Le 23 avril 1993
UNIVERSITE DE LA REUNION
FACULTE DES LETTRES
ET DES SCIENCES HUMAINES
26 Avenue de la Victoire 97489 Saint-Denis Cedex
Tél.: 21-74-45 à
Télécopie :41-34-63
B. C.
responsable du département d'Ethnologie
à [N3]
Doyen de la Faculté des Lettres
Objet : Lettre à M. [X], réf. 2839 EM/CI - 93.
Cher [Collègue],
La question soulevée par la soutenance de la thèse de Madame [X], objet de la lettre de [X], est celle de la crédibilité scientifique des thèses soutenues à l'université de La Réunion.
La thèse de Madame [X] a été initiée par Paul Ottino, [X] ayant pris le relais. Par lettre, (ci-jointe), j'ai fait remarquer à [X] qu'on ne pouvait raisonnablement organiser la soutenance (qu'il avait déjà programmée pour le 11 mai, comme je l'ai appris de Madame [X]), avec lui-même pour seul connaisseur du monde océanien dans le jury.
Dans un récent Conseil d'administration, le Président [N1] a souligné la nécessité pour l'université de La Réunion de dégager des crédits pour permettre le déplacement des personnalités extérieures qui sont nécessaires à la composition de tels jurys. C'est évidemment la voie à suivre pour garantir l'indépendance.*
Tant pour les candidats que pour nous-mêmes et notre université, en effet, il importe que nous soyons attentifs à la question des jurys. Il ne t'a probablement pas échappé que la session de qualification pour les listes d'aptitude aux postes de Maître de Conférences et de Professeur avait fait apparaître, l'an passé, la volonté des jurys nationaux de désavouer certaines thèses et leur jury. Un article qui a fait la une du Monde s'est fait l'écho de ce dysfonctionnement. Mais une thèse est une thèse, et quand le diplôme est dans la poche, il suffit d'un plan de carrière et plus personne n'y peut mais. Soit l'exemple, qui nous est proche, d'un collègue qui va bientôt être élevé au grade de professeur : deux, au moins, des membres de son jury d'habilitation regrettent aujourd'hui d'avoir cédé à d'amicales pressions. Mais il est trop tard puisqu'ils n'ont plus voix au chapitre. Je suis bien le dernier à me réjouir d'une bonne fortune, à ceci près que la promotion de l'intéressé engage le destin du département dont il se trouve responsable pour une bonne vingtaine d'années...
Avec mes sentiments dévoués.
B. C.
* Et éviter notamment que le jury soit, pour partie, l'obligé du candidat quand celui-ci paie, sur le budget de son département, un déplacement. Il ne faut donner prise à aucune suspicion de ce type, c'est de simple bon sens .