avant-propos

le 1er septembre 2003

B. C.
Département d'Ethnologie

Objet : Examen par le Conseil de Faculté des demandes de création de poste

Cher(e) Collègue,

Je demande que soit soumise à l'attention des membres du Conseil de Faculté, à l'occasion de l'examen des besoins des départements, la situation des postes au département d'Ethnologie.
Je rappelle que le département d'Ethnologie a perdu deux postes au cours de l'année universitaire 2001-2002 :
- [N14] est parti avec son poste à Bordeaux 2 ;
- [N22] a fait transformer le poste de Maître de Conférences en 20° section qu'il occupait en poste de 15° section.
La réalité pédagogique du département d'Ethnologie est une perte sans compensation de deux postes.
Je demande donc :
1°) la création d'un poste de Maître de Conférences en Ethnologie pour compenser celui, définitivement perdu, qui a été emporté par [N14] ainsi que :
2°) le retour en 20°section du poste de Maître de Conférences emporté par [N22], maintenant qu'il occupe un poste de Professeur qui a été créé spécialement pour lui.

Une réunion des responsables de département s'est tenue le 16 juin avec le classement des postes pour objet. Cette réunion a été l'occasion pour moi de rappeler aux collègues présents la disparition de deux postes d'Ethnologie.

1°) Pourquoi le département d'Ethnologie a-t-il perdu deux postes ?
Le département d'Ethnologie est "sinistré" parce qu'on l'a "sinistré" (comme on a "suicidé" Staviski…). À ce sujet, [le Doyen N8] a une interprétation qu'il a développée publiquement à plusieurs reprises (il n'est plus question, dans cette interprétation des "mesures de compensation de Bordeaux 2 " dont fait état le PV du 29 mars 2001, quand le départ "avec son poste" de [N14] a été avalisé). Pour expliquer que le département d'Ethnologie a été dépossédé de deux de ses postes, il développe – ignoratio elenchi – l'analyse suivante. Si deux de ses membres ont quitté le département d'Ethnologie, c'est qu'il doit y avoir quelqu'un dans ce département qui fait problème… Je pense que si l'on posait au personnel administratif de la Faculté des Lettres (avec qui je suis en contact tous les jours) la question de savoir si je suis un personnage mal commode, impoli ou caractériel, cela causerait quelque étonnement. La chose est facile à vérifier…

Peut-être faut-il présenter la discussion autrement. La manière pour le moins peu académique que mes deux collègues ont choisie (avec le soutien actif du Doyen et du Président de l'université) pour quitter le département d'Ethnologie : l'un en emportant un poste appartenant au patrimoine de la Faculté des Lettres, l'autre en dépossédant d'un de ses postes la filière d'Ethnologie à qui il doit tout (son statut de Maître de Conférences, son HDR et sa notabilité obtenant deux postes au terme de ce témoignage de reconnaissance, ce qui constitue un exploit qui mérite, lui aussi, de figurer dans les annales de l'université de la Réunion) me paraît être une indication diagnostique autrement plus sérieuse.

Si l'on considère que l'université doit être un lieu où satisfaire à tout prix des ambitions qui ne reposent pas sur des compétences appropriées ([N14] s'est présenté 4 années successives, sans succès, à tous les postes ouverts au concours en 20° section en métropole et dans les DOM), ou faire prospérer des arrangements domestiques au détriment des évaluations scientifiques… alors oui, je suis décidément infréquentable.

J'ai expliqué ailleurs qu'en réalité, [N14] avait servi de prête-nom à la "résistible ascension" (pour paraphraser un titre de Bertold Brecht) du département de Sciences de l'Éducation et que, pour prix de ce service, on l'avait laissé partir avec son poste à Bordeaux (sa région d'origine) – où il avait été recalé l'année précédente. On dit (à tort) qu'on emmurait dans la pyramide qu'il avait édifiée l'architecte qui détenait aussi le secret de son accès. Il y aurait donc des pharaons beaucoup plus généreux…

Quant à laisser croire, comme le développe aussi à répétition [le Doyen N8], qu'il y aurait une relation de cause à effet entre le départ de [N14] et l'arrivée de [X] ("La faculté des Lettres n'a rien perdu puisque, si [N14]est parti [X] est arrivé"… : c'est, textuellement, ce qu'il a argumenté devant le Conseil d'Administration (doc) pour justifier le départ de [N14]), je laisse à [X] – qui, à ma connaissance, n'enseigne pas dans le département d'Ethnologie – le soin d'expliquer, s'il le souhaite, les conditions sa venue à la Réunion et… le loisir d'apprécier ce rôle qu'on lui fait jouer dans la disparition du poste qu'occupait [N14].

2°)Classement en première position d'un poste de professeur en [...]
Ce classement a été présenté au cours de la réunion du 16 juin comme la conséquence nécessaire d'une matrice que les participants à la réunion ont été invités à considérer, le terme a été employé, comme devant être leur "Bible".
Cette recherche d'éléments objectifs permettant de comparer les situations est louable. Mais comment ne pas s'étonner, par exemple, qu'un paramètre prenne en compte la date de la dernière création d'un poste dans les départements demandeurs (pourquoi pas ?), sans rien dire des départements (celui d'Allemand et celui d'Ethnologie) qui, eux, ont perdu des postes. Alors qu'il est d'usage, dans la plupart des universités, sauf changement de configuration, de mettre en tête de liste les postes n'ayant pas été pourvus lors de la précédente campagne, comment ne pas s'étonner aussi du fait que le département d'Ethnologie, qui était classé, l'an passé, en position favorable se retrouve aux oubliettes de l'histoire immédiate ? "Non, non, ce qui était juste l'an passé ne l'est plus cette année…" De la même façon, mettre en vedette le critère de professionnalisation, c'est encore mettre en première position… le département de [...]. Si donc ce tableau se veut l'Évangile du classement des postes, comme il a été dit, il y a tout lieu de croire que les Évangiles ont été écrits par… quelque membre du département d'[...]. (N'est-ce pas, après tout, à quelque chose près, ce qui signifie en grec le mot "évangile", euaggalion, communication de la bonne parole ?)

Maintenant, le département de [...] a-t-il besoin d'un poste de Professeur ? La plupart des collègues ignorent, car dans cette université les départements vivent en vase clos, que le département d'[...] occupe à la Faculté des Lettres, comme j'ai eu l'occasion de le dire au cours de cette réunion, avec quelque exagération poétique je le reconnais, une position d'"État dans l'État".

Je vais prendre un exemple (il y en aurait d'autres) qui touche directement l'activité de l'Ethnologie. Il existe à l'université de la Réunion plusieurs Services Communs, dont le Centre multimédia. Ce centre a, par définition, une vocation transversale. En réalité, ce Service commun et deux de ses techniciens sont largement monopolisés par le département de [...]. Je l'ai appris à mes dépens puisque j'y monte des films sur du matériel que le département d'Ethnologie ne possède pas. Autrement dit, bien que le Centre multimédia soit autonome, il fonctionne en réalité comme une sorte de self-service du département de [...]. (Je précise que, fréquentant régulièrement le Centre multimédia en tant qu'utilisateur, je n'ai jamais eu l'occasion d'y croiser aucun enseignant du département de [...].)

S'il y avait réel besoin, d'ailleurs, serait-ce d'un poste de Professeur des universités ? Il est juste de remarquer que la réussite du département de [...] réside dans ses relations avec les entreprises, ce qui s'exprime notamment dans la planification de stages pour les étudiants. Ce tutorat justifie-t-il un poste d'enseignant-chercheur ? Si c'est la professionnalisation qui est la voie (assumée et affichée) de ce département, c'est un technicien qu'il faudrait, le cas échéant, recruter (mais ce département est déjà doté, statutairement, de PAST), pour améliorer la formation en audiovisuel ou aux techniques de l'internet (ce que les enseignants titulaires ne sont notoirement pas en mesure de faire…) et non, d'évidence, un universitaire. Le département de [...] étant en situation de prélever la taxe d'apprentissage, comme il a été rappelé, on peut d'ailleurs penser qu'il possède les moyens propres de ce recrutement. C'est ainsi qu'on pratique dans les IUT ou les Chambres de commerce.

J'ajouterai – mais sans doute suis-je un peu vieux jeu – qu'il est assez déplacé d'entendre ce plaidoyer pour la création de ce poste dans la bouche de… son bénéficiaire escompté. Certes, cela est cohérent avec le projet de Master (LCF) adressé au Ministère qui a court-circuité tous les autres départements de la Faculté : la "prime au culot".

Il serait souhaitable, en résumé, que le Conseil de Faculté, au lieu d'avaliser le classement spécieux qu'on lui propose, décide en connaissance de cause.

Je vous prie de croire, Cher (e) Collègue, à l'expression de mes sentiments dévoués.

B. C.