le 23 novembre 1997
[X]
à
B. C.
Responsable du département d'Ethnologie
Université de la Réunion
Monsieur,
Mon attention a été attirée par le gros titre "Crise à la Fac" dans le journal le Quotidien de jeudi dernier, à un moment où je me demandais quelle serait pour moi la façon la plus pertinente de rendre publiques quelques réflexions sur un mode de fonctionnement dont je viens de faire les frais ainsi que mes étudiants du DESS [...] où j'avais l'année dernière la responsabilité de deux modules en [...].
Le plus simple est de commencer cette histoire au début, quand le DESS en question, mis en place par [X], avait besoin d'un professeur responsable. C'est d'abord à [X], professeur à Bordeaux [!], que cette responsabilité a été confiée, mais comme il était occupé, il a dû passer le relais à partir de janvier 1997 à [X] qui a fait office de prête-nom dans un programme où il n'avait ni les compétences ni envie réelle de s'impliquer.
En mai 1997, il m'a été demandé par [X] d'abord, puis par [X], d'encadrer et de superviser les mémoires de deux ou trois étudiants qui m'avaient sollicité en me précisant bien qu'il n'y avait pas de budget prévu pour ces heures qui constituent pourtant le gros du travail d'un programme de 3ième Cycle. Par ailleurs, puisque ce travail non rémunéré n'existait pas officiellement, il n'était pas question qu'il me soit reconnu. Heureusement, un règlement de l'université [?] prévoyait que ce soit [X] qui le signe et s'en attribue la paternité.
Il se trouve qu'avant ma venue à la Réunion j'étais professeur en Sciences de l'Éducation à l'université de [...] où je suis encore professeur associé et que je suis aussi titulaire d'une habilitation à diriger les recherches en Informatique en France. C'est pourquoi j'ai été très flatté de l'intérêt que m'a témoigné [X] en me choississant comme son assistant, mais j'ai dû l'informer que je déclinais son offre et que je restais à sa disposition s'il manifestait clairement le besoin d'un professeur spécialiste du domaine d'enseignement concerné, ce qui le libérerait d'une charge de travail qui nous a semblé, aux étudiants et à moi-même, un peu lourde pour lui.
J'ai quitté la Réunion pour deux mois en juillet 97, après avoir fixé avec [X] mon intervention dans la mouture 97-98 du programme. Il semblait satisfait de ces modules ainsi d'ailleurs que tous les étudiants avec qui j'ai gardé d'excellents contacts. A mon retour, début septembre, [X] m'a appris qu'il ne se souvenait pas de notre conversation "maintenant qu'il avait toutes ces responsabilités" et que j'étais retiré de l'équipe pédagogique. La semaine dernière, plusieurs étudiants m'ont appelé pour me demander quelle conduite tenir car ils n'avaient pas de directeur de mémoire et que les responsables les avaient informés que s'ils ne soutenaient pas en décembre 97, il y aurait mention d'échec.
Il me semble scandaleux que dans ce DESS qui rapporte à l'université de la Réunion une somme globale de 700 KF en inscriptions étudiantes (20 fois 35 KF), les enseignants responsables n'aient pas jugé utile de prévoir un budget pour l'encadrement des mémoires, confiés le plus souvent à des chargés de cours dont la plupart ont refusé pour les mêmes raisons que moi.
L'exploitation systématique des intervenants non titulaires, taillables et corvéables à merci, par des gens dont les conditions de travail sont parmi les meilleures de l'île à un moment où une grande partie de la population vit encore au-dessous du seuil de la pauvreté, me semble tout aussi scandaleuse. Je tiens pour ma part Messieurs [X] et [X] pour des gens malhonnêtes et des arrivistes patentés et je reste à votre disposition pour des suites possibles à une action de mise à jour qui malgré tout me semble un peu illusoire dans les conditions actuelles du pouvoir à l'université de la Réunion.
Sincèrement,
[X]