le 7 juillet 1993
UNIVERSITE DE LA REUNION
FACULTE DES LETTRES
ET DES SCIENCES HUMAINES
26 Avenue de la Victoire
97489 Saint-Denis Cedex
Tél.: 21-74-45
Télécopie: 41-34-63
B. C.
département d'Ethnologie
à
Monsieur [N1]
Président de l'Université de La Réunion
Monsieur le Président,
Dans 1'esprit de la réunion des Commissions de spécialistes que vous avez convoquée ce 24 juin, je viens de retrouver une page de publicité parue dans le Monde du 16 avril 1993 (ci-jointe).
Dans les disciplines où se pose un problème de recrutement, faute de candidats, faute d'un nombre suffisant de candidats ou faute de candidats compétents, le niveau scientifique ne peut, en effet, être préservé que par des incitations extra-scientifiques : l'éloignement et 1'insularité sont à ce prix quand on n'étudie pas le créole, le lagon ou le volcan...
C'est aux collectivités locales de décider, à l'instar d'Amiens, si elles veulent garantir un niveau national aux étudiants réunionnais.
Quand la concurrence ne joue pas, en effet, les plans de carrière locaux s'épanouissent. (Lorsque le candidat local est le meilleur quand la connaissance du terrain constitue évidemment un atout majeur c'est en situation de concurrence que son excellence doit se manifester). C'est ce que je me suis permis d'appeler, dans une discussion en Conseil de Faculté, le "syndrome de l'armée coloniale des Indes", par référence à un jugement de Churchill. Faut-il avaliser un plan de carrière local sur un poste où il n'y a qu'un candidat, dans une discipline où il n 'y a aucune spécificité locale, quand la création de ce poste résulte de l'entreprise de ce seul candidat et quand celui-ci a composé la Commission de spécialistes dont il est membre ? *
Il ne vous a certainement pas échappé que la nouvelle répartition des rôles entre le C.N.U. et les Commissions locales a supprimé le contrôle a posteriori que le C.N.U. exerçait sur la régularité des procédures et les classements scientifiques. Le Conseil d'administration restreint constitue désormais la seule instance d'appel. C'est pourquoi j'ai particulièrement apprécié, aussi parce qu'elle m'a permis de juger le sérieux des Commissions dont j'ai pu entendre le rapport, la réunion que vous avez convoquée. La question de la crise du recrutement, dans un petit nombre des disciplines il est vrai, restant toutefois posée.
Je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Président, l'expression de mes sentiments dévoués.
B. C.
* Cet exemple est évidemment le pur produit de mon imagination...