Albany ou Le retour au pays natal
a écrit :
Outremer : retour au pays natal (1966)
Fare fare ou le retour aux isles (1978)
Un poète de l'exil...
Il nétait pas question décrire en créole dans un entretien au Quotidien du ...1978
Albnay vit un exil parisien. Il nous reçoit sous les toits
Un auteur qui se définit
sans amour et sans politique, plus voué que jamais à lart et à la poésie (cit. M.) V. p. 15.
Vavangue, 1972
Le grondement de la mer (...) ce chant qui fut lessence de ma nostalgie, je lentends, et, les yeux fermés, dans mon sommeil denfant, cet enfant retrouvé, cet enfant prodigue, je laurai, à moi seul, pour me bercer. (5)
enfant retrouvé = enfance retrouvée
enfant prodigue = enfant qui fait retour à la maison paternelle : à la langue maternelle.
Cette odeur de corail et de paradis (...) joie de vivre et de vacances : la vavangue. (5)
Oui jai retrouvé mon île merveilleuse, je suis redevenu lenfant dont le sommeil sera ce galet, tourné et retourné par la vague tiède et de tendresse. (5)
...je vis (...) ce qui est incompréhensible pour mon esprit mais ne lest pas pour mon corps. (6)
...ce voisinage des maisons de Paris, si déplaisant, et jamais accepté
le pénitencier de la Cour du Dragon. (6)
Ce printemps à Paris, préparant les fiches de mon glossaire (...) je me suis débattu parmi mes souvenirs denfance, cherchant par exemple à définir le cadoque (...) Je découvre, de plus en plus, la difficulté, mais quelle joie dans la réussite de décrire un fruit ou une fleur.
En fait, ils sont si rares ces fruits de notre enfance (...) que seul leur souvenir peut me permettre de les décrire par petites touches mais avec quelle tendresse !
Fait attention ! chaudrons ! (11) Je souris (...) à ce mot de mon enfance, venu tout à coup me piquer au talon dAchille : chaudron ! Que de fois, en des calanques dEspagne ou de Grèce (...) jen ai vu des champs doursins - mes yeux voyaient oursins, mon cur disait chaudrons.
loeil du cur, le sentiment et la perception.
un croisé chinois (12) avec une patience toute chinoise...
= métis.
un zoreil (13)
Après le temps de la morue salée, arrive celui du poison congelé. (13)
Cétait lépoque de Katoumba (...) celle des parties de cartes, des nuits durant. Finies les parties de belote, les chasses au lièvre, les dégustations de rhum marron...(15)
Lodeur, non le parfum, dune confiture de goyaviers, comme il y a vingt ou trente ans, du temps de la vieille Nana (...) Machinalement, pour humer le parfum des goyaviers, je renouvelle la mimique de Nana et ma narine frémit, se ride, et je suis toujours en 1948, me moquant delle gentiment. (16)
(...) ralentir le trafic (sur la route de la Possession pour acheter des goyaviers), ce qui est ,en somme, une concession du présent au passé. Commé là ! (16)
Je ne peux pas me lasser de regarder le paysage. Ce peu dîle. Comment puis-je vivre à Paris sans cela ? Mais comment résister à lappel du destin ? (18)
Je vis en créolie (18)
Où sont les cases de mes amis de collège ?
De génération en génération, ce sont toujours les mêmes noms, si parfois les prénoms diffèrent. Ils sont régulièrement médecins, pharmaciens, professeurs ou dentistes ? Jobserve quil y a en chacun deux le virus politique, qui les amènera à être conseillers municipaux, conseillers généraux, députés, sénateurs.
Jai le plaisir de remercier mes amis en créole et de les entendre, eux aussi, le plus naturellement, abandonner un instant létiquette qui va de pair avec le français pour larguer, en bon créole, leurs réparties comme au temps du lycée. (19)
Pourquoi jécrivais en créole cafre ?
En fait, je sue sang et eau sur chaque mot, pour rester le plus près à la fois de mes souvenirs, de ceux des autres, de la logique et des caprices de la phonétique. (20)
Adieu le rhum de Vue-Belle que je goûtais avec plus de ferveur que tout autre parce quil me semblait être vraiment le sang de ma terre, le sel de mon enfance. (22)
...un franciscea (...) cette plante (...) catalyse ma notion du temps, non seulement par la fragrance de son parfum, mais encore par la coloration des ses fleurs selon les heures du jour. Cest du haut de ce perron que je mélance quand je refais mon rêve dIcare.
Javais oublié la cache de Tonton Alfred.
... En somme, javais tout oublié, puisque en retrouvant chaque objet (...) jai limpression de tout découvrir. (23)
Deuxième passage en créole p. 25
Alors dis à moin : quoça quun bougrqula retrouvson pays, son famill, son dalon y peut demandde plus sula terre ? (26)
Je suis comme un convalescent qui retrouve ses souvenirs. Le spectacle de la vie, la beauté de la nature, sa générosité sous les tropiques, tout cela je veux le ranger, je veux le classer. Et comment y parviendrais-je sans le secours de mes parents ? Ils sont, eux, mes lignes de force, ma lumière. Leur destin, comme dit le Prophète, est déjà écrit. (26)
(cp la réflexion de : René-Guy Cadous, es parents ...Il est orphelin...
son désir de sallonger entre eux
Entre vous deux, vous naurez plus de place pour vous retourner et pour joindre vos mains)
Le père :
Quant à moi, de par ma profession, comment imaginer un instituteur sans ce sentiment dégalité ? Puissants, riches, pauvres, blancs, noirs, bleus ou tricolores, tous les enfants sont égaux dans le savoir. Quant aux maîtres, nuance, il y a une inégalité entre ceux qui viennent de France et nous les créoles, elle continue... Et jaurais fort à dire sur la comparaison entre les soldes des fonctionnaires zoreille et des petits créoles de Bourbon et surtout sur la condition des retraités... (29)
Je lavais acheté doccasion, en 1928, lannée de ton paludisme. (33)
Cétait le jour où avec mes copains, nous avions nos activités, cest-à-dire daller à la colle zoiseaux, ... aux vavangues, quoi... (34)
La grande évasion, cétait le tour de lîle. (35)
Un souvenir de parfum mest resté de la route entre Saint-Paul et le Possession. (36)
Une certaine année , il y eut une coulée de volcan. Mon désir daller la voir, comme tout le monde ne put se réaliser (...) Il y a ainsi parfois, dans lenfance, un rêve qui ne se réalise pas. Qui ne se réalisera jamais... (36)
Je veux retrouver du zamal. (36)
le Bernica.
Moin la jamais vu le pied. Moi la besoin connaîtr. (40)
Il mest impossible de mesurer le tempas passé. Cest fini le 15 août. Et le mois daoût 1965. (41)
Mon éden...
Ma terre natale. (42)
Je suis ici pour goûter la volupté dêtre dans mon île, de lavoir retrouvée, davoir retrouvé mes parente, mes racines. (43)
Célimène (45)
Les mots de lépoque des vieux habitants, je vais ten donner un, que jai retrouvé : cest eine bastringue. (49)
Le temps des Hibon et des Ricquebourg. Tu connais le vieil adage : heureux comme un esclave des Hibon. (51)
La peur d'être tachées de codinde, de coq dInde, quoi... (52)
Mélinda était tatouée au front (son histoire, enlevée à 16 ans, au Mozambique).(53)
Ce qui me ravissait, cétait lodeur des graines dentaque et des pois mascate quon entreposait dans un angle du farefare. (55)
Nana, cétait le folklore créole noir. (56)
La mort, la veillée...
Le jardin colonial (61)
Partout où je suis passé jai planté, jai tenté de planter quelques graines venues de mon île natale, dans lespoir quelles témoigneront mystérieusement de mon passage. Cascavelles, cadoques, jujubes, mimosas... (67)
Les introductions pestes.
La généalogie
On glisse à la généalogie avec les réflexions du type :
La mode de se promener comme un norvégien est maintenant revenue. Malheureusement le soleil vous fait retrouver la vraie couleur de votre famille. (52)
Si lon pouvait, à la faveur dune conversation, justifier tel écart dune arrière grandmère ou dune grandtante, on le ferait.
Ce que lon sait ne remonte pas souvent plus haut que deux ou trois générations ; ce que lon veut savoir remonte plus loin. De plus, ce qui est bien créole, on est toujours intrigué par la différence de couleur des uns et des autres, par la morphologie, même si on ignore la loi de Mendel, en bons paysans. (71)
Il y a quarante ans, épouser un zoreil nétait pas une aventure flatteuse. Et encore moins épouser un malgache, un malabare, un zarabe ou un chinois. A moins que la future belle-mère ne puisse dire : Ah ! heureusement quvous la épousun gros jabot.(72)
Claude Rabany, né à Brioude (Hte-Loire), possédant deux ou trois esclave (...) est arrivé en juillet 1817. (75)
Les segas
Donnà lu café, marmaille
Donnà lu café, na tiré son tambave
Mon pauvre enfant ! si tu fais le chercheur de trésor maintenant, tu en as encore pour longtemps. (83)
Je ne suis pas allé jusquau Cratère Brûlant, la Fournaise, mais je suis quand même satisfait de mon expédition. ; je comprends mieux la géographie, la structure de mon île ; pourquoi il y a trois cirques et comment ce volcan a pu sortir de la mer (...) (87)
La marche sur le feu. (89)
Le Festival de 70
Quand, enfin, notre groupe, nos ballets réunionnais ont apparu sur la scène, jai éprouvé la même fierté que tous et une grande émotion, car, tout cela, nous le connaissons, cest notre vie depuis lenfance, mais soudain, cela recevait les titres de noblesse que donne le spectacle sur la scène. (90)
Les oiseaux font leur cabart de plus en plus bruyamment. (91)
Jirai, café bu, batt un peu le brisant (...) Comme les premiers navigateurs arrivés sur cette terre, jai retrouvé la force et ce don de Dieu, la santé. Hier soir, en me baignant, je me faufilai dans le calme clair du lagon et je retrouvai vingt ans en arrière, trente ans en arrière. Cette époque où nous étions les enfants Albany seuls sur cette plage. (...) Comment pourrais-je quitter ce paradis ? (92)
Manapany
Sur ma droite, un massif vert et noir, grottes de chauves-souris (Manapany, vous na un nom malgache et je le sais) derrière lequel, plus loin , signe dune lutte entre deux monstres, le feu et leau je crois voir, ayant perdu le contact avec la terre, la lave, le solide, comme à la dérive, une petite île perdue (...)
La plage de mes rêves.
Mon galet gris et blanc, rosé quand lembrun te laissa humide et brillant sur la grève native, pierre où je découvre mon visage densifié, je te tiens dans mes mains.
Tu as le poids delîle où je suis né, tu as la pureté et la beauté de lOcéan Indien, tu es mon frère et ma vie en vavangue... (94)
Aucune construction romanesque, pas dartifice.
Au fond, une recherche ethnolinguistique classique, à ceci près quil est son propre sujet et à la recherche de sa propre histoire.
Le caractère familial même donne un tour de naïveté à la recherche : ce que mes pères savent, ont vécu, cest de lhistoire.
Lethnographie par sa servante noire. Le folklore. La veillée... (58)
Tout sauf systématique et savant (le jardin de lEtat et lintroduction des espèces...)