’abattage rituel”. Cette dérogation, obtenue par les musulmans et juifs, qui devait être l’exception est presque devenue la règle en métropole. Mais pas à la Réunion (hormis le jour de l’Aïd-el-kébir). “Nos volailles sont électronarcosées (ndlr, endormies par électrocution), explique Juliette Calvet, responsable communication d’Avicom. Elles sont accrochées par les pattes et leur tête passe dans un cours d’eau qui est électrisé. Quand elles sont saignées, elles ne sont donc pas conscientes.” Même processus pour les bœufs, moutons et cabris, comme le précise Laurent Lasne : “Les bœufs sont dirigés dans une boîte métallique avec un trou où ils déposent leur tête, relevée par une mentonnière. L’animal est coincé dans ce que l’on appelle un piège. Il va alors pouvoir être endormi à l’aide d’un pistolet d’assommage. Ensuite, il sera saigné.” Des égorgements réalisés par des sacrificateurs habilités par le préfet - en métropole ce sont des mosquées qui accordent cette habilitation - et durant lesquels une sorte de prière est dite. Au final, il n’y a donc guère de différence entre un abattoir halal et non halal dans notre département.

Comment réduire la souffrance animale lors de l'abattage rituel ou conventionnel

LE MONDE | 28.03.2012 à 11h55 • Mis à jour le 28.03.2012 à 11h55
Catherine Vincent

Près de 1 500 personnes selon la préfecture, 3 000 selon les organisateurs, et un message unique sur les banderoles et les tee-shirts : "Nos voix pour les animaux." Organisée à Nîmes, samedi 24 mars, par sept associations, la Marche des animaux avait pour objet d'interpeller les candidats à l'élection présidentielle sur la souffrance animale. Parmi leurs revendications : la gestion des dérives de l'abattage sans étourdissement, dont la pratique excède largement la demande des consommateurs de viande halal ou casher.
"Depuis 1964, l'étourdissement préalable des animaux est obligatoire en France afin d'éviter la souffrance lors de l'abattage. Une dérogation permet toutefois d'abattre les animaux en pleine conscience, sans insensibilisation, dans le cadre strict de l'abattage rituel. Or, sous couvert de cette dérogation, de nombreux abattoirs français ont généralisé cette pratique en dehors de tout cadre religieux", rappelle le manifeste publié par ces associations.
Logique économique oblige, de nombreux industriels renoncent en effet à s'équiper de deux chaînes d'abattage, et mettent dans le circuit classique, en l'absence de toute traçabilité, d'importantes quantités de viande issue de l'abattage rituel.
"Alors que la demande en viande halal ou casher devrait correspondre à environ 10 % des abattages totaux, on estime que le volume d'abattage rituel atteint 40 % des abattages totaux pour les bovins et près de 60 % pour les ovins. Ce qui ne devait être qu'une dérogation s'est généralisé", confirme le Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux dans un rapport datant de novembre 2011.
Un constat toutefois démenti par son propre ministre de tutelle, Bruno Le Maire, pour qui seuls 14 % des bovins et ovins en tonnage, et 26 % en nombre d'animaux, sont abattus sans étourdissement.

"MAUVAISES MANIPULATIONS"
Au-delà des chiffres, la vraie question que pose cette dérive en termes de protection animale est la suivante : les souffrances des bêtes tuées sans étourdissement sont-elles plus importantes que dans les abattages conventionnels, comme le soutiennent les associations ? Globalement oui, répondent les scientifiques. Mais avec des nuances.
Effectué par électronarcose, au moyen d'une tige perforante provoquant des lésions mécaniques du crâne et du cerveau, ou par recours au gaz (technique peu usitée en France), l'étourdissement a pour but de faire perdre conscience à l'animal avant la saignée fatale.
D'après plusieurs études européennes, la tige perforante et l'électronarcose provoquent une perte de conscience immédiate lorsqu'elles sont bien utilisées. Ce qui n'est pas toujours le cas.
"Un des inconvénients majeurs de l'électronarcose, surtout quand elle est automatisée, est lié aux mauvaises manipulations, aux difficultés de positionnement des électrodes et à leur paramétrage. Incorrectement employées, elles peuvent stimuler des récepteurs de la douleur sans induire l'inconscience", soulignait Pierre Le Neindre, chercheur à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), dans un rapport sur les douleurs animales réalisé en 2009.
De même avec la tige perforante, pour laquelle les taux d'échec, et donc les risques de douleur, vont "de 6% à 16% chez les bovins dans les abattoirs commerciaux".
Dans le cas d'une saignée sans étourdissement, c'est la perte de sang qui induit l'inconscience, puis la mort. En combien de temps ? C'est là tout le problème. "Les études sur les ovins saignés directement montrent des résultats assez constants : 14 secondes en moyenne jusqu'à la perte de conscience. Chez la volaille, les résultats sont plus variables, entre 14 et 44 secondes", indique Claudia Terlouw, éthologue à l'INRA de Clermont-Ferrand.

DE LONGUES MINUTES D'AGONIE
C'est chez les bovins que la perte de conscience tarde parfois le plus : entre 17 secondes et 5 minutes chez les veaux, entre 19 secondes et 11 minutes chez les bovins adultes. Une variabilité qui s'explique, précise Mme Terlouw, par un double phénomène.
"D'une part, cette espèce dispose d'une artère vertébrale, qui n'est pas coupée lors de l'égorgement. D'autre part, certains bovins développent des caillots au niveau des extrémités des carotides coupées, qui limitent le flux de sang vers l'extérieur. Dans ces cas-là, l'artère vertébrale peut prendre le relais et continuer à irriguer le cerveau", détaille-t-elle. D'où l'idée, défendue notamment par l'association Œuvre d'assistance aux bêtes d'abattoirs (OABA), de pratiquer systématiquement, pour cette espèce, un étourdissement "post-jugulation".
"Dans ce cas, l'animal est conscient -comme l'exige le rituel- lorsqu'il reçoit du sacrificateur le geste de l'égorgement, et c'est un autre opérateur qui lui donne, quelques secondes après, le coup de pistolet à tige perforante", précise le docteur vétérinaire Jean-Pierre Kieffer, président de l'OABA.
L'idée, semble-t-il, fait son chemin dans la communauté musulmane. Le producteur de viande Charal, dans son installation de Metz réservée à l'abattage rituel, pratique ainsi systématiquement l'étourdissement après l'égorgement. Sans pour autant avoir perdu sa clientèle halal.
Reste que la souffrance, durant la période de l'abattage, commence largement avant celle de la mise à mort. Elle débute avec le transport des animaux vers l'abattoir, se poursuit durant les longues heures d'attente qui précèdent leur exécution. Autant d'étapes durant lesquelles les interventions humaines, la qualité des équipements et la promiscuité avec les autres animaux peuvent occasionner des douleurs.
Citant l'enquête qu'elle a récemment menée dans un abattoir commercial, Mme Terlouw raconte ainsi comment l'opérateur, afin de respecter les cadences dans l'un des couloirs de l'abattoir, utilisait "de manière intensive l'aiguillon électrique" sur l'arrière des bovins pour les faire avancer.
Si l'on veut réellement tenir compte de la souffrance des animaux d'élevage, c'est toute la conception de leur fin de vie qu'il faudra repenser.

A Tarascon, un abattoir met en place l'étiquetage
En annonçant, le 8 mars, l'entrée en application anticipée du décret de décembre 2011 renforçant l'encadrement de l'abattage halal ou casher, le ministre de l'agriculture, Bruno Le Maire, a précisé qu'il travaillait avec les acteurs de la filière pour mettre en place un étiquetage systématique de la viande, demandé par "l'immense majorité des Français".
A Tarascon (Bouches-du-Rhône), l'abattoir Alazard et Roux a pris les devants : son président, Olivier Roux, a mis en place des étiquettes mentionnant "abattage conventionnel garanti" afin de répondre aux attentes de ses clients, bouchers détaillants et grossistes.
Il précise que son entreprise est la seule en France à avoir deux sites distincts d'abattage, l'un à Tarascon pour l'abattage conventionnel, l'autre à Carpentras (Vaucluse) ne faisant "que du halal".

Réactions des lecteurs :

Benjamin 28/03/2012 - 20h24
plutôt que de tergiverser si les animaux souffrent plus ou moins selon telle ou telle méthode d'abattage, posons nous la seule question recevable: au nom de quoi privons nous les animaux de leur droit le plus élémentaire: celui de vivre! faisons le choix éthique d'arrêter de manger de la viande c'est bien plus facile que d'arrêter de fumer, croyez moi! on ne la consomme que par goût, par commodité et par habitude, en aucun cas par nécessité.
répondre
 
HALTE 28/03/2012 - 18h01
C'est carrément SCANDALEUX...........
répondre
 
léonie 28/03/2012 - 17h07
Après avoir vu le film d'Emmanuel Gras "Bovines" où l'on voit ces pauvres vaches meugler de désespoir quand l'une d'elles part à l'abattoir ou quand on les sépare de leurs petits veaux, on se dit que les vaches sont des "humains" comme tout le monde et que l'on doit prendre en compte leur souffrance.
répondre
 
Le_mec_qui_râle 28/03/2012 - 18h35
Je suis d'accord avec vous (sur le film et sur le fond). Les gens sont suffisamment adultes pour distinguer la question de la souffrance animale de l'instrumentalisation raciste du débat sur l'abattage rituel. Rien n'empêche les religieux musulmans d'accepter l'étourdissement préalable. Pour les amateurs, voici une saine lecture sur le sujet : http://agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport_CGAEER_cle8c7951.pdf
 
BEATRICE VAUTHERIN 28/03/2012 - 15h48
Entièrement d'accord! J'ai bien envie de devenir végétarienne moi aussi. Cette succession de souffrance animale, depuis l'élevage jusqu'à l'abattoir en passant par le transport est révoltante.
répondre
 
DH 28/03/2012 - 13h28
Après avoir vu,sur FR 5 hier soir, certains boeufs pendus par un pied gesticuler alors qu'ils étaient censés être morts et qu'à coté commençait la découpe,ça fait un choc! L'élevage industriel des poulets, dindes et autres volailles depuis l'éclosion des oeufs jusqu'à l'abattage n'est que maltraitances successives.Je ne veux plus manger de la souffrance et du stress animal, je peaufine mes recettes végétariennes, une légumineuse avec une céréale fournissent tous les acides aminés de la viande.


Tremblante et ESB

La tremblante et l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) sont des maladies dégénératives du système nerveux central appartenant au groupe des encéphalopathies spongiformes transmissibles (EST) qui sont causées par des agents infectieux nommés prions et qui peuvent se transmettre aux animaux d’élevage par des farines contaminées. L’ESB est une EST des bovins transmissible à l’homme. La tremblante est également une EST. Elle atteint les chèvres et les moutons. Le 5 mars 2002 l’Afssa rend public un avis sur l’analyse des risques liés aux encéphalopathies spongiformes transmissibles chez les petits ruminants ; elle continue de recommander que soit prise en compte l’éventualité de la présence de l’agent de l’ESB pour l’évaluation et la maîtrise des risques liés aux ESST chez les ovins et caprins.


Quelques brisées...

1°) Le rituel sacrificiel est une codification de l'acte de donner la mort : les plus grands livres de l’humanité sont des manuels de boucherie (le Lévitique, les manuels liturgiques védiques...)
Euphémisation de la mise à la mort : dans les textes védiques, la blessure sacrificielle ne doit pas être plus grosse qu'un grain d'orge.
Chez les anciens Grecs, le couteau sacrificiel était caché dans une corbeille, au milieu de grains d'orge et de sel et l'animal mené en procession jusqu'à l'autel. "Du même pas que les futurs convives" dit un auteur (on imagine un complot ou un guet-apens : des pairs s'en vont de concert vers quelque affaire : l'un d'eux sera mis à mort et tous les autres, sauf lui, sont dans le complot...)

Le moment dramatique de la mise à mort est ponctué par le "you-you" des femmes (voir le texte de Louis Gernet).

2°) Cette mise à mort est un moyen d'instaurer la communication avec les dieux. Pourquoi ? Chasseurs et pasteurs... Si la victime appartient à la "Mère des animaux" ; - si le pasteur contrôle sa reproduction...

Dans Mœurs et coutumes des esquimaux (Payot, 1937, Kaj Birket-Smith) p. 198 : "La mer est la principale source de la nourriture et c'est sur le fond de la mer que vit la femme qui en gouverne les animaux et dont l'irritation est à craindre plus que tout. Les tribus du centre [du Groenland] la connaissent sous le nom de Nouliaiouk, "la chère femme", ou de Sedan, "elle là en bas"."

Les hypothèses de la "néolithisation" :

La néolithisation s'est probablement opérée dans des milieux riches en graminées sauvages qu'il était possible de stocker. Ces foyers primaires de sédentarisation ou semi-sedentarisation auront permis une domestication de plantes qui ne constituaient vraisemblablement pas la ressource alimentaire principale. Au Japon, les plantes importées sur l’île pendant la période Jomon, et de ce fait présumées cultivées, comprennent les gourdes, le chanvre, le rhus (Rhus verniciflua), toutes plantes qui ont des usages narcotiques ou techniques, et non pas alimentaires (Nishida 2002). Il est probable qu'un bénéfice indirect de cette sédentarisation ait été la possibilité de conduire des expériences longitudinales, touchant l'écologie des plantes et des animaux. L'adoption d'animaux de compagnie, comme on l'observe en Amazonie, a ainsi pu ouvrir la voie à la domestication. Mais pourquoi abandonner un mode de vie qui, pendant des centaines de milliers d'années, a permis à l'homme de survivre au profit d’une économie plus contraignante ? (La réponse tient peut-être dans la hiérarchisation sociale que ce mode de production permet...)

3°) La domestication permet à l'homme de se constituer une sorte de système d'assurance en protection des puissances mauvaises. (L'origine de la domestication serait moins la volonté de se constituer un garde-manger sur pied que de se protéger de l'infortune...)

4°) L'identification du sacrifiant et de la victime animale est essentielle au sacrifice : on demande à l'animal son consentement à la mise à mort : on lui jette de l'eau ou de l'orge sur la tête, il s'ébroue...

En France l’étourdissement des animaux a été rendu obligatoire par décret en 1964. (Étourdissement électrique ou électronarcose, l’étourdissement mécanique à l’aide de pistolets à cheville percutante ou pistolets d’abattage, ou encore l’étourdissement par inhalation d’un gaz composé de Co2.)
Le décret du 1er octobre 1997 relatif à la protection des animaux au moment de leur abattage ou de leur mise à mort définit le mot étourdissement par « tout procédé qui, lorsqu’il est appliqué à un animal, le plonge immédiatement dans un état d’inconscience où il est maintenu jusqu’à sa mort ».

Est-ce le véritable sens de l'exception dont bénéficie le sacrifice religieux par rapport au décret de 1964 qui oblige à l'étourdissement de l'animal mis à mort ? L'insistance sur le fait que l'animal doit être vidé de son sang signifie que son "âme" doit avoir quitté le corps. L'étourdissement ne modifie pas la qualité de l'hémorragie. L'échappée de l'âme n'est effective que si l'animal est conscient ?
Il faut le voir mourir (le couloir de visite installé à l'abattoir de Saint-Pierre).

5°) Le sang, c'est l'âme...
Les prescriptions religieuses (Bible, Coran) concernent essentiellement le sang :
Dans l’Ancien Testament, interdit de la consommation du sang « principe de vie »
Genèse, 9 : 4 : « vous ne mangerez point de chair avec son âme, avec son sang »...
Lévitique 17 :12-14 « C'est pourquoi j'ai dit aux enfants d'Israël : Personne d'entre vous ne mangera du sang, et l'étranger qui séjourne au milieu de vous ne mangera pas du sang.... Vous ne mangerez le sang d'aucune chair, car l'âme de toute chair, c'est son sang : quiconque en mangera sera retranché ».
Deutéronome 12 : 23 « Seulement, garde-toi de manger le sang, car le sang, c'est l'âme, et tu ne mangeras pas l'âme avec la chair » et 12:24 « Tu ne le mangeras pas : tu le répandras sur la terre comme de l'eau ».
Interdit de consommation d'un animal mort par étouffement...

Une règle d’hygiène alimentaire que d’égorger un animal, afin qu’il se vide de son sang, pour une meilleure conservation de la viande ?
L’église a maintenu son interdiction de consommer du sang pendant plusieurs siècles, très certainement pour que la transition des juifs convertis au christianisme ne soit pas trop radicale.
Actes : 15:1920 :
«…C'est pourquoi je suis d'avis qu'on ne crée pas des difficultés à ceux des païens qui se convertissent à Dieu, mais qu'on leur écrive de s'abstenir des souillures des idoles, de l'impudicité, des animaux étouffés et du sang ».
Ces considérations "rationalisent" les dispositifs de protection adoptés par l'opérateur...
"Il n'est permis d'offrir en sacrifice que ceux des vivants en qui l'âme humaine n'entre pas ; c'est pourquoi il ne faut manger que des vivants sacrifiables et aucun autre." (Plutarque, De la disparition des oracles, 46)

Le chamane Inuit cité par Meuli en 1946 (et souvent cité) : « Le plus grand péril de l’existence vient du fait que la nourriture des hommes est toute entière faite d’âmes » (dans le texte allemand : "Le plus grand danger de l'existence réside dans le fait que la nourriture des hommes consiste en âmes". "Il faut tuer pour vivre." (p. 226)
Dans Mœurs et coutumes des esquimaux (Payot, 1937, Kaj Birket-Smith)

p. 200 : "'Le plus grand danger de la vie, disait un vieux chaman Igloulik, est dans le fait que la nourriture de l'homme consiste entièrement en âmes'. Il voulait dire que l'homme doit tuer pour vivre et s'expose ainsi à la colère de l'animal."
p. 196 : "L'homme et les animaux ont une âme. Dans le Groenand occidental, si l'âme d'un homme était volée et s'il tombait malade, elle pouvait être remplacée par une âme d'animal."
p. 198 : "La mer est la principale source de la nourriture et c'est sur le fond de la mer que vit la femme qui en gouverne les animaux et dont l'irritation est à craindre plus que tout. Les tribus du centre [du Groenland] la connaissent sous le nom de Nouliaiouk, "la chère femme", ou de Sedan, "elle là en bas"."

["Identité" de l'animal sacrifié et de son destinataire :
Pourquoi le sacrifice de la chèvre à Delphes pour savoir si la Pythie est "opérationnelle"...
"Que signifie l'aspersion des victimes ou l'interdiction de rendre des oracles lorsque la bête n'est pas secouée de tremblements et de frissons...pendant qu'on l'asperge ? Car il ne suffit pas qu'elle remue la tête comme dans les autres sacrifices; il faut encore qu'elle tressaille et palpite de tous ses membres avec un bruit saccadé; si ces symptômes ne se produisent pas on déclare que l'oracle ne fonctionne pas et on ne fait pas rentrer la Pythie.
(Plutarque, Sur la disparition des oracles, 46)
Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, 16, 26 :
"Il y a une émanation à cet endroit où se trouve actuellement l'aduton. Et les chèvres cherchaient à s'y nourrir, car Delphes, à cette époque, n'existait pas encore. Invariablement, toute chèvre qui s'approchait de l'émanation et s'y penchait, sautillait alentour d'une manière extraordinaire et émettait un son complètement différent de ceux qu'elle émettait habituellement. Le chevrier s'émerveilla de cet étrange phénomène ; s'approchant de l'émanation et se penchant pour en découvrir la nature, il vécut la même expérience que les chèvres ; les chèvres commencèrent en effet à agir comme si elles étaient possédées et le chevrier se mit à prédire des événements futurs."
Plutarque (Questions romaines, 290b) dit que la chèvre est sujette à l'épilepsie : "... et aussi dans le cas des hommes, s'il arrive qu'ils parlent pendant une crise d'épilepsie, leur voix ressemble au bêlement d'une chèvre."]

6°) Co-évolution des modes de production et de la représentation des puissances supra-humaines.
Le panthéon du chasseur-cueilleur et celui de l'éleveur diffèrent nécessairement.
L'homme ignore le "ex machina"...

Le rituel du sacrifice grec expliqué par Karl Meuli (1946).
La valeur de cette approche tient dans sa capacité à rendre compte du paradoxe du sacrifice grec, où les dieux, victimes de la ruse de Prométhée, ont la mauvaise part,en convoquant et questionnant une pratique propre aux sociétés cynégétiques mise en œuvre par une société qui n'en comprend plus le sens originel – et qui en rationalise le propos en conséquence.

La signification quasi universelle de l'os par opposition à la chair oblige à prendre en considération la signification spécifique que les Grecs pouvaient lui accorder. Cet usage fait-il exception aux pratiques générales ?

Avec la conception des "doubles obsèques" en tête – et l'expérience malgache – le dossier le plus complet concerne pbbt l'Amazonie. Appui : une synthèse de Chaumeil (1997) sur les aspects matériels des rituels funéraires.
Un trait constant : l'os, incinéré ou conservé, est conçu comme le support de l'esprit du défunt. La nourriture (le tabac) apportée aux flûtes, métaphore des os, redonne vie aux ancêtres.
"Chez la plupart des groupes tucano et arawak du nord-ouest, les flûtes représentent les ossements des ancêtres éponymes des clans qui, à cette occasion, sont traités comme s'il s'agissait de personnes vivantes." (97)
"La coutume assez répandue consistant à "nourrir" les flûtes avec des boissons ou du tabac pourrait s'interpréter dans ce contexte comme un façon de redonner chair aux "os" des ancêtres, de les rendre en somme vivants, de chair et d'os, comme si l'on voulait marquer par cette résurrection périodique un lien entre les vivants et les morts, une continuité entre les générations." (101)
"Ce sont les os calcinés du héros mythique qui donnent naissance au palmier paxiuba (Iriartea sp.) à partir duquel sont fabriquées les flûtes sacrées." (101)

En Grèce ancienne...
Dans son chapitre "Mort et crémation", Onians (Les origines de la pensée européenne) explique que l'aiôn, la vie est par essence liquide et qu'il y a équivalence entre "mort" et "sécheresse", le sens de la crémation étant la "torréfaction", le déssèchement du cadavre.

Dans l'Iliade, les os de Patrocle sont retirés des cendres après qu'elles ont été éteintes avec du vin, et ils sont déposés entre "deux couches de graisse".(Il., XXIII, 243, 253). C'était l'omentum. Il recouvre l'utérus et le fœtus (p. 325). Le grand épiploon est parcouru de dépôts graisseux et de ganglions lymophatiques.
"...chez Homère, l'offrande essentielle aux dieux consiste en mêria, les os, plus précisément les os des cuisses (ou de façon plus lâche, les mêroi, "cuisses"), enveloppés dans la graisse, avec ou sans vin. Nous voyons maintenant que les dieux n'ont pas été dupes. Ils recevaient la matière de la vie. Il n'y avait que cela, le vin et la graisse qui fût placé avec les os des morts." (p. 335) Onians fait référence à Rig-Veda, III, 21, 5.

"Zeus sut le tour et ne l'ignora pas, mais en son esprit il prévoyait des maux pour les mortels [...] De ses deux mains il souleva la graisse blanche et fut irrité en ses phrenes, et la colère se leva dans son esprit quand il vit les os blanc du bœuf à cause du tour subtil. Voilà pourquoi les tribus des hommes sur la terre brûlent en l'honneur des immortels des os blancs sur les autels odorants." (Théogonie, 535, sq.)
Au fond, il voudrait la part des hommes... les dieux veulent vivre comme des mortels, c'est la conception grecque des dieux héros, hommes divinisés qui le veut ?

En Inde (extrait B. C.):
La part divine, "la plus juteuse" (R.V. III,21,5), la partie centrale de l'animal (l'épiploon), nommée yupa (le terme désigne aussi l'enveloppe fœtale), particulièrement riche en graisse - Asvalayana-Srauta-Sutra, II,4,13-14, parle des "flots de graisse" de la vâpa - considérée comme le siège de l'âtman, est rendue aux dieux. Elle est le medhas, le principe sacrificiel (S.Br. III,8,2,17).

"Le genou était d'une certaine manière considéré comme le siège de la paternité, de la vie et du pouvoir d'engendrer, aussi impensable que cela puisse nous paraître". (217)
"Cela suggère que le fuide ou le contenu liquéfiable de l'articulation, dont on ignorait la vraie fonction, était classé avec le fluide cérébro-spinal ou la substance liquéfiable, le fluide la vie, et passait pour participer à la semence." (219)
"La matière liquide ou liquéfiable propre à la vie et à la force, et identifiée à la semence", c'est "la 'moelle' de la tête, de la colonne vertébrale et de l'ensemble fémur-genou." (p. 307, [1951], 1999)

7°) Pourquoi la mise à mort d'un animal est-elle le moyen privilégié pour instaurer la communication avec les puissances – et de peser sur elles ? OK si c'est la "mère des animaux".
Ce qui change quand l'homme est le maître de la reproduction (Julien l'Empereur) voir supra :
"Il ne convient pas de se nourrir des alimens qu'on n'a point coutume d'offrir en sacrifice aux dieux" (Œuvres complètes de Julien l'Empereur traduites pour la première fois du grec en français [...] par R. Tourlet, tome deuxième, Paris, 1821, Moreau. p. 33)

La fidélité "mécanique" du sacrifice que les anciens Grecs pratiquaient, tels des chasseurs soucieux de recomposer leur victime (os, peau, tête, un petit morceau prélevé sur chaque partie...) tout en la privant des ses moyens de reconnaissance et de rétorsion (ses organes des sens, ses dents et ses griffes) et alors que leur propre victime est domestique, est-elle un indice du conservatisme foncier du rituel et, spécifiquement, du rituel en cause ? La relation – réversible – chasseur-proie est évidemment inadéquate à traduire la maîtrise du pasteur sur ses bêtes. Quelle vengeance craindre d'un bœuf domestiqué ? Que son esprit ne suive pas la voie qu'on lui indique (le sang doit jaillir vers le ciel...) ?

C'est donc vraisemblablement l'acte de donner la mort qui est central, quoi qu'il en soit du statut de l'animal. La culpabilité et la vulnérabilité du sacrificateur (de ceux qui offrent le sacrifice) ne change pas, que l'animal soit "naturel" ou "reproduit" par l'homme. C'est le nœud du sacrifice. Quelle que soit la ritualisation...

Un film de videosurveillance qui a circulé sur le Net montre un assassinat commandité par la mafia napolitaine en plein jour : après avoir abattu sa victime, le tueur se retourne et lui fait le signe des cornes, signature de la mafia, mais aussi protection contre la rétorsion de l'esprit de l'assassiné.
La vidéo d'un assassinat en pleine rue à Naples. Mis à jour le 29/10/2009
http://www.newsnours.com/2009/10/video-tueur-de-la-mafia-à-naples.html
(on voit le meurtre, mais sur cette version, qui est celle de l'appel à témoin de la police, pas le geste en cause... Je n'ai pas retrouvé la version vue précédemment.)

Vivanda, Vivere : l'Omnivore (Homo sapiens sapiens) se nourrit préférentiellement de viande (le mot se spécifiera pour désigner la nourriture carnée, soit toutes les parties comestibles d'un animal). Ce que l'on désigne aujourd'hui en diététique par "régime paléolithique" suppose que les hommes faisaient du régime carné leur quotidien. La consommation de protéines animales est associée à la bombance et dans nombre de populations d'aujourd'hui, le sacrifice animal marque les festivités importantes.

L'essentiel tient donc dans la signification religieuse de cet acte. En quoi l'acte de donner la mort (à un animal) peut-il être producteur de représentations religieuses ? C'est définir la religion comme cette inquiétude qui surgit quand l'homme donne la mort ou constate la mort. La culpabilité développée dans le sacrifice (avec ses euphémismes et ses ruses) donne l'idée de la représentation ordinaire de la mort dans la pensée traditionnelle, avec cette spécificité : ici on sait qui est le meurtrier... Ce qui est commun, c'est la conscience que la vie, même domestiquée, n'appartient pas à l'homme, preuve en est que le vivant est vulnérable – et vulnérable à la vengeance des morts...

L'idée simple serait que le fait de donner le sang (rendre le sang à la divinité) disculpe le meurtrier et satisfait les dieux. Rationalisation : le sang, c'est l'âme, il ne doit pas être consommé. Autrement dit : les hommes se nourrissent de chair et rendent à la divinité le principe vital.

La divinité, c'est donc, banalement, cette puissance (qui siège où sont les défunts et les esprits des animaux sacrifiés) qui engendre la vie... En donnant le sang de son propre cheptel au dieu, on se le fidélise...

La domestication engendre un nouveau rapport à la divinité et de nouveaux dieux.
Les métaphores, pour nous banales, du bon pasteur (et le métier de pasteur, berger d'âmes) ne sont pas gratuites.
Le sacrifice d'un animal du troupeau met en vedette les divinités féminines de la fécondité, à qui le sang est souvent "rendu".

Le chasseur rend à sa victime sa forme pour qu'elle se reconstitue... le pasteur rend le sang au dieu de la fécondité (de son troupeau).

La capacité de rétorsion de la victime, représentation de la culpabilité associée à l'acte de donner la mort est "sublimée" : c'est cela le divin ? soit une donnée de l'éthologie subsumée par la théologie ? Ce qui est déporté sur l'animal, en effet, ce ne peut être que la culpabilité à tuer son semblable...

Il existe dans le monde vivant nombre de ces dispositifs d'inhibition intra-spécifique. Ce que les ornithologies dénomment, par exemple, le "caïnisme", la prédisposition du petit des grands rapaces diurnes (genres Aquila, Haliaetus, Hieraaetus, Stephanoaefus...) à tuer son frère de nid moins vigoureux, est neutralisée quand l'animal est devenu adulte : la sténéotypie de prédation de ce tueur se révèle ainsi inhibée à proximité de son aire, par le pédomorphisme de proies virtuelles. L'écologie du chasseur collectif qu'est homo sapiens sapiens passe par une syndication émotionnelle dont la formation de meute, où le compagnon de chasse est un autre soi, donne une image à la fois symbolique et idéale. Ce "tous contre un" requiert une unité du groupe qui met en œuvre des rituels spécifiques précédant la chasse, mais aussi des inhibitions fondamentales qui protègent les membres du groupe de l'agressivité intra-spécifique. Les représentations d'hommes à tête de lycaon relevées dans le Sahara lybien, datées du Ve millénaire avant notre ère (Le Quellec, 1998 : 330-377), portant ou tirant, comme en se jouant, des proies massives montrent l'intérêt que les pasteurs artistes qui ont réalisé ces gravures pouvaient avoir pour ce "chasseur collectif par excellence" dont les stratégies de courre et les pratiques de partage constituent, en effet, une sorte de modèle offert à l'imitation de cet animal social qu'est l'homme. "Tous pour tous", union dans l'action et répartition égalitaire du butin, ces deux traits ont un sens pédagogique évident.

La chasse du lycaon est précédée d'un rituel dont l'objet est de souder les membres du groupe et de les rendre propres à l'action collective : de suivre un meneur tête de meute, d'exécuter un même programme et de faire preuve d'une solidarité sans défaut...
Le partage par régurgitation
Creel et Creel 1995 (Animal Behaviour, Volume 50, Issue 5, 1995, pages 1325–1339 "Communal hunting and pack size in African wild dogs, Lycaon pictus", Scott Creel, Nancy Marusha Creel.) et Mellinger, J. 1982 ("Large social carnivores as comparative models of early hominid behavior", American Journal of Physical Anthropology, 57,209).

Pour les anciens grecs aussi le loup, chasseur collectif et adepte du partage, est un modèle social. Une page de Xénophon donne en modèle à un militaire "commandant de cavalerie" (Hipparque ou le commandant de cavalerie, 4, 18-20) la tactique guerrière des loups. Une fable d'Ésope (fable 215 dans l'édition Chambry) tire la leçon sociale de cette discipline de chasse. "Un jour, entre les loups et les chiens la haine se déchaîna. les chiens élirent pour général un chien grec. Or celui-ci ne se pressait pas d'engager la bataille, malgré les violentes menaces des loups." S'adressant aux loups, le chien explique : "Vous autres, vous êtes tous de même race et de même couleur ; mais nos soldats à nous ont des mœurs très variées et chacun a son pays dont il est fier. Même la couleur n’est pas uniforme et pareille pour tous : les uns sont noirs, les autres roux, d’autres blancs ou cendrés. Comment pourrais-je mener à la guerre des gens qui ne sont pas d’accord et qui sont dissemblables en tout ?" La diversité, autre nom de l'"individualisme" que les rituels qui soudent les membres de la meute ont pour fonction de neutraliser, est la contradiction que la vie démocratique doit surmonter. Le sacrifice est précisément la remémoration et l'occasion de ce moment de syndication et de partage où la commensalité sacrificielle remplit l'idéal égalitaire de la société grecque.

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Comme le montre le rituel sacrificiel grec expliqué par Meuli, le sacrifice, c'est comme la chasse. (puisque la mise en scène du sacrifice de l'animal domestique a pour objet sa renaissance par reconstitution de son "double" – comme faisait le chasseur). On ne saurait mieux dire que le sacrifice reconstitue "la meute" et refait le groupe social... Cette répitition rituelle d'un sens fondateur a vraisemblablement la fonction d'une reprogrammation sociale – quand le rêve fait fonction de reprogrammation génétique individuelle (Jouvet). S'il est une propriété universelle des religions, c'est bien la capacité de mettre en commun les coreligionnaires. Cette propriété associe : effacement des identités propres, sensation de transport et de transe vers l'au-delà, cet au-delà consistant dans une tension vers les esprits des morts. C'est cet au-delà qui est théologisé par la classe des prêtres : quand la dépendance aux ancêtres devient dépendance et culpabilité vis à vis du dieu tout-puissant. Le sentiment du divin est séparé de son objet et individualisé comme étant un premier moteur et la preuve de la réalité du dieu – alors qu'il repose sur la disposition éthologique

L'ours assiste au banquet organisé pour sa consommation sous les espèces de sa tête et de sa peau rembourrée qui lui donne l'apparence de la vie...

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Le cadre grec
Le sacrificateur exerce sans intermédiaire professionnel. C'est le maître de maison, paré de couronnes. La victime, elle aussi spécialement parée de rubans, est accompagnée en procession (pompè), au son de la flûte, vers l'autel du sacrifice, sanctuaire (hieron) ou bômos. De l'encens brûle à proximité de la pierre sacrificielle. Une jeune fille, en tête de la procession porte un panier recouvert qui contient de l'orge (oulai) et le couteau qui sera utilisé pour égorger l'animal. (Le kanoun était en général une sorte de corbeille plate, large, parfois semblable à un plateau avec trois branches mais il pouvait prendre d’autres formes. Il est communément admis qu’il contenait le stemma – ruban – pour orner l’animal sacrifié, le grain qui était versé sur ce dernier et le couteau servant à la mise à mort). Un vase contenant l'eau lustrale est apporté sur les lieux. L'animal est aspergé d'eau afin qu'il s'ébroue : c'est un acquiescement au sacrifice.

Le paradoxe des Olympiens à qui les sacrifices sont offerts. On a adapté à leur intention un cérémonial où ils n'avaient d'abord pas de place (?)...

Hésiode (la Grèce agricole) "rationalise" la place des Olympiens dans ce sacrifice hérité de la culture cynégétique en exposant que la tromperie de Prométhée aux dépens de Zeus exprime la condition humaine : mortelle et condamnée à manger pour vivre. Comme les chasseurs, qui prennent la viande et rendent les os, les cultivateurs rendent les os. Cette action est interprétée par le mythe comme une tromperie. En réalité, les hommes trompent les dieux et ils sont en droit de le faire : la victime leur appartient désormais (elle n'appartient plus à la "mère des animaux", ils en maîtrisent la reproduction). La ruse dont les dieux sont victimes avec le stratagème de Prométhée ("Celui qui anticipe", Épiméthée : "Celui qui réfléchit après coup") héros civilisateur qui vole le feu pour le donner aux hommes est une représentation de la domestication : une tromperie, comme la conquête du feu... Mètis : l'intelligence créatrice, prudence avisée et ruse perverse à la fois... lutte pour la vie.

L'anthropologie d'Hésiode ; (l'anthropologie des Grecs)

Dans ce dvpt, les dieux, création de la conscience des hommes, sont l'envers de la conditions mortelle. Il est clair que les dieux sont des hommes... surhumains. Les maux communs de l'humanité, la maladie, la mort, la faim... sont inconnus des habitants de l'Olympe.

[L'invariant : on attribue ses malheurs – et par conséquent son salut.– à d'autres hommes (hostiles, jaloux...), à ces hommes surhumains que sont les dieux. Les explications théologiques paraissent tellement "puériles" qu'il doit nécessairement exister un processus "vital" qui justifie l'adhésion à ces fables...]

Dans l'œuvre d'Hésiode s'articulent les aspects les plus connus de la geste de Prométhée : le partage du bœuf sacrifié, le vol du feu et la création de la femme. Mais pas seulement. La condition humaine, Hésiode l'explicite et la spécifie en des termes qui caractérisent un mode d'organisation sociale propre.
Prométhée, le héros civilisateur, fonde l'humanité en plaçant les hommes, "nus" mais civilisés, dans une position médiane, entre les bêtes et les dieux. Cette position médiane, tendue vers un idéal divin, est "plombée" par la nature charnelle, mortelle, passible de reproduction sexuée, de l'homme. Viande et reproduction sexuée sont ainsi le lot des mortels.

Le sacrifice, c'est l'explicitation de la mise en place d'un régime alimentaire et d'une écologie...

L'écologie de l'agriculteur : à l'opposé des hommes de l'âge d'or, qui sous le règne de Cronos, vivaient comme des dieux hos theoi (Travaux, 112 s.), éternellement jeunes, exempts des maux et du travail, la terre leur fournissant généreusement et spontanément (zeídôros ároura automátê) de quoi festoyer sans qu'il soit besoin de la retourner et de l'ensemencer. En ce temps-là, les hommes vivaient paisibles, sans éris, bonne ou mauvaise, émulation ou querelle.
La concurrence n'existait pas.

Dans les Travaux l'élément central est le blé. L'homme est celui "qui mange le pain". Zeus ayant caché le grain aux hommes, ceux-ci ne peuvent le consommer qu'après l'avoir cultivé ("C'est ce que les dieux ont caché qui fait vivre les hommes", Travaux v. 42) Le pain n'appartient qu'à l'homme, mais aussi le travail méthodique du paysan, observateur des signes du ciel et soumis à la loi des champs (Travaux, v. 388 pédion nómos). Les hommes doivent ensemencer la terre en cachant la semence (spérma katakrúpton) aux oiseaux (v. 470-471). Ainsi "le travail bien ordonné est pour les mortels le premier des biens, le travail mal ordonné le pire des maux" (v. 471-472).
Le destin de l'homme est la peine aux champs.

L'idéal de vie est pour Hésiode celui du paysan vivant de son travail et en mesure de transmettre son bien à son fils.
L’unité économique est restreinte : “Ayez d’abord une maison, une femme et un bœuf de labour”, recommande-t-il, avec “tous les instruments qu’il faut, afin de ne pas avoir à les demander à un autre” (Travaux. v. 405-408). c'est l'oikos (la maison, au sens de communauté économique incluant terres, parents proches et domesticité) où, idéalement, le fils succède au père comme maître de maison : “Puisses-tu n’avoir qu’un fils pour nourrir le bien paternel […] et mourir vieux en laissant ton fils à ta place”– ibid. v. 375-378) et le régime patriarcal. Quand les travaux agricoles requièrent une femme, "une femme achetée et non épousée" ("qui au besoin puisse suivre les bœufs") s'impose (Tr. v. 405-406). L'épouse, en effet, est cantonnée dans la demeure et Hésiode la compare au faux bourdon, qui reste dans la ruche et qui se nourrit de ce que les abeilles y apportent. Le "beau mal" (kalòn kakòn) imaginé par Zeus pour se venger du vol du feu de Prométhée est le mal nécessaire pour qui veut laisser une descendance et transmettre son bien. "Car celui qui fuit la cohorte de soucis qu'engendrent les femmes et reste célibataire sera sans appui quand viendra la viellesse maudite" (Théogonie, v. 603-604) et il "verra son bien partagé entre ses collatéraux" (Th. v. 606).

La "misogynie" d'Hésiode, avec ses accents de stéréotype (pour nous : le caractère quasi moderne de cette acrimonie et de cette quérulence tient à la similitude de la structure matrimoniale), doit d'abord être comprise dans sa signification juridique. Ce que l'on peut savoir de l'héritage et de la succession dans l'oikos suppose un type de parenté descriptif et un type de mariage à dot. L'épouse installée à demeure (comme le bourdon) et le voisinage géographique souhaité de sa maison d'origine ("épouse de préférence qui habite près de toi" - Travaux, v. 700) indiquent la nature économique de l'alliance dans un environnement où le bien, la terre, le kléros, identifié à la lignée des pères, est approprié (et non collectif). La perpétuation de l'oikos patrôios commande l'alliance et détermine les statuts. Le procès de l'éthos féminin instruit par Hésiode est le procès d'un régime matrimonial où l'épouse, oisive, est claquemurée dans la demeure tandis que l'homme se dépense au travail des champs. Peinture topique, peut-être, d'un contrat délusoire ou d'un mariage malheureux, mais juridiquement fondée. Avec ce ventre affamé qui épuise son époux avant l'âge, voracité alimentaire et voracité sexuelle associées, "engrangeant dans [son] ventre le fruit des peines d'autrui" (Théogonie v. 599), femme "à la croupe enjolivée", pugostolos, "qui n'en veut qu'à ton grenier" (Travaux v. 373-374) (
"Sirius, précise Hésiode [...] rend les femmes lascives, makhlótatai, et les hommes amorphes, aphaurotatoi, les genoux en flanelle" – la synovie étant conçue comme un équivalent de la semence : "genou" se rattache étymologiquement à "engendrer"), Hésiode dresse le portrait d'une épouse maîtresse de la table et des conjonctions, confrontée à l'économie laborieuse et continente du maître de l'oikos.

Ces doléances matrimoniales définissent une relation contractuelle qui argumente l'opposition des genres en termes de capital. La transmission d'un bien non diminué exige travail incessant et relations sexuelles maîtrisées. Quoi qu'il fasse, porteur transitoire du patrimoine génétique et économique de sa lignée, l'homme, simple fideiscommis, doit laisser la place, usé par les travaux des champs et les discords de la vie conjugale. La présence de cette étrangère toute-puissante, définitivement installée à demeure, procède d'un devoir social dont les deux déclinaisons possibles (et deux seulement) engendrent l'affliction, en effet : qui se marie avec une femme de "sain jugement", le mal, viendra inéluctablement, quoi qu'il en soit, compenser le bien dans la maison ; qui se marie avec une "folle", ce sera, "sa vie durant", un "mal sans remède" pour l'époux, portant "en sa poitrine un chagrin qui ne quitte plus son âme ni son cœur" (Théogonie, v. 607-612). La nécessité de transmettre son patrimoine, conditionne un destin de souffrances. La configuration économique propre à l'oikos caractérise des maisons engagées dans une bonne éris, sans doute, mais aussi sujettes à des contradictions et à des dérives spécifiques. Ainsi l'épouse, alliée et étrangère dont la gloutonnerie
épuise le capital économique et sexuel de l'époux, reste la mandataire ("épousée" et non "achetée") d'une autre maison. Ainsi l'héritage peut-il être soumis à la justice du partage, mais aussi à ses aléas. Hésiode se console de son différend avec son frère, Persès, accusé d'avoir acheté les juges "dévoreurs de présents" en ironisant sur la qualité et la quantité des terres partagées :
"Sots, ils ne savent pas combien la moitié vaut plus que le tout
ni quel avantage réside dans la mauve et l'asphodèle" (v. 40-41 des Travaux),
ces dernières, nourriture du pauvre, croissant sur des terres ingrates contre lesquelles le paysan doit se battre pour produire. Cette antienne des paysans de rocaille – “Voilà bien le vrai paysan attique, ironisera Ménandre, ça se bat contre des cailloux qui ne produisent que des pousses de thym et de sauge ; ça n’attire que la Douleur sans jamais rien récolter de bon !” (Le Dyscolos, III, 9) – n'empêche pas de jouir de l'existence : Strabon cite ainsi les Grecs en exemple “qui, dans un pays de montagnes et de pierres, ont mené une vie heureuse grâce à l’intelligence qu’ils avaient de l’organisation politique, des techniques, et généralement de tout ce qui constitue l’art de vivre” (II, 5, 26).

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Lister : ce qui est commun et ce qui est nouveau :
Ce qui est commun :
On mange la viande, on rend les os ;
On neutralise la capacité de vengeance de la victime ;
Ce qui est nouveau :
La tromperie (la mise en scène paléolithique est vécue comme une ruse aux dépens de Zeus), la "comédie de l'innocence" selon Karl Meuli devient ruse théologique.

8°) La neutralisation de l'âme de la victime
Scholie ad Aristophane, Paix, 948 :
"Le couteau sacrificiel était caché dans le panier par les orges et les bandelettes ; d'où d'ailleurs kanoun, de kanein, (tuer)"
Les participants lancent sur l'animal l'orge contenu dans le panier. Le couteau apparaît.

Denys d'Helicarnasse :
"Comme nous, les Grecs, qui considérons l'orge comme le plus ancien des grains et commençons nos sacrifices avec des gains d'orge que nous appelons oulai, de même les Romains pensent que l'épeautre est le plus estimable et le plus ancien." (2, 25, 2, Les Belles Lettres, 1990)
"Les Grecs avoient d'autres Chansons à l'honneur de Cérès et de Proserpine. On les appelait Ules et Iules, du mot grec Oulos qui signifie une gerbe. Cérès elle-même s'appellait Oulô, comme on diroit la Mère aux gerbes. L'orge s'appelle oulai. Ce mot vient de l'Oriental Aul, les biens, les richesses" (Antoine Court de Gébelin, Monde primitif, analysé et comparé avec le monde moderne, considéré..., p. 353)

"Les BOUPHONIES, au 14 ["du mois de Skirophorion ou Juin"], écrit Court de Gébelin, devoient leur nom aux Sacrifices qu'on offroit ce jour-là et dans lesquels on n'immoloit que des Bœufs.
On disoit que c'étoit pour expier la voracité d'un Bœuf qui avoit avalé un gateau préparé pour la fête de Jupiter Polius, et qui tué à cause de cela à coup de hache par Thaulon, ou, selon d'autres, par Diomus, Prêtre d'Iou. Mais celui qui avoit égorgé le Bœuf fuyoit aussi-tôt, laissant sa hache à côté de l'animal égorgé ; et l'on faisoit alors le procès à la hache. C'étoit une cérémonie relative aux tems où il étoit défendu dans l'Attique, comme ailleurs, de mettre à mort les animaux du labourage.
Cette fête s'appelloit également DIPOLIES, parce qu'elle se célébroit dans le temple d'Iou Polieus ou Protecteur de la Ville. Là, étoit une table d'airain sur laquelle on plaçoit un gateau. On y amenoit des Bœufs ; celui qui en mangeait étoit aussi-tôt égorgé. Trois familles d'Athènes durent leur nom à cette cérémonie. Les Kentriades, chargés d'amener les Bœufs ; les Boutypes, chargés de les frapper ; les Daitres, chargés de les égorger." (441-442)

"Autrefois, lorsqu'on offrait aux Dieux que des fruits [...] et que les animaux ne servaient pas encore de nourriture aux hommes, on dit qu'au moment qu'on préparoit un sacrifice public à Athènes, un bœuf qui revenoit de la charrue, mangea le gâteau, et une partie de la farine que l'on avoit exposée sur une table pour la sacrifier, renversa l'autre et la foula aux pieds, ce qui avoit mis en colère à un tel point Diome ou Sopatre, Laboureur de l'Attique, et Etranger, qu'ayant pris sa hache, il avoit frappé le bœuf qui en étoit mort. Le premier mouvement de colère étant passé Sopatre fit réflexion sur l'action qu'il venoit de faire il enterra le bœuf et se condamna à un exil volontaire, comme s'il avoit fait une impiété : il s'enfuit en Crète." Une famine survient et la Pythie répond "qu'il falloit punir le meurtrier, et ressusciter le mort [...] Pour se rendre le Ciel favorable, il falloit que la Ville sacrifiât un bœuf. On étoit dans l'embarras de sçavoir, qui est-ce qui pourroit se résoudre à tuer cet animal. Sopatre s'y offrit, à condition qu'il seroit fait Citoyen, et que les habitans consentiroient à être complices du meurtre [...] On choisit des Vierges pour porter l'eau ; et cette eau sert à aiguiser la hache et le glaive. Quand cela est fait, on donne la hache à quelqu'un qui frappe le bœuf ; un autre l'égorge ; les autres l'écorchent. Ensuite tout le monde en mange.
On coût après cela le cuir du bœuf ; on le remplit de foin, on le met sur ses jambes, comme s'il étoit vivant ; on l'attache à la charrue comme s'il alloit labourer ; on informe ensuite sur le meurtre ; on assigne tous ceux qui y ont eu part. Les porteuses d'eau rejettent le crime sur ceux qui ont aiguisé la hache et le glaive ; ceux-ci accusent celui qui a donné la hache. Ce dernier s'en prend à celui qui a égorgé ; et enfin celui-ci accuse le glaive, qui ne pouvant se défendre, est condamné comme coupable du meurtre.Depuis ce tems jusqu'à présent, das la Citadelle d'Athènes, à la Fête de Jupiter Conservateur de la Ville, on sacrifie ainsi un bœuf. On expose sur une table d'airain un gâteau, de la farine. On conduit des bœufs vers cette table ; et celui qui mange de ce [129] qui est dessus, est égorgé. Les familles de ceux à qui ces fonctions appartiennent, subsistent encore [...] ; on finit ensuite par jeter le glaive dans la mer." (Traité de Porphyre Touchant l'Abstinence de la chair des Animaux, traduction de M. de Burigny, Paris, 1747, p. 125-129)

Avec cet orge quasi sauvage, proche, peut-être, de celui qui faisait l'objet de la cueillette et des techniques de stockage qui ont permis les premières formes de sédentarisation et ce bœuf domestique acteur de la révolution agricole, approché par ruse, appâté à l'orge (on l'asperge de grains ; dans les bouphonies, c'est le bœuf qui consomme le gateau apprêté qui est sacrifié) comme une proie, reconstitué et empaillé comme l'animal à qui le chasseur donne les moyens de renaître... tout paraît se passer comme si l'écologie du chasseur-cueilleur était toujours d'actualité.
Le système de défense contre la capacité de rétorsion de la victime est identique.
Quel intérêt peut-il y avoir à faire comme si c'était une proie ?
A l'origine, certes, le bœuf domestique était un bœuf sauvage...
Sinon conserver ce qui s'est toujours fait ? En l'espèce la cohésion du groupe qui se forme pour la chasse.

Dans ce déport de culpabilité s'exprime la culpabilité de tous et finalement l'absence réelle de culpabilité. Au-delà de l'artifice judiciaire qui consiste à se défausser sur son voisin, c'est l'affirmation que le processus d'unification du groupe trouve dans sa réalisation une valeur qui lave la faute.
Les deux traits du sacrifice selon Robertson Smith : le repas en commun et l'alliance par le sang.
(Lectures on the Religion of the Semites, 1894, p. 226 s.)
Mauss : le sacrifice du dieu est venu après le sacrifice au dieu (Œuvres, 1968, I, 12-15).
Durkheim : l'idée que le sacrifice est fondé sur le renoncement et que cette ascèse est au fondement de la vie sociale soit le respect d'une "loi impersonnelle commune à tous" (cit. préface Détienne). Le sacré, c'est le social. Identité du renoncement individuel et de la société. Les formations collectives sont les formes du sacré.

Ce qui se joue dans le sacrifice, c'est la valeur fusionnelle de la mise à mort et de la commensalité.

8°) Le sens de la réglementation :

L'étourdissement des animaux a été rendu obligatoire en France par décret en 1964 sous l'impulsion de Jacqueline GILARDONI fondatrice de l'Oeuvre d'Assistance aux Bêtes d'Abattoirs. Ce texte réglementait la contention et la mise à mort des animaux de boucherie dans les abattoirs et comportait l'obligation d'étourdir les animaux avant leur abattage. La mise en place de ce texte ne devait pas devenir une contrainte pour les pratiquants de l’abattage rituel, mais une avancée majeure pour la protection animale, améliorant les conditions moyenâgeuses d’abattage et par là éviter des souffrances inutiles.

"Respecter l'animal, c'est aussi respecter l'homme" [qui, par empathie, voit l'animal souffrir]...
L'homme de la ville et l'animal de boucherie : "La campagne, c'est cet endroit où les oiseaux sont crus"... (Alphonse Karr)

En 1978, Déclaration des droits de l'animal par l'UNESCO.
Les crises sanitaires et environnementales récentes ("vache folle", "grippe aviaire", "algues vertes"...) ont fait office de révélateur. Elles mettent sous les yeux des citadins, par télévision interposée, les aberrations de la production industrielle de la viande. Les innocents oiseaux "crus" et les paisibles ruminants de la "campagne", maintenant élevés en batterie, sont devenus poisons dans l'assiette des citadins. Les agriculteurs polluent... La "campagne" est devenue un objet de tourisme pour la société "tertiaire", mais ce n'est plus la campagne rêvée, sauf quand elle est aménagée pour l'œil du citadin.

Le décret n° 64334 du 16 avril 1964 prévoyait déjà dans son article 2 « l’interdiction d’utiliser, sur les animaux (cités dans l’article), des moyens de contention brutaux ou susceptibles d’entraîner des lésions, de garrotter ces animaux en liant étroitement et fortement leurs membres postérieur croisés, de les suspendre avant d’avoir procédé à leur étourdissement ».
Le décret n° 80791 du 1 er octobre 1980 modifié précisait en son article 8 également cette interdiction. Et en 1997, le décret n° 97903 du 1er octobre 1997 en son article 7 reprend encore cette interdiction « l'immobilisation des animaux est obligatoire avant tout abattage. La suspension des animaux est interdite avant leur étourdissement ou leur mise à mort ».

Dérogation (Art. 2 Décret modifié n° 64334 du 16 avril 1964).

L’étourdissement ne crée pas de problème d’évacuation du sang après la saignée, l’animal n’étant pas mort et le cœur continuant à battre effectuant son rôle de pompe en évacuant le sang.

La crise de la "vache folle" :

Récit d’une crise
L’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), ou maladie de la vache folle, décime les troupeaux européens depuis la fin des années 1980. Le premier cas a été identifié en Angleterre en novembre 1986. La maladie s’est progressivement étendue à l’Europe. Toute transmission à l’homme est écartée.
Le 2 mars 1991, le premier cas français était avéré. Le 20 mars 1996, Stephen Dorrell, alors Secrétaire d’Etat à la Santé en Grande Bretagne, annonce un lien vraisemblable entre la maladie de la vache folle et un variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Les victimes sont jeunes, 29 ans en moyenne. C’est le début de la crise de la vache folle.
Deux jours après l’annonce retentissante, un embargo est décrété sur la viande bovine britannique dans plusieurs pays, dont la France. Des programmes de recherches sont lancés.
Principales mises en causes, les farines animales. Produites à partir de déchets d’abattoir, ces farines rentrent dans la composition des rations animales afin d’augmenter les rendements. Les prions, présents dans les systèmes digestifs, lymphatiques et nerveux, se transmettent par voie orale. Les méthodes de traitement des farines animales, allégées en 1981, ont largement contribué à la propagation de la maladie : température de traitement abaissée à 90°C et étape de délipidation à l’hexane supprimée.
Au total, l’ESB aura infecté 300 000 vaches et fait 181 victimes humaines dans le monde en 15 ans.
 
Interdiction de commercialisation de cervelle de bœufs de plus de 6 mois, suppression des farines animales, traçabilité… Quels changements découlent de cette crise ? Un impact sur la consommation de viande et une profonde modification de la règlementation française et européenne.
http://ddsv55.agriculture.gouv.fr/Quels-sont-les-moyens-mis-en-place

Le renforcement de l’inspection ante mortem des animaux : tout bovin présenté à l’abattoir subit un examen ante mortem (c’est-à-dire avant abattage) rapproché, réalisé par un vétérinaire inspecteur, afin de s’assurer de l’absence de signes cliniques associés à la "maladie de la vache folle" (encéphalopathie spongiforme bovine ou ESB), à savoir : perte d’équilibre, tremblements, nervosité... Si l’examen clinique est favorable, l’animal peut alors être abattu. Dans le cas contraire, il est euthanasié sur place et son cadavre pris en charge par l’équarrisseur.

Le dépistage systématique de laboratoire : un prélèvement du tronc cérébral de l’encéphale (ou obex) est effectué par un opérateur de l’abattoir sous contrôle d’un agent des services vétérinaires, sur tout bovin âgé de plus de 30 mois. Le prélèvement est ensuite envoyé au laboratoire, afin d’y subir un test diagnostic. Ce test permet de mettre en évidence le prion, agent responsable de l’ESB, s’il est présent dans le cerveau.

Le retrait des matériels à risque spécifié (MRS) : les MRS constituent tous les tissus et organes qui peuvent présenter un danger pour la santé publique au regard de l’ESB. Selon l’article 31 de l’arrêté ministériel du 17 mars 1992 relatif aux abattoirs d’animaux de boucherie, la liste des MRS est fixée comme suit par le Ministère de l’agriculture, de l’alimentation, de la pêche et de la ruralité après avis de l’AFSSA (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments) :

Pour tous les bovins quel que soit l’âge :
Rate
Amygdales (coupe courte de la langue)
Intestins et graisse mésentérique
Thymus des bovins nés en France avant le 01/07/02 i(pour les bovins nés entre le 01/01/02 et le 30/06/02, pas de retrait si certificat vétérinaire)
Pour les bovins de 12 mois et plus :
Le crâne, y compris encéphale et yeux
Moelle épinière
Colonne vertébrale (avec ganglions rachidiens), excepté les vertèbres cervicales, thoraciques et lombaires, les ailes du sacrum et la crête sacrée médiane
 « Masque » de bovin assommé

Les opérateurs de l’abattoir et les agents des services vétérinaires assurent le retrait complet de la consommation de ces MRS, qui sont détruits à l’équarrissage.




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