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le 16 avril 2001
B. C.
Professeur des universités
Directeur du département dEthnologie
à
Monsieur le Président
de lUniversité
de Bordeaux 2
Monsieur le Président,
Je viens dapprendre, à la lecture du procès-verbal dun Conseil de la Faculté des Lettres de lUniversité de la Réunion (dont ci-joint photocopie) tenu ce 29 mars, que lUniversité de Bordeaux 2 allait bénéficier dun poste de Maître de conférences en Ethnologie qui lui sera apporté par mon collègue [N14]. Ce dernier vient en effet dobtenir la possibilité (je cite) : " de partir avec son poste à l'université de Bordeaux 2 où une opportunité lui est offerte de mettre ses compétences au service du développement des actions de formation et de recherche de l'Institut de Santé Publique ".
Le poste dont nous serons ainsi privés, sans contrepartie, est essentiel à notre enseignement et sa disparition (nous sommes un petit département) signifie la disparition de plusieurs des diplômes que nous délivrons.
Je comprends fort bien le souhait de mon collègue de se rapprocher de sa région. Mais faut-il sacrifier les intérêts du département dEthnologie de lUniversité de la Réunion pour cela ? La mutation sur poste vacant nest-elle pas une possibilité offerte à chacun de nous et nest-ce pas le moyen habituel de réaliser un tel dessein ? En vérité, et cest toute la question, [N14] se présente, et depuis au moins quatre années consécutives, à tous les postes mis au concours en Ethnologie sur le territoire métropolitain. En vain. Ce qui le justifie à chercher à partir avec le budget dun poste dont il nest évidemment pas le propriétaire.
Il sest ainsi présenté chez vous, à Bordeaux 2, en 1999. Sans succès. Me trouvant alors sur le terrain malgache, javais été contacté par M. [X], président de la Commission des spécialistes, me demandant un avis officiel sur cette candidature. Après lui avoir expliqué les difficultés que nous avions, à la Réunion, avec notre collègue et lui avoir proposé dautres référents, je me suis exécuté sur son insistance. Je vous prie de bien vouloir trouver ci-joint copie de cette évaluation. (Quel sera le sentiment des collègues de la section de Bordeaux de voir arriver par la fenêtre quelquun à qui ils ont fermé la porte ?)
Je me trouve être le directeur du département dEthnologie et le président de la Commission des spécialistes. Vous comprendrez que je fasse tout ce qui est possible pour sauvegarder les intérêts de ma discipline. La situation géographique de lîle de la Réunion donne à lethnologie des moyens uniques. LUniversité de la Réunion a dailleurs été la première université à délivrer la Licence dEthnologie. Et ce serait une perte, non seulement pour nous, mais pour la discipline que de devoir renoncer à nos formations et, par voie de conséquence, à la recherche. Je séjourne, par exemple, environ deux mois par an sur le terrain malgache alors que lenvironnement réunionnais constitue déjà, à lui seul, un " terrain ". Combien de nos collègues métropolitains ont cette opportunité ? Jai donc alerté le président du C.N.U. de ma section et plusieurs relations au Ministère sur ce cas de figure pour le moins inusité.
Il y a dabord lieu de douter de la légalité de cette délibération qui dépossède notre département dun poste de Maître de conférences, plusieurs des collègues annoncés comme présents ou représentés à cette séance du 29 mars ignorant tout de cette affaire [doc, doc et doc]. Mais comment expliquer aussi que les membres du département dEthnologie, que la Commission de spécialistes aient été tenus à lécart de cette décision ? Comment expliquer quune Faculté, alors que nous manifestons contre le manque de postes, laisse ainsi filer une partie de son patrimoine ? Quels " services rendus par lintéressé " (ce sont les termes du procès-verbal en cause) peuvent bien justifier pareil sacrifice ?
Cest pourquoi, Monsieur le Président, je me permets de vous demander si la formule " d'éventuelles mesures de compensation de Bordeaux 2 ", qui figure au procès-verbal du 29 mars 2001, a un sens ou si, comme je le crains, elle est de pure langue de bois.
Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à lexpression de mes sentiments de considération distinguée.
B. C.
Pièces jointes :
- Copie du procès-verbal du Conseil de la Faculté des Lettres du 29 mars 2001
- Copie du rapport sur la candidature de [N14] à Bordeaux 2, daté du 22 mai 1999.
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